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AGRICULTURE Quelle place pour l’agriculture face à la rareté de l’eau ? La réponse de Hassan Benabderrazik

Le 25 avril 2023 à 13h05

Modifié 25 avril 2023 à 20h24

SPECIAL SIAM. La réponse n’est pas évidente. Mais la question appelle à un choix difficile qu’il faudra assumer. Dans cet article, nous traitons de cet enjeu et bien d’autres avec Hassan Benabderrazik, économiste et expert en agriculture. Notre interlocuteur déconstruit les raisonnements communs autour du stress hydrique en décortiquant ses soubassements brique par brique. Point de vue.

Le stress hydrique n’est plus un sujet purement théorique. Il est désormais ressenti et vécu. Même le citoyen lambda, qui n’en avait pas conscience auparavant, sait qu’il y a aujourd’hui un problème quand l’eau n’est plus "courante" chez lui. Les enjeux sont désormais immenses, vitaux.

Quand il s’agit d’agriculture qui consomme, estime-t-on, 80% des ressources hydriques du pays, c’est une crise structurelle profonde de l’eau dont les experts se saisissent et débattent, arguments à l’appui. Car, face au changement climatique devenu une réalité, à la sécheresse qui en découle, à la rareté des ressources hydriques, mais également à la tension démographique et à la nécessité d’avoir une agriculture productive, l’eau n’a jamais été autant un enjeu au cœur de la machine productive.

Au seuil de la pénurie absolue

"La pénurie d’eau pourrait influer sur presque tous les aspects du développement socioéconomique futur du Maroc", expliquait la Banque mondiale dans un rapport publié en octobre 2022 sur le climat et le développement.

Le Royaume, qui y figure d’ailleurs parmi les pays les plus pauvres en eau au monde, est de plus en plus proche du seuil de pénurie absolue en eau, fixé à 500 m3 par personne et par an. L’incidence et la gravité croissantes des sécheresses constituent déjà une source majeure de volatilité macroéconomique et une menace pour la sécurité alimentaire nationale.

"Dans une perspective à plus long terme, la réduction de la disponibilité en eau et la baisse des rendements agricoles due au changement climatique pourraient réduire le PIB à hauteur de 6,5%. L’agriculture pluviale (bour) est particulièrement vulnérable aux sécheresses et à la pénurie d’eau, alors qu’elle représente encore 80% de la superficie cultivée du pays et emploie la majorité des travailleurs agricoles", analyse l’institution de Bretton Woods.

Hassan Benabderrazik, économiste et expert en agriculture.

Le problème est le partage de l’effort, en situation de sécheresse, entre le secteur agricole et les autres secteurs. Ma conviction est qu’aujourd’hui, les efforts sont presque entièrement supportés par le secteur agricole   

En l’absence d’une pluviométrie favorable, il s’avère désormais nécessaire de gérer la répartition de l’eau entre les différentes utilisations et secteurs. Et cela implique de faire des choix.

Hassan Benabderrazik, économiste et expert en agriculture, relève que "lorsque l’on parle d’eau dans l’agriculture, la première question qui se pose est celle de la répartition de l’effort entre l’eau municipale, potable, destinée à l’alimentation et à l’industrie, et l’eau destinée à l’agriculture. Les règles appliquées au Maroc donnent la priorité à l’eau potable. Une priorité absolue. On peut évidemment accepter que la priorité soit donnée à l’eau potable. Ce qui l’est moins, c’est que les gens utilisent cette eau pour remplir leurs piscines ou arroser leurs jardins, un usage qui se fait en empêchant les agriculteurs d'irriguer leurs parcelles."

"Le problème que nous avons aujourd’hui, c’est le partage de l’effort, en situation de sécheresse, entre le secteur agricole et les autres secteurs. Ma conviction est qu’aujourd’hui, les efforts sont presque entièrement supportés par le secteur agricole", poursuit-il.

Selon notre interlocuteur, également expert dans les questions liées à l’eau, sur les dix dernières années, la moyenne des réductions des dotations destinées à l’agriculture est de 50%. Et les sécheresses successives des quelques dernières années impactent davantage cette baisse de dotations pour certains agriculteurs qui n’ont plus accès à l’eau pour l’irrigation.

