Ce que l'on peut conclure, c'est qu'un nombre important de médecins, d'infirmiers et de personnel de soutien ont été mobilisés durant la nuit du séisme et les jours suivants pour gérer la crise. Ils ont fait de leur mieux pour apporter l'aide nécessaire et prendre en charge les patients dès les premières heures suivant la catastrophe, selon l'ordre de gravité. Les opérations ont par la suite été coordonnées de manière exceptionnelle entre les différentes structures de soins, notamment le CHU d'Agadir et le CHU de Marrakech, par les Forces armées royales.

A Agadir, 48 lits de réanimation et 78 d'hospitalisation équipés dès samedi

"Nous nous sommes organisés par la mise en place de plusieurs sites d'accueil, dont le site central qu'est le CHU d’Agadir", raconte Pr Hicham Nasik, Chef du département anesthésie - réanimation au CHU d'Agadir, ayant stabilisé la situation à Agadir, avant de se rendre à Taroudant.

"Dès le samedi 9 septembre, le lendemain du séisme, 48 lits de réanimation et de soins intensifs ont été équipés, en plus de 78 lits d’hospitalisation, avec un circuit strictement dédié aux victimes du séisme".

Téléradiologie entre Taroudant et Agadir

"Cette structure centrale s’est appuyée sur son personnel, notamment l’équipe de réanimation, le SAMU, le service de radiologie, et toutes les autres disciplines de l’hôpital, à savoir le service laboratoire, la traumatologie, la neurochirurgie et la chirurgie pédiatrique", souligne-t-il, insistant sur le rôle majeur qu’a joué le service de radiologie dans l’interprétation par télé radiologie des scanners réalisés à Taroudant. "L’équipe s’est relayée 24 heures sur 24 avec les radiologues locaux de Taroudant, pour interpréter les scanners".

"A Agadir, le réseau des cliniques privées a également proposé des lits de réanimation et de prise en charge chirurgicale des patients dans leur structure". Plusieurs patients y ont ainsi été transférés dès samedi, pour la réanimation, l'hospitalisation ou au niveau des blocs opératoires.

A Taroudant, une organisation qui a permis d’amortir le flux vers le CHU d’Agadir

"Par la suite, une cellule s’est déplacée durant quatre jours à Taroudant, parce qu’on savait que ce point allait être un point central de triage. C’est un poste avancé par rapport à Agadir. Nous y avons ainsi organisé plusieurs transferts vers le CHU d'Agadir, que nous avons coordonné depuis les postes avancés et le CHP de Taroudant".

"On s’est entouré d’une équipe multidisciplinaire, notamment de traumatologues, de neurochirurgiens et de chirurgiens pédiatriques, ainsi que toute l’équipe d’anesthésie-réanimation locale. Nous avons aussi mis en place tout un circuit dédié à l’accueil des malades, avec six postes d’accueil aux urgences, des postes de réanimation et de déchocage, ainsi qu’un bloc".

"Au nord de la province de Taroudant, un poste d’hôpital militaire avancé a été installé durant le week-end suivant le séisme, doté d’une équipe d’accueil des urgences, et d’autres équipes de réanimation, de traumatologie, de chirurgie viscérale, ainsi qu’un service de laboratoire, un bloc opératoire et une radiologie mobile. Tout ce dispositif nous a aidé à amortir le flux vers le CHU d’Agadir".

167 médecins et 544 infirmiers mobilisés dans la région Souss-Massa

D'après Pr Nasik, "au niveau de toute la région Souss-Massa, ce sont 167 médecins et 544 infirmiers qui ont été mobilisés, ainsi que les administratifs, et le personnel de soutien".

"Les trois postes médicaux avancés mis en place à la bordure nord de Taroudant ont permis de faire un triage, mais aussi de traiter les urgences banales, notamment les plaies, et les urgences qui n’ont pas besoin d’être hospitalisées ni transférées".

"Au 16 septembre à 17h, 5.732 patients avaient déjà été admis dans les structures de soins, dont 56 cas de réanimation et de soins intensifs, et 1.191 blessés, en plus d’une activité chirurgicale dispersée sur deux blocs de Taroudant, avec 24 opérations réalisées durant la première journée, un chiffre qui a diminué au fil des jours".

Déplacement de 112 ambulances sur les zones touchées

Et Pr  Hicham Nassik d'ajouter : "l’équipe du SAMU a joué un rôle crucial au niveau de la région, avec toutes les ambulances mobilisées. Au total, 112 ambulances se sont déplacées au niveau des zones touchées, ayant réalisé près de 200 transferts de Taroudant vers Agadir, et 68 transferts de l’hôpital militaire vers Taroudant. Certains patients sont restés au niveau de la province, tandis que d’autres ont été réorientés vers les structures les plus adaptées".

"Nous avons également insisté sur une prise en charge psychologique et psychiatrique. Deux cellules ont ainsi été mises en place pour l’accueil et le soutien psychologique des patients, l’une à Agadir et l’autre à Taroudant. Des visites ont été organisées chez tous les malades hospitalisés, et leurs familles en cas de besoin, en plus d'un programme de rééducation mis en place pour venir en aide aux blessés".

Les Forces armées royales sont ensuite intervenues pour réguler les interventions entre les deux hôpitaux d’Agadir et de Marrakech.

Le CHP d'Al Haouz, structure la plus proche des douars impactés

Outre ces deux grandes structures de santé, le CHP Mohammed VI d’Al Haouz, au niveau de Tahannaout, était le plus proche des populations des douars.

"Le centre a reçu un nombre impressionnant de blessés à différents degrés de gravité durant les premières heures suivant le séisme", raconte Dr Mouhoub, médecin au niveau du CHP.

"Dès les premières heures, nous avons essayé de trier les malades, pour un transfert à l’un des CHU, selon un ordre de gravité, avec mise en condition".

"Le service qui a été le plus sollicité est celui de la radiologie, où 2 radiologues étaient mobilisés ainsi que trois techniciens de radiologie, qui ont été assistés à partir de mardi 12 septembre par des résidents en radiologie. Un système de garde 24H/24 a été instauré".

"Plus de 700 radiographies standards ont ainsi été effectuées au niveau de cet hôpital provincial, et 198 scanners, dont 121 scanners crâniofaciales, 21 scanners de squelettes de des membres, et une cinquantaine d’échographies".

"Le traitement effectué par l’équipe de traumatologie a été crucial, puisqu’elle a prodigué les premiers soins à une cinquantaine de blessés avant l’arrivée de l’équipe médicale de la Fondation Mohammed VI de l’hôpital Cheikh Zayed de Casablanca".

"Cette dernière a réalisé, aux côtés du personnel du CHP d’Al Haouz, des opérations chirurgicales urgentes pour assurer les soins de base aux victimes. Elle a également apporté le matériel nécessaire sur place, notamment celui d’ostéosynthèse pour pouvoir effectuer des opérations in situ au CHP. Au total, 46 opérations ont été effectuées au niveau de notre structure, 5 opérations de neurochirurgie, 13 opérations viscérales, et 4 césariennes en urgence", conclut-il.