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AGRICULTURE Légumineuses. Comment raviver les sols et l’espoir des agriculteurs

Le 30 avril 2023 à 10h15

Modifié 1 mai 2023 à 10h17

SPECIAL SIAM. Le manque de pluie, conjugué à une hausse des températures, ne favorise pas la culture de légumineuses qui, cette année encore, devrait accuser le coup. Un déjà-vu pour les acteurs de la filière. Omar Idrissi, coordinateur du projet de recherche sur les légumineuses alimentaires à l’INRA et Rachid Benali, président de la Comader, nous parlent de l’état des lieux de cette culture automnale et des dernières avancées de la recherche, qui peuvent apporter de véritables solutions pour booster une production nationale en berne.

"Comme toutes les cultures d’automne dont la récolte approche à grands pas, les légumineuses risquent d’avoir une saison agricole très difficile, cette année encore", nous annonce Rachid Benali, président de la Confédération marocaine de l’agriculture et du développement rural (Comader). Pourtant, la campagne agricole avait démarré, selon notre interlocuteur, sous de bons auspices. Le démarrage était même "excellent", nous dit-il.

Cette projection s’explique principalement par la période de chaleur du mois de mars, jumelée à un manque de pluie qui persiste depuis plus d’un mois et demi. "L’absence de pluviométrie aurait pu être surmontable si au moins le climat était doux. Mais cette chaleur qu’on a vécue pendant cette période du mois mars est très dommageable pour la culture de légumineuses", regrette Rachid Benali.

Ces perspectives négatives plombent davantage le développement de cette filière qui a perdu du terrain au fil des décennies. Le programme prévisionnel des grandes cultures d’automne pour la campagne agricole 2022-2023, annoncé en octobre dernier par le ministère de l’Agriculture, prévoit uniquement 205.000 ha de légumineuses alimentaires. On est très loin du 1,5 million ha de surface emblavée de la campagne agricole de 2000-2001.

Manque de rentabilité

Qu’est-ce qui explique cette nette régression ? Plusieurs facteurs, dont la combinaison, a poussé les agriculteurs à abandonner progressivement la culture des légumineuses. "Les surfaces emblavées en légumineuses ont effectivement baissé ces dernières années. Tout simplement parce que ce n’est plus rentable du tout", argue Rachid Benali. Le premier facteur de cette méforme est le manque d’eau : il pleut beaucoup moins qu’auparavant. Et il fait plus chaud.

"Le changement climatique influence négativement la culture et la production des légumineuses. La diminution des quantités de pluie et leur distribution temporelle et spatiale ainsi que l’augmentation des températures affectent négativement le développement végétatif, la croissance et la formation des graines de ces cultures. Le déficit hydrique du début des cycles des cultures peut causer un développement végétatif médiocre et la sécheresse de fin de cycle, couplée aux hautes températures, peut, elle, causer l’avortement des fleurs et donc réduire les quantités de graines produites", nous explique clairement le Dr Omar Idrissi, coordinateur du projet de recherche sur les légumineuses alimentaires à l’Institut national de la recherche agronomique (Inra).

Pour mieux s’adapter à cette situation, ce spécialiste des légumineuses recommande de mettre en place des stratégies d’adaptation incluant l’utilisation de variétés tolérantes, la diversification des espèces et des variétés – ayant des caractéristiques d’adaptation différentes – ainsi que le recours aux dates de semis différentes pour mieux valoriser les pluies selon leur timing.

Autres conseils du chercheur : "La préparation, la vigilance des agriculteurs et le suivi des prévisions météo sont importantes pour choisir les dates de semis. La recherche scientifique et l’accompagnement des agriculteurs sont aussi importants pour une meilleure résilience des agriculteurs au changement climatique. Le développement de variétés tolérantes à la sécheresse et aux hautes températures est parmi les objectifs primordiaux du programme de recherche de l’Inra."

Perte de compétitivité

L’autre facteur qui a participé à l’abandon de cette culture, selon le président de la Comader, est la main-d’œuvre, devenue "très chère". Il explique : "Elle a énormément augmenté au cours des quinze dernières années. Les légumineuses ont besoin de beaucoup de main-d’œuvre. Et le coût du travail chez nous est devenu nettement plus élevé que celui des autres pays. Prenons l’exemple de l’Égypte. On ne parle pas de différence de coût en termes de pourcentage mais plutôt de facteurs. Pour dire les choses simplement : on est 3 à 4 fois plus cher que l’Égypte. La dévaluation de leur monnaie participe aussi à la baisse nette du coût du travail chez eux."