>> Lire aussi notre dossier consacré à l’eau : « Le modèle marocain de gestion de l’eau : Limites et recommandation » 

"Concrètement, cela signifie que les périmètres irrigués publics, comme le Doukkala, le Tensift et le Tadla, n’ont pas eu d’eau pour irriguer. Pendant trois ans, le Doukkala n’a pas eu un mètre cube d’eau pour irriguer. Le Tadla, c’est toute l’année dernière. Dans le Tensift, ils ont eu des restrictions extrêmement importantes", pointe-il.

Cette moyenne de réduction de 50% sous-estime très largement l’effort que doivent fournir certains agriculteurs. Car il faut savoir qu’il existe des bassins versants dans lesquels les ressources des barrages sont très importantes, et dans lesquels la restriction n’existe pas. Dans le Sebou ou le Loukkos, il n’y a presque pas de restriction. La moyenne de réduction en eau, estimée dans ce cas de figure à 50%, n’informe pas donc sur certains cas extrêmes de manque d’eau dans le secteur agricole.

Pour des restrictions équitables

Quelles sont alors les conséquences de cette concurrence entre l’eau de l’agriculture et celle des villes ? "L’État a investi très lourdement pour développer des périmètres d’irrigation, les agriculteurs ont réalisé des investissements importants pour les plantations, l’aménagement des parcelles… Et aujourd’hui, ces mêmes agriculteurs se retrouvent dans une situation où il n’y a pas d’eau en dehors de l’eau souterraine. Les investissements réalisés sont menacés", nous répond Hassan Benabderrazik.

Pour l’expert, les agriculteurs sont obligés d’investir encore plus pour exploiter les eaux souterraines alors même qu’ils sont situés dans un périmètre irrigué dans lequel en principe, la distribution de l’eau est assurée directement par des infrastructures d’irrigation.

Conclusion : "Il faut revoir les règles de partage de l’effort entre le secteur urbain de manière générale et le secteur agricole. On ne peut pas considérer que l’effort doit être fait et porté par le secteur agricole uniquement. Je trouve qu’il est profondément inéquitable et injustifié de continuer à distribuer de l’eau pour l’irrigation des jardins et le remplissage des piscines, en prenant de l’eau destinée à irriguer des vergers ou des parcelles agricoles, sans compensation."

Dans son rapport, la Banque mondiale estime les ressources en eau totales du pays à 22 milliards m3, soit 18 milliards de m3 d’eau de surface et 4 milliards de m3 d’eau souterraine. Depuis la fin des années 1970, les apports d’eau – provenant des eaux de surface – ont diminué, passant d’une moyenne annuelle de 22 milliards de m3 entre 1945 et 1978 à 15 milliards de m3 entre 1979 et 2018.

 

"Cette baisse des apports, associée à la demande accrue due à la croissance démographique et au développement économique, a mis le Maroc en situation de stress hydrique : entre 1960 et 2020, la disponibilité par habitant des ressources en eau renouvelable est passée de 2.560 m3 à environ 620 m3 par personne et par an, plaçant le Maroc en situation de stress hydrique structurel (moins de 1.000 m3)", indique la Banque mondiale.

Loi du marché

Cette inadéquation entre "l’offre et la demande" en eau a engendré, selon la Banque mondiale, une pression sur les eaux souterraines qui a considérablement augmenté, jusqu’à atteindre un niveau de surexploitation estimé à près de 30%, surtout pendant les années sèches. Le défi de la rareté de l’eau se combine alors avec celui de la détérioration de la qualité des eaux souterraines et de surface.

Pour Hassan Benabderrazik, même le niveau des ressources hydriques présenté officiellement est à revoir. "En réalité, en termes d’apports, on a toujours raisonné au Maroc autour du chiffre de 22 milliards de m3 disponibles. En vérité, ce chiffre est plutôt autour de 14 ou 15 milliards de m3. Sur ce volume-là, on est presque à 50-50 entre l’eau potable et l’eau agricole, y compris l’exploitation des nappes. Cela fait beaucoup. En théorie, nous avons toujours considéré que nous disposions de 22 milliards de m3, que le changement climatique n’a pas impacté de façon majeure ces volumes, et que l’agriculture est le plus grand utilisateur d’eau… Cela reste de la théorie", avance-t-il.

