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AGRICULTURE Les nouvelles filières agricoles éco-responsables pour économiser l'eau au Maroc

Le 8 avril 2023 à 9h00

Modifié 25 avril 2023 à 12h33

Grâce au caroubier, au figuier, à l’amandier, au grenadier et aux cultures annuelles comme le sorgho, le quinoa et les légumineuses, le Maroc ambitionne d'augmenter la valeur de ses productions agricoles en consommant moins d’eau. Quels sont les caractéristiques de ces filières et leurs besoins en irrigation ? Réponses.

Dans le cadre de la stratégie "Génération Green 2020-2030", le ministère de l’Agriculture a opté pour des cultures adaptées à la nouvelle donne climatique et résistantes à la sécheresse, tout en limitant l'extension des superficies des filières agricoles consommatrices d’eau, dont les agrumes (entre 1.200 et 1.500 mm/an), les pastèques (entre 500 et 600 mm/an) et les avocatiers (1.200 et 1.600 mm/an). 

A ce titre, le ministère de tutelle planche sur l’augmentation des superficies de certains arbres fruitiers et d’autres cultures annuelles peu gourmandes en eau. Le département de l’Agriculture place ainsi de grands espoirs dans le caroubier, l'olivier, l'amandier, le grenadier et les figues de Barbarie. Au même titre que le quinoa, le sorgho et les légumineuses. 

Le caroubier consomme entre 250 et 500 mm/an

Pour augmenter la superficie du caroubier dans le domaine privé en vue d'atteindre 100.000 hectares d'ici 2030, l’Agence nationale des eaux et forêts (ANEF), en collaboration avec le ministère de l’Agriculture, prévoit la production et la distribution gratuite, à l’horizon 2030, de 250.000 plants supplémentaires de caroubiers. 

Cet arbre fruitier consomme annuellement entre 250 et 500 mm d’eau. Actuellement, le Maroc compte plus de 68.000 hectares de caroubier qui relèvent du domaine forestier. Cet arbre à la longévité bicentenaire, à la cime très étalée et qui peut atteindre 8 à 17 m de hauteur, est également présent dans le domaine agricole à hauteur d'environ 11.000 ha.

Outre les zones arides, le caroubier peut aussi se développer entre 600 et 1.000 mètres d’altitude. Son aire de répartition naturelle se situe dans les régions de Souss-Massa, Marrakech-Safi et Fès-Meknès. Mais il prospère en particulier dans la région de Béni Mellal-Khénifra (80%). Dans ces zones, le caroubier peut survivre à des températures oscillant entre -4 °C et 40 °C. 

L’amandier peut produire avec 400 mm d'eau par an

La superficie globale d’amandiers au Maroc avoisine les 190.000 ha, assurant une production qui dépasse les 120.000 tonnes (chiffres de la campagne 2019-2020). Ce qui place le Maroc au 4e rang mondial des producteurs, après les Etats-Unis, l’Espagne et l’Iran, d'après la FAO. 

En termes de profil variétal, plusieurs variétés d'amandiers existent, dont celles locales appelées "Beldi'. Généralement, ces variétés fleurissent début février et nécessitent un minimum de 400 mm d’eau annuellement, pour assurer une production dans les vergers traditionnels localisés dans les zones de montagne. 

Mais dans les plantations modernes, près de 800 mm sont requis annuellement. Ces plantations se situent dans les provinces de Fès, Meknès, Béni Mellal, Azilal, Marrakech, Safi et Essaouira. La zone de Fès-Meknès totalise à elle seule le tiers de la production nationale.

Le grenadier tolère des température comprises entre -12 et 42 °C

La grenade est l'un des plus anciens fruits connus. Sa pleine saison s’étend de novembre à février. Sur les 14.100 ha du domaine agricole marocain, on distingue trois variétés principales dont le grenadier à fruits rouges, le grenadier à fruits jaunes et le Sefri. 

Le grenadier se cultive dans les régions du Maroc où la chaleur estivale est suffisante pour obtenir des fruits de qualité, notamment dans le Tadla, le Haouz, à Settat, Taounate, Nador, Chefchaouen, Azizal et Béni Mellal. 

Cet arbre est adapté au climat sub-aride et continental. Il peut tolérer des températures de -12 °C l’hiver et 42 °C l’été. Pour obtenir un bon rendement, le grenadier nécessite un apport annuel en eau, compris entre 600 et 800 mm. Un plan produit en moyenne 100 fruits par récolte, et sa rentabilité économique dépasse une décennie. 