La cherté de notre main-d’œuvre agricole n’est pas sans lien avec la sécheresse et le manque de rentabilité de certaines filières agricoles, telles que les légumineuses. La Banque mondiale, dans son rapport sur le climat et le développement publié en octobre 2022, estime qu’une réduction de l’approvisionnement en eau entraînerait une baisse considérable de la demande de main-d’œuvre dans l’ensemble de l’économie (6% et 5,4% pour la main-d’œuvre non qualifiée et qualifiée respectivement). Si l’on ajoute à cela le recul des rendements agricoles dû au changement climatique, la baisse de la demande de main-d’œuvre agricole non qualifiée pourrait atteindre près de 10%.

Cette même main-d’œuvre qui, jadis, travaillait dans l’agriculture s’adonne aujourd’hui à d’autres activités comme le bâtiment ou le tourisme, par exemple.

Et à la hausse du prix de la main d’œuvre – qui s’explique par sa rareté et son indisponibilité – s’ajoute un troisième facteur : l’augmentation significative des prix des intrants agricoles. Leur nette progression a un impact direct sur le prix des produits alimentaires.

>> Lire aussi nos articles : À Berrechid, des agriculteurs acculés par la hausse des prix à la production et Inflation. Comment faire face à la volatilité des intrants agricole ?

Résultat : le Maroc perd clairement la partie face à d’autres pays, comme l’Égypte qui n’est qu’un exemple parmi d’autres, quand il s’agit de production de légumineuses. À ce titre, le président de la Confédération cite "un quatrième facteur qu’il ne faut surtout pas oublier : les accords de libre-échange avec l’Égypte et leur impact sur les prix. Je prends l’exemple d’un produit que je connais très bien : la féverole, que le Maroc cultivait auparavant. La féverole arrivait d’Égypte à des prix de 20 à 25% moins chers que nos coûts de revient. Et il faut savoir qu’en plus du coût du travail qui n’est pas le même, les intrants que l’Égypte utilise ne sont pas les mêmes que ceux de chez nous", compare Rachid Benali.

Il schématise en précisant que si le coût de revient de la féverole peut atteindre 500 dirhams le quintal au Maroc, la féverole égyptienne, elle, arrive au Maroc à 400 dirhams seulement. C’est imbattable. "Et cela a complètement tué la culture de la féverole au Maroc. C’est aussi vrai pour la fève et le pois-chiche qui nécessitent beaucoup de main-d’œuvre, et qui dit main-d’œuvre, dit coût de revient", souligne-t-il.

D’exportateur à importateur

Le président de la Confédération se rappelle alors des années où le Maroc était exportateur net de légumineuses, alors qu’"aujourd’hui, on est devenu grand importateur", lance-t-il. Comment en est-on arrivé là ? Pour y répondre, il faut revenir à l’historique des politiques publiques relatives à cette filière.

Dans le rapport sur l’Initiative maroco-indienne pour le développement des légumineuses alimentaires, publié en 2015 et communiqué à Médias24 par l’un de ses auteurs Aziz Fadlaoui, chercheur à l’Inra, on peut lire qu’"en matière d’exportation de légumineuses, deux grandes périodes sont à distinguer. La première période, allant du début des années 1960 à 1976, et la seconde a été initiée à partir de 1977. Durant chacune de ces deux périodes, les exportations marocaines apparaissent clairement corrélées aux niveaux des productions. Il y avait hausse des exportations pendant les bonnes campagnes agricoles et baisse quand la production était faible".

Ainsi, au cours de la période allant de 1960 à 1976, le Maroc figurait parmi les premiers pays exportateurs de légumineuses alimentaires. "Les exportations, essentiellement vers la Libye, l’Italie, la France et la Grèce, étaient maintenues autour d’un niveau moyen de 1,5 million de quintaux par an (Driouchi et El Mezroui, 1992; Jouve et Belghazi, 1993)", explique-t-on dans ce document. Les exportations des fèves représentaient près de 57% des exportations totales des légumineuses.

Après cette époque, un processus de régression des exportations a été déclenché suite à la chute de la production provoquée par les sécheresses qui ont sévi à partir de 1977.

Une concurrence dure à battre

Les chercheurs qui ont documenté l’évolution historique de cette filière au Maroc indiquent que les interdictions sporadiques au royaume des exportations de légumineuses en période de pénurie (1977-1978 et 1981-1982) ont engendré une perte de marchés extérieurs au profit de pays concurrents, tels que la Turquie, le Canada, les États-Unis et la Pologne.