Le stress hydrique et la répartition actuelle de l’eau génèrent, selon Hassan Benabderrazik, deux types de tensions très compliquées à gérer.

"La première tension est créée quand les agriculteurs ne reçoivent plus d’eau dans les périmètres d’irrigation ou reçoivent des dotations insuffisantes par rapport à leurs besoins et qu’ils se mettent à exploiter les nappes souterraines. Mais l’exploitation des nappes souterraines doit être régulée. Il faut impérativement que les volumes des prélèvements d’eau souterraine soient maîtrisés. Ce sont des ressources fragiles, qui ne se remplissent pas rapidement et qui peuvent être amenées à disparaître", explique-t-il.

"Nous avons déjà eu des nappes souterraines qui ont disparu par excès de prélèvements. On ne peut donc pas laisser les gens prélever sans limites dans les nappes souterraines. Il faut mettre un peu d’ordre là-dedans". De ce point de vue, le Maroc n’a pas réussi à mettre en place une politique efficace pour gérer proprement l’alimentation des périmètres d’irrigation à partir des eaux souterraines.

La deuxième tension engendrée par le stress hydrique réside dans le fait de savoir comment réguler. "Laisser reporter le poids sur les nappes souterraines n’est pas une solution durable, parce que nous n’arrivons pas à limiter les prélèvements convenablement. Et cela crée des tensions entre les gens. Concrètement, cela signifie que quand j’ai un puits que j’exploite tranquillement depuis 25 ans, s’il y a d’autres puits qui s’installent à côté, la nappe va baisser. Et là je serai obligé de faire des investissements supplémentaires pour approfondir mon puits. Si j’ai un forage, le débit va se réduire, et je serai obligé de creuser un autre forage", schématise Hassan Benabderrazik.

Pour cet ancien secrétaire général du ministère de l’Agriculture, si la nappe est exploitée de manière équilibrée, il n’est pas nécessaire de faire des investissements pour approfondir les forages pour chercher de l’eau. On peut ainsi éviter de se retrouver dans la situation où le puits est asséché par l’affaissement de la nappe. "Il y a là un coût économique important qui provoque des conflits autour de la gestion de l’accès aux eaux souterraines. Sur ce volet-là, nous ne sommes bons ni dans nos règles ni dans leur application", alerte-t-il.

Ce n'est pas la bonne solution!

Pour parer à cette rareté de l’eau qui ne cesse de s’aggraver, le ministère de l’Agriculture ambitionne désormais de valoriser les cultures résistantes à la sécheresse telles que le caroubier et de réduire celles consommatrices d’eau, comme les agrumes par exemple.

LIRE AUSSI : Le ministère de l’Agriculture va encourager les cultures résilientes à la sécheresse

Est-ce la bonne méthode pour réduire la pression sur l’eau ? "D’un point de vue économique, la réponse est claire : ce n’est pas une bonne solution. Pourquoi ? Parce qu’on n’est pas certains, quand on procède à des interdictions de certaines cultures, d’avoir le meilleur usage d’un point de vue économique et social de l’eau disponible. Imaginons que nous ayons 5.000 m3 d’eau par hectare, et que nous devions fournir des efforts pour passer à 4.000 m3/ha, quel est le meilleur chemin pour cela ? Est-ce une décision de l’administration qui va choisir où irriguer ou pas, ou une décision de l’agriculteur qui sait qu’il dispose de 4.000 m3/ha et qui va aménager son exploitation de façon à s’y conformer ?", nous répond Hassan Benabderrazik. Il considère que c’est l’agriculteur qui doit avoir la responsabilité de définir le plan de réduction des volumes qu’il prélève. Bien évidemment, cette solution suppose une exploitation des nappes qui ne soit pas anarchique.

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Notre interlocuteur prend l’exemple de l’avocat, un produit exporté qui rapporterait environ entre 20 à 30 dirhams le kg. Si la culture de l’avocat est interdite, cela revient à priver les agriculteurs d’importants revenus et le bénéfice des investissements réalisés.