Le figuier nécessite 600 à 700 mm d’eau par an

Le figuier est ancré dans le paysage rural marocain. On le trouve principalement dans le Rif, les plateaux et plaines atlantiques et du centre, dans le Tensift, dans la région de Moulay Driss près de Meknès, et à Béni Smir non loin de Oued Zem. Il occupe 154.000 hectares du domaine agricole national. 

S'il est résistant au froid et peut supporter des gelées de l'ordre de -5 °C, le figuier s’adapte également à des températures atteignant jusqu’à 37 °C durant la phase de croissance du fruit. Très résistant à la sécheresse, il a besoin d’un apport en eau compris entre 600 et 700 mm annuellement. 

Plusieurs variétés sont cultivées dans le pays, parmi lesquelles six à grande échelle. A savoir El Messari, Lembdar Labiad, Lembdar Lakhal, Rhouddane, El Koté et Aounq Hnam. Hormis la variété El Koté, toutes les autres variétés sont bifères et présentent donc une fructification estivale (mi-juin à juillet) et automnale (mi-août à septembre).  

L'olivier est rentable à partir de 400 mm de pluie par an 

L’olivier est l’espèce fruitière la plus cultivée dans le Royaume (1,1 million d’hectares). Les plantations d’olivier sont principalement localisées dans les régions de Béni Mellal-Khénifra, Marrakech-Safi et Fès-Meknès. 

Cet arbre ancestral fait preuve d’une grande résistance au froid, surtout en repos végétatif hivernal (-8 à -10 °C). En revanche, en période de floraison, les températures en dessous de 0 °C ont des effets négatifs sur la croissance. Celle-ci s'arrête au-delà de 38 °C. 

Avec 600 mm de pluie bien répartis, l’olivier végète et produit normalement. Entre 400 et 600 mm, la production est possible à condition que le sol ait des capacités de rétention d’eau suffisantes. A moins de 200 mm par an, l'oléiculture est économiquement non rentable. 

La filière contribue à l’emploi en milieu rural à hauteur d’environ 50 millions de journées de travail par an. La production nationale d’olives pour la campagne 2021-2022 est estimée à 1,96 million de tonnes, en hausse de 21% par rapport à la campagne précédente.

L'oléiculture permet l’équilibre de la balance commerciale en assurant une entrée en devises équivalente à 2 MM DH/an avec des exportations en moyenne de 91.300 t/an d’olives de table, 15.000 t/an d’huile d’olive et 13.700 t/an d’huile de grignons d’olive. En termes d'exportation d’olive de table et d’huile d’olive, le Maroc occupe respectivement la 3e et la 9e place au monde. 

Le sorgho, céréale d'avenir 

Considérée comme une céréale d’avenir, le sorgho est une plante herbacée cultivée pour ses graines et son fourrage. S’il ressemble un peu au maïs, son système racinaire le rend encore plus résistant à la sécheresse. Ses besoins en eau se situent entre 400 et 500 mm/an.

Il est principalement cultivé en Afrique pour nourrir le bétail (sorgho fourrager) et pour l'alimentation humaine (sorgho grain). Selon l’Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), la superficie cultivée dans le Royaume ne dépasse pas les 5.000 ha, pour une production d’environ 5.000 tonnes. 

Originaire d’Ethiopie et classé au 5e rang des céréales, après le maïs, le riz, le blé et l'orge, le sorgho est cultivé à petite échelle dans les provinces de Béni Mellal, Berrechid et Marrakech. 

L’orge, culture fourragère capitale 

Cultivée au Maroc depuis des siècles, l’orge joue un rôle capital en particulier pour l’alimentation animale. Bien qu'adaptée à toutes les régions agricoles du pays, cette céréale craint les pluies et les orages trop violents pendant la période de maturation, car ils peuvent causer la chute des grains ou affecter leur qualité.

Elles est cultivée dans les zones agricoles suivantes : Loukkos, Zaër, Saïs, Taza, Abda, Chaouia, Doukkala, Moulouya, Plateau des phosphates, Tadla, Chiadma, Haouz et Souss Massa. Mais aussi dans les périmètres irrigués. 

