AGRICULTURE Reportage. Sauver le cheptel, trouver de l'eau... le leitmotiv dans la région d'El Hajeb
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Yahya Benabdellah & Mouad Jamali Idrissi
Le 17 février 2022 à 16h30
Modifié 30 avril 2023 à 11h40Comme dans la plupart des régions du Maroc, la sécheresse frappe de plein fouet la commune rurale de Tamchachate, dans la province d’El Hajeb. Une équipe de Médias24 est allée à la rencontre des agriculteurs de la région le mercredi 16 février, quelques heures avant l’annonce des mesures royales destinées à leur venir en aide.
TAMCHACHATE [16 février]. La commune de Tamchachate qui se trouve à proximité de la petite ville d’Agourai, au sud de Meknès, n’a jamais connu une telle pénurie d’eau. Mais les agriculteurs espèrent encore l'arrivée prochaine de la pluie pour sauver quelques cultures printanières, ainsi que le cheptel.
Au-delà de l’irrigation, qui n’est plus envisagée par nombre d’agriculteurs, c’est l’eau potable pour les hommes et pour le bétail qui fait défaut. Les habitants, dont la plupart étaient habitués à s’approvisionner dans des points d’eau leur appartenant ou voisins, se trouvent dans l'obligation de parcourir des kilomètres, plusieurs fois par jour, pour atteindre les rares puits et sources d’eau encore alimentés.
En ces temps difficiles, les habitants font preuve de solidarité. L’un des agriculteurs que nous avons rencontrés, et dont le puits fournit encore suffisamment d’eau, a cessé d’irriguer ses arbres fruitiers pour alimenter en eau une trentaine de familles alentour.
"Je ne peux pas irriguer mes arbres, alors que mes voisins sont en train de perdre leur bétail et ne peuvent pas subvenir à leurs besoins élémentaires en eau. La situation est dramatique et il faut que les autorités trouvent très vite des solutions", nous confie-t-il ce jour-là. Il ne savait pas que, dans la soirée, ses espoirs allaient être exaucés par l'annonce d'un plan exceptionnel d'aide au monde rural, d'un montant de 10 milliards de dirhams.
La plupart des agriculteurs ont renoncé à réaliser des profits et ne pensent désormais qu’à limiter les dégâts, surtout qu’une partie d’entre eux se sont endettés pour cultiver leur terre. Leur priorité consiste désormais à sauver le bétail, mais ce n’est pas gagné, car la rareté de l’eau n’est pas le seul problème auquel ils sont confrontés.
L'inflation des intrants complique la situation
En effet, c’est le prix du fourrage qui rend cette mission presque impossible, les différents aliments ayant tous connu une hausse de 50% jusqu’à 400%. Ainsi, un autre agriculteur nous désigne un sac de foin de 25 kg destiné à nourrir ses brebis, qui lui a coûté 50 DH contre 10 DH habituellement. Et "le fourrage" lui a coûté 70 DH contre 35 DH en temps normal.
Si l’agriculteur peine à entretenir ses brebis à un coût soutenable, il ne peut pas non plus envisager de les vendre, car il n’y a tout simplement pas d’acheteurs, en raison du prix élevé du fourrage. Ainsi, le prix actuel de la brebis sur le marché oscille entre 150 DH et 350 DH à peine, d'après plusieurs agriculteurs rencontrés.
Selon les témoignages recueillis, les prix d’autres aliments pour le bétail ont aussi augmenté, comme ceux de la betterave, du son et de l’orge. “Le son coûtait 100 DH (les 40 kg), aujourd’hui, c’est 220 DH. L’orge coûtait 200 DH (sac de 80 kg), aujourd’hui, elle coûte entre 370 DH et 420 DH”, s’offusque un agriculteur.
Cette inflation touche également d'autres intrants de l'agriculture. "L'engrais coûtait 200 DH, il revient à 400 DH à présent", poursuit-il.
Pour un autre agriculteur, l’État doit intervenir pour sauver le monde rural d'une crise économique et sociale sans précédent. Au moment de l'écriture des ces lignes, on peut affirmer que leur détresse a été entendue.
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