"Ce n’est pas une démarche très saine de le faire ainsi. Je ne suis pas du tout favorable à des décisions de cette nature, comme limiter les exportations, etc. Je suis plutôt favorable à ce que l’on fasse une régulation des nappes qui permette d’établir un équilibre dans les exploitations, et qui renvoie la responsabilité de l’ajustement de cette situation de baisse des disponibilités en eau à l’agriculteur", propose l’économiste.

Près de 2 millions de Marocains pourraient quitter la campagne pour les villes d'ici 2050

La question de la répartition de l’eau et la place qui devrait être réservée à l’agriculture dans cette équation peut aussi être analysée sous le prisme de l’économie plus globalement. La Banque mondiale estime que compte tenu du déclin structurel des ressources en eau, l’économie marocaine pourrait avoir plus de mal à rebondir après les sécheresses que par le passé.

Autrement dit, à long terme, le Maroc pourrait avoir du mal à récupérer les pertes de production agricole subies lors des années sèches. Rappelons qu’historiquement, la production agricole avait tendance à rebondir après une sécheresse, avec un impact limité sur les tendances à long terme, comme en témoigne la forte croissance de la production agricole enregistrée au cours des dernières décennies.

Cela risque de ne plus être le cas. Avec en plus un impact sur les emplois dans ce secteur. Car, là aussi, le changement induit par le climat et traduit par la baisse de la quantité d’eau disponible et des rendements agricoles, pousserait plus de 1,9 million de Marocains (soit 5,4% de la population totale) à quitter les zones rurales d’ici 2050, selon les projections de la Banque mondiale. Rappelons que le secteur agricole emploie près de 30% de la main-d’œuvre nationale, et plus de 80% de la population rurale.

Si sur le plan économique, on estime que l’agriculture perd en valeur quand on revoit le type des cultures à garder et celles à éviter, qu’en est-il de la question de la durabilité ? Les défenseurs d’une agriculture marocaine en phase avec l’aridité de son sol et de son climat avancent très souvent la notion de l’eau virtuelle. Il s’agit pour simplifier de la consommations d'eau nécessaire à une production, agricole ou industrielle, ou à un service. Ce qui revient à exporter aussi une eau marquée par sa rareté quand on exporte les avocats, par exemple.

Les chiffres de l'exportation d'eau virtuelle sont erronés

"C’est faux. Quand on irrigue un hectare d’agrumes qui produit 30 tonnes, on aura besoin de 8.000 m3 par an. Combien va-t-on exporter ? 25 m3 d’eau contenus dans les 30 tonnes d’oranges. Et au final, on n’exporte que 25 m3, les 7.975 m3 restent au Maroc et ne sont pas exportés. Parce qu’une partie des 8.000 m3 a servi à la production des agrumes, mais le reste va percoler, s’infiltrer, recharger les nappes, s’évaporer, etc. C’est donc de l’eau qui reste au Maroc. On n’a pas exporté de l’eau mais des oranges. Dire qu’on exporte de l’eau est un argument populiste, qui donne l’impression qu’il est fondé sur une réalité scientifique, de spécialistes, mais en réalité, cet argument est fallacieux", s'insurge Hassan Benabderrazik.

Pour l’économiste, si on analyse la balance commerciale du Maroc du point de vue de l’eau utilisée pour la production, le bilan net des exportations virtuelles est d’environ de 7 milliards de m3 d’eau (céréales, sucre, oléagineux, etc.). C’est la différence entre l’eau importée implicitement dans les produits et celle destinée à la production exportée. "Donc, on gagne au change. C’est finalement un argument (en référence à l’eau virtuelle, ndlr) très dangereux, faux, mais qui a l’avantage d’apparaître comme logique et évident", tranche-t-il.

Et les nappes fossiles ?

Pour sortir de cette crise structurelle de la rareté de l’eau, il y a ceux qui appellent au recours aux nappes fossiles comme solution à envisager.

Hassan Benabderrazik nous explique la notion des nappes fossiles : "La constitution des nappes procède de l’infiltration de l’eau de la pluie depuis plusieurs millénaires. On a alors un stock d’eau qui se forme sur des centaines d’années. Toutes les nappes sont donc en partie fossiles. Il y a effectivement ce débat pour savoir s’il faut exploiter la partie renouvelable seulement (les apports pluviaux annuels moyens) ou plutôt le stock qui s’est accumulé sur plusieurs centaines d’années."