Ces pays avaient mis en place des politiques volontaristes de développement des légumineuses basées sur la recherche, l’organisation, l’appui et l’incitation à l’exportation. C’est ainsi que "la Turquie est devenu l’un des premiers pays exportateurs ayant opté pour une approche offensive en matière de promotion des légumineuses à travers la recherche, la substitution de la jachère par les légumineuses, l’organisation de la commercialisation, en plus des subventions indirectes à la production et aux exportations (Basler, 1992)", rapportent-ils.

Et d’ajouter : "En même temps, les États-Unis et le Canada, bien qu’adoptant des politiques libérales non interventionnistes, ont pu conquérir plus de marchés grâce à des politiques d’incitation et de marketing (Driouchi et El Mezroui, 1992). Cette décennie a aussi connu l’entrée sur le marché international de la Chine qui a pu placer ses exportations en dehors de la zone asiatique."

À partir de 1990, le Maroc est donc devenu un importateur net de légumineuses. Ces importations ont évolué depuis selon l’importance de la production nationale. Pour les années favorables en termes de conditions climatiques, les quantités importées restent relativement moyennes.

Cependant, durant les années de sécheresse notamment, les quantités importées augmentent significativement. Sur les cinq dernières années, la quantité moyenne importée de légumineuses alimentaires est d’environ 80.000 tonnes (incluant le haricot sec) dont 50% de lentilles.

"Il est à signaler aussi que le niveau estimé d’autosuffisance varie selon les cultures. Il peut atteindre 80% pour le pois chiche et la fève, 70% pour le pois et 40% pour la lentille, selon les données de l’Office national interprofessionnel des céréales et des légumineuses (ONICL) de 2023", nous explique Omar Idrissi.

Lors de la saison agricole 2020-2021, les importations de légumineuses se sont hissées à 1,36 million de quintaux contre seulement 260.000 quintaux durant la période de 2021-2022, selon l’ONICL.

De son côté, la superficie moyenne cultivée annuellement des principales légumineuses alimentaires (fèves, pois, pois chiche et lentille) était de l’ordre de 270.000 hectares entre 2017 et 2021. Cette superficie varie selon les conditions climatiques des années, notamment le timing des premières pluies, de 196.000 ha à 400.000 ha. Pour cette même période, la production moyenne était d’environ 192.000 tonnes. Elle peut varier de 79.000 à 280.000 tonnes, selon les données de l’ONICL en 2023.

Spécificités régionales

Quelles légumineuses sont toujours cultivées aujourd’hui au Maroc ? L’expert de cette filière à l’Inra nous répond que c’est "la fève qui vient en première position, suivie du pois chiche, de la lentille et du pois".

Selon Omar Idrissi, les légumineuses alimentaires occupent environ 6% de la superficie agricole utile du Maroc avec plus de 90% qui sont concentrées dans les régions du Saïss, Zaer, du Rif, du Gharb, du Doukkala et de la Chaouia.

La distribution des superficies cultivées selon les régions dépend, pour sa part, à la fois du savoir-faire agricole et des habitudes culturales des agriculteurs, mais aussi des spécificités pédoclimatiques (climat du sol).

"Par exemple, la fève est plus cultivée dans la région de Saiss-Taounate ; le pois chiche dans la région de Benslimane El Gara, Sidi Kacem, Chaouia, Abda ; la lentille dans la région de Khemisset, Romani, Marchouche, Sidi Slimane, El Gara, Chaouia et Abda ; et les pois dans les régions de Doukkala, Chichaoua, Chaouia et Saïss", décortique Omar Idrissi.

Il est à noter que la lentille de Zaer est parmi les produits agricoles labellisés au Maroc "Indication géographique protégée" pour la qualité de ses graines. La région d’El Gara-Benslimane est caractérisée, elle, par la production du pois chiche d’hiver.

Effets bénéfiques

Si aujourd’hui le Maroc importe des légumineuses pour parer au déficit de la production locale, c’est parce qu’"elles sont très consommées", affirme Rachid Benali.

"La consommation moyenne de légumineuses sèches s’est établie, selon les données du HCP, à 7,34 kg/personne/an en 2014 contre 5,60 en 2001. La consommation dépend du milieu de résidence : urbain ou rural, des groupes de revenus et des saisons. Pour les légumineuses fraîches, la consommation annuelle de chaque marocain est d’environ 7,83 kg selon les données du HCP", présente le coordinateur du projet de recherche sur les légumineuses alimentaires à l’Inra.