Les besoins en eau d’irrigation de l’orge dépendent de la variété, des conditions climatiques (température et pluviométrie) et du rendement objectif. Toutefois, afin d’atteindre un rendement optimum, l’orge a besoin d’une quantité d’eau comprise entre 390 et 430 mm par an. Plus de 1,4 million d’hectares d’orge sont cultivés au Maroc pour une production de 2,7 millions de tonnes. 

Le quinoa, un aliment naturel à haute valeur nutritive  

Le quinoa est une pseudo-céréale. Originaire des Andes, c'est un aliment naturel à haute valeur nutritive. Ses graines sont grillées, puis transformées en farine pour obtenir différents types de pains. Le quinoa est apprécié pour sa diversité génétique, sa faculté d'adaptation à des conditions agro-écologiques variées, et sa valeur socio-économique.

D’un diamètre de 1 à 8 centimètres et d’une hauteur de 0,5 à 3 m, le quinoa a une couleur très variable : uniformément verte, verte avec des stries violettes ou rouges, ou bien uniformément rouge. Facile à digérer, il ne contient pas de gluten.

Le quinoa a fait son apparition au Maroc dans les années 1990, plus précisément à Khénifra. La plante nécessite de 90 à 120 jours pour arriver à maturité et a besoin d’un apport en eau allant de 200 à 400 mm par an, ce qui confirme sa faculté à résister à la sécheresse. 

Le blé dur est peu sujet au stress hydrique  

La différence entre le blé tendre et le blé dur, c’est que le second a des besoins élevés en ensoleillement. Il se caractérise également par une faible résistance au froid et à l'humidité, et par des rendements moyens, inférieurs à ceux du blé tendre. 

Près d’un million d’hectares de blé dur sont cultivés dans le Nord-Ouest (Loukkos, Zaer), les plaines intérieures (Saïs, Taza), les régions arides et semi-arides (Abda, Chaouia, Doukkala, Moulouya, Plateau des phosphates, Tadla) et les régions arides (Chiadma, Haouz, Souss Massa).

Si le blé dur exige un sol sain au drainage efficace, il est peu sujet au stress hydrique, surtout en période d'accumulation des réserves dans le grain. Ses besoins en eau sont estimés entre 350 et 600 mm/an. Plusieurs variétés sont commercialisées dans le pays : Achta, Kanz, Mehdia, Amal, Rajae, Arrehane, Tigre, Aguilal. 

Le maïs nécessite peu de traitements 

Le maïs est particulièrement ancré dans les habitudes alimentaires des Marocains, notamment le maïs grillé. De la famille des graminées, cette plante est de saison chaude. Elle résiste aux températures élevées, alors que le froid perturbe sa croissance.  

Il existe deux types de variétés de maïs. Les variétés classées selon la couleur des graines (blanche, jaune ou bicolore), et celles classées selon leur patrimoine génétique. Le premier semis peut être réalisé début avril (ou fin mars) pour une récolte début juillet. Le second semis est effectué fin juillet, en vue d'une récolte fin octobre ou début novembre. 

Environ 100.000 ha de maïs sont cultivés dans le pays (Larache, Casablanca…), pour une production de près de 50.000 tonnes. C’est une culture qui nécessite peu de traitements en matière pour maîtriser les dégâts des ravageurs ou la fertilisation des sols.

Le pois chiche est extrêmement résistant à la sécheresse 

Les lentilles, le pois chiche et les fèves sont les principales légumineuses alimentaires cultivées au Maroc, sur une surface de 205.000 ha localisés dans les zones côtières où les températures sont plus clémentes. Les légumineuses alimentaires sont cultivées comme des céréales ou en association avec d’autres espèces. Il s’agit de privilégier la rotation biennale céréales-légumineuses à celle du blé-jachère. 

Le semis de lentille, pois chiche et fève sèche doit coïncider avec des températures modérées et clémentes ; soit entre novembre et décembre. S’agissant de la culture de la fève primeur, les semis sont effectués en août-septembre pour une production entre décembre et janvier. 

La récolte de la fève s’effectue entre la mi-mai et juin. Celle du pois chiche en juin et juillet. Concernant la culture de pois chiche de printemps, les semis s'effectuent entre mi-février et mi-mars. C'est ce dernier qui présente la meilleure résistance à la sécheresse. 

De fait, le pois chiche n’a besoin que d’un apport annuel en eau compris entre 110 et 240 mm, soit quasiment deux fois moins que la lentille (entre 300 et 450 mm/an) et la fève (au moins 350 mm/an). 

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