A la question de savoir si l’on doit exploiter des nappes fossiles ou pas, notre interlocuteur répond par d’autres interrogations : "Si on trouve du pétrole, une ressource non renouvelable fossile qui s’est formée sur des millénaires, va-t-on l’exploiter ou non ? Est-ce que le caractère fossile du pétrole va nous interdire de l’exploiter ? À mon avis, non. De la même manière, le caractère fossile des nappes ne devrait pas bloquer leur exploitation. Seulement, il faudrait s’assurer que cette exploitation soit durable. Il ne faut pas par exemple exploiter toute l’eau de la nappe sur une très courte durée et donc l’assécher. L’exploitation doit dans ce sens être respectueuse du renouvellement, en fonction des stocks disponibles."

Notons bien que toutes les nappes ont une composante fossile. Dans une nappe, l’eau de pluie d’une année se mélange à celle des pluies des années antérieures. Finalement, l’eau de la nappe que l’on exploite est composée d’un mélange d’eau ancienne et d’eau nouvelle. Ce qui veut dire que l’on exploite déjà, dans une certaine mesure, de l’eau dite "fossile".

Recycler pour durer

Hormis le débat relatif aux eaux fossiles, il existe d’autres solutions pour rationaliser l’allocation de l’eau et qui ont déjà prouvé leur efficacité dans d’autres pays. Dans l’agriculture, "il y a aujourd’hui beaucoup d’outils importants qui permettent d’optimiser l’usage de l’eau. Je pense au calcul de l’évapotranspiration (le processus par lequel l’eau liquide terrestre est renvoyée dans l’atmosphère sous forme gazeuse, ndlr) et à la mesure de la profondeur de mouillage de l’irrigation pour vérifier qu’elle correspond au système racinaire des plantes. Il existe également plusieurs autres outils qui permettent la valorisation du m3 d’eau d’irrigation et l’optimisation des volumes d’eau utilisés. Le ministère de l’Agriculture pousse dans ce sens. Il a mis en place des politiques d’aide pour assurer une conversion vers l’irrigation localisée et une meilleure maîtrise de l’irrigation. Dans un pays comme le nôtre, c’est une politique indispensable", indique l’expert en agriculture.

Il serait également temps de mettre en place des solutions pour la réutilisation des eaux usées purifiées. Cela passerait par le retraitement et la réutilisation des eaux usées municipales pour l’irrigation ou pour l’arrosage des parcs, par exemple. Si ces eaux sont utilisées deux ou trois fois, cela constituerait une solution permettant de réduire au moins de moitié les besoins en eau.

On peut s'en sortir très bien

À ce niveau-là, Hassan Benabderrazik estime qu’il y a d’énormes progrès à faire et des investissements à consentir. Il explique qu’"aujourd’hui, malheureusement, beaucoup de systèmes d’épuration urbains sont construits autour d’émissaires en mer. Par exemple, Casablanca prend de l’eau du Haut-Atlas et du Moyen-Atlas, l’utilise, et les eaux usées générées ensuite ne sont pas traitées. Elles sont rejetées en mer. Effectivement, cela fait un énorme gaspillage pour un pays qui n’a pas beaucoup de ressources hydriques. Si l’on prend de l’eau initialement destinée au périmètre des Doukkala ou du Tensift pour la donner à Casablanca en allocation prioritaire, la moindre des choses serait qu’en contrepartie, Casablanca utilise cette eau de manière durable, la retraite et la réinjecte dans le circuit économique".

L’autre piste concernant l’allégement du stress hydrique est le dessalement. C’est-à-dire, transformer l’eau de mer en eau douce. Comme le dessalement reste limité dans son utilisation, puisque le relevage de l’eau est une activité coûteuse et qui nécessite des dépenses énergétiques très importantes, notre interlocuteur considère que le dessalement doit être réservé aux zones littorales et en priorité pour l’alimentation des villes du littoral.

"Au final, si on réutilise l’eau, si on fait du dessalement intelligent, si on met en place des incitations à l’économie de l’eau d’irrigation, si on réduit les pertes dans les réseaux et si on se dote d’une régulation sur les nappes qui permette d’éviter une exploitation anarchique, on s’en sortira très bien", projette l’expert.

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