Pendant très longtemps, les légumineuses ont eu cette réputation de nourriture du pauvre. Aujourd’hui, la science prouve que leur apport nutritionnel comporte plusieurs bénéfices pour la santé humaine. "Il est vrai que les nutritionnistes conseillent de plus en plus de consommer régulièrement les graines de légumineuses qui sont riches notamment en protéines, en fer, en zinc, en fibres et en carbohydrates. Elles ont aussi plusieurs intérêts pour la santé, leur indice glycémique est faible et plusieurs spécialistes parlent de leurs potentiels effets bénéfiques pour lutter contre certaines maladies cardio-vasculaires", confirme Omar Idrissi. Dans certains régimes alimentaires, les légumineuses remplacent même les protéines carnées.

Culture résiliente face au changement climatique

Les légumineuses ne bénéficient pas seulement à la santé humaine, mais ont également un impact positif sur le climat, selon la FAO. L’expert des légumineuses à l’Inra nous confirme l’effet positif des légumineuses en termes de durabilité des systèmes de culture.

Il évoque notamment la capacité des légumineuses à fixer l’azote atmosphérique dans le sol. Ce qui améliore sa fertilité et ses caractéristiques physico-chimiques et contribue in fine à une fertilisation raisonnée. Cela permet aussi de réduire les apports d’engrais azotés quand elles sont incluses dans les rotations.

Notre interlocuteur indique également que "les légumineuses peuvent contribuer à améliorer la production des céréales cultivées l’année suivante. Elles participent aussi au maintien de la biodiversité des sols".

Le président de la Comader, Rachid Benali, souligne d’ailleurs que les légumineuses vont de pair avec les céréales. "Si dans le contrat-programme des céréales, il y a aussi les légumineuses, c’est parce qu’elles sont idéales pour l’assolement des céréales. Si on cultivait des céréales année après année, le sol ne vaudrait plus rien après", relève-t-il. D’où le recours historiquement aux légumineuses pour améliorer la qualité du sol et donc des prochaines cultures. Sauf qu’aujourd’hui, au lieu de cultiver les légumineuses pour l’assolement des céréales, les agriculteurs préfèrent laisser leurs terres en jachère puisque ce n’est plus rentable.

"Comme déjà mentionné, on perd beaucoup d’argent en cultivant les légumineuses", soutient Rachid Benali, qui nous confie qu’il cultivait personnellement auparavant jusqu’à 1.000 ha de légumineuses par an. Aujourd’hui, il n’en fait plus suite justement à ce manque de rentabilité.

Ses 1.000 hectares restent alors sans culture. Une situation qui paraît sans issue pour l’instant. Ceci alors même que la sécurité alimentaire devient un véritable enjeu, notamment depuis la crise du Covid 19.

Les prérequis de la relance

"Je pense que le développement des légumineuses au Maroc nécessite la collaboration de tous les intervenants dans la chaîne de valeur. Les contraintes qui limitent ce secteur sont, en effet, d’ordre technique, organisationnel et politique", résume Omar Idrissi, la situation actuelle de la filière.

Pour l’expert, le savoir-faire existant pourrait permettre d’améliorer la production nationale à condition de mettre en place des mesures qui permettent de diminuer les charges liées à la production. Et ce notamment à travers la subvention des semences comme c’est le cas pour d’autres cultures. Cela aiderait à mettre à la disposition des agriculteurs des semences de variétés améliorées avec des prix compétitifs.

La recherche peut ainsi être un véritable levier pour booster la production nationale des légumineuses. "Les résultats de la recherche disponibles sont des acquis à valoriser : cas des variétés améliorées en général et des variétés du pois chiche d’hiver en particulier avec un calibre des graines amélioré, technique de lutte chimique contre l’orobanche (plante parasite, ndlr) et les adventices (mauvaises herbes, ndlr), etc. Pour cela, le renforcement de la recherche est nécessaire afin de trouver des solutions à certaines contraintes qui continuent d’entraver la production des légumineuses alimentaires", suggère-t-il.

Omar Idrissi souligne également l’importance de l’organisation de l’interprofession afin d’être un porte-parole des producteurs nationaux, défendre leurs intérêts et réguler le marché des légumineuses alimentaires dans le but de garantir la rentabilité de la production locale. À ce titre, "des décisions politiques favorables à la production nationale sont nécessaires dans ce sens", estime-t-il.

Enrichir le portfolio variétal

En matière de recherche, Omar Idrissi nous explique que la disponibilité et l’utilisation des variétés améliorées plus productives restent limitées comparées aux céréales et d’autres cultures.

Pour le chercheur, il est important d’enrichir le portfolio variétal afin de mettre à la disposition des agriculteurs des semences de variétés ayant des caractéristiques recherchées et permettant de contribuer à l’augmentation de la production. Et cela passe nécessairement par l’investissement dans les programmes de recherche pour le développement de nouvelles variétés.

Si aujourd’hui le changement climatique et l’aridité de certaines régions sont pointés du doigt quand il s’agit de développement agricole, il faut savoir que l’adaptation aux différentes zones agro-climatiques est prise en considération par les recherches de l’Inra. Concrètement, le processus de développement des variétés passe par des expérimentations dans des conditions réelles au sein de fermes expérimentales représentant différentes zones géographiques : zones semi-arides, zones favorables et zones de haute altitude.

L’Inra a d’ailleurs mis en place un programme de recherche moyen-terme 2021-2024, dédié à la filière des légumineuses alimentaires pour répondre justement aux attentes des agriculteurs, des industriels et des consommateurs.

Les objectifs prioritaires de ce programme ont été identifiés en concertation avec l’ensemble des partenaires selon les besoins des agriculteurs, industriels et consommateurs. Ces objectifs sont également en accord avec la stratégie Génération Green 2020-2023. Omar Idrissi précise que les équipes de ce programme travaillent sur quatre axes de recherche importants.

Il s’agit de la pré-amélioration, l’amélioration génétique et la biotechnologie (1) l’optimisation de l’itinéraire technique et la protection intégrée des cultures ; (2) la qualité et la valorisation des produits issus des légumineuses alimentaires pour une meilleure valeur ajoutée (3) ; enfin la chaîne de valeur et l’analyse des préférences en traits génétiques, la coordination et le gouvernance de la filière (4). Pour ce faire, quatre centres régionaux de l’Inra sont activement impliqués dans ce programme, en l’occurrence les centres de Settat, Rabat, Meknès et Kénitra.

Les avancées de la recherche

Toujours dans le cadre de la recherche, l’Inra a développé plusieurs variétés de fèves, pois chiche et lentille. Notre interlocuteur auprès de l’institut, Omar Idrissi, a partagé avec nous les résultats de leurs avancées dans ce domaine.

Pour le pois chiche, une nouvelle variété nommée "Taounate" a été inscrite au catalogue officiel de l’ONSSA en 2022. C’est une variété productive, résistante à l’anthracnose (maladie causée par diverses espèces de champignons), permettant la récolte mécanique et à grosseur de graine améliorée.

Pour la lentille, les deux dernières variétés "Extra" et "Jemâat Shaim" ont été inscrites au catalogue officiel de l’ONSSA en 2019. Ce sont deux variétés résistantes à la rouille et à l’anthracnose, à haut potentiel de rendement et précoces, permettant d’échapper à la sécheresse et aux hautes températures de fin de cycle.

Pour la fève, une nouvelle variété "Yasmine" a été inscrite au catalogue officiel de l’ONSSA en 2022. C’est une variété productive moyennement résistante au botrytis (une espèce de champignon parasitaire) et à l’anthracnose, et à floraison et maturité moyennement précoces.

"Pour toutes ces nouvelles variétés inscrites, le processus de multiplication de semence est en cours pour les mettre à disposition des agriculteurs. Actuellement, en plus de ces nouveaux acquis, une nouvelle lignée de pois chiche d’hiver avec un calibre de graine meilleur que les variétés inscrites jusqu’à présent a été proposée à l’inscription en 2022 et est en cours d’évaluation par le service d’homologation des variétés de l’ONSSA", explique-t-il

"Pour la lentille, une nouvelle lignée ayant comme caractéristiques principales la productivité et l’architecture des plantes adaptées à la récolte mécanique, a aussi été proposée par l’Inra en 2022 pour inscription en tant que nouvelle variété. Pour la fève également, une nouvelle lignée est en cours d’évaluation pour son inscription comme nouvelle variété", énumère Omar Idrissi.

En plus de la recherche variétale, d’autres méthodes relatives à l’optimisation des techniques de production et à la lutte contre les adventices, y compris la plante parasite orobanche et les maladies, ont été développées et publiées par l’Institut de recherche.

Pour ce qui est de la valorisation et de la transformation agro-alimentaires, les équipes de l’Inra ont développé là aussi de nouveaux produits issus des graines des légumineuses alimentaires. Il s’agit notamment de la bio-fortification de la farine et la semoule des blés par celle du pois chiche, de la lentille, de la fève et de la féverole.

"Les caractéristiques nutritives, organoleptiques (affectant les organes des sens, ndlr) et technologiques de ces produits ont été étudiées, testées et validées pour la fabrication du pain, du couscous et des biscuits, et même de la tortilla. L’incorporation des légumineuses alimentaires dans ces produits permet d’améliorer l’apport en protéines, en fer, en zinc et en fibres entre autres, pour le bien-être des consommateurs", précise Omar Idrissi.

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