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Rabat. Cube Independent Art Room, incubateur d’artistes (2/5)

En plus du Musée Mohammed VI d’Art moderne et contemporain et du Théâtre national Mohammed V, deux sites emblématiques de la Ville Lumière, plusieurs autres espaces à taille humaine viennent enrichir l’offre culturelle. Les hôtes de ces lieux, qui participent chacun à sa manière à la dynamique de la scène culturelle de la capitale, ont ouvert leurs portes à Médias24.

Rabat. Cube Independent Art Room, incubateur d’artistes (2/5)

Le 4 mars 2022 à 13h28

Modifié 4 mars 2022 à 16h50

En plus du Musée Mohammed VI d’Art moderne et contemporain et du Théâtre national Mohammed V, deux sites emblématiques de la Ville Lumière, plusieurs autres espaces à taille humaine viennent enrichir l’offre culturelle. Les hôtes de ces lieux, qui participent chacun à sa manière à la dynamique de la scène culturelle de la capitale, ont ouvert leurs portes à Médias24.

Médias24 a poussé les portes de cinq lieux de la culture qui méritent le détour. Centre d’art contemporain ou culturel, galerie institutionnelle ou commerciale, résidence d’artiste ou maison d’édition… tous participent à l’« effervescence » culturelle de Rabat. Leurs fondateurs et dirigeants évoquent leurs projets artistiques, la relation au public, leur rapport à la ville et le regard qu’ils portent sur la chose culturelle au Maroc.

Yasmina Naji, Elisabeth Piskernik, Abla Ababou, Dina Naciri et Marie-Cécile Le Luec ont fait le pari d’une culture qui s’adresse à tous. Car, dans le domaine de l'art ou plus généralement de la culture, la véritable cible n’est jamais celle à qui l’on croit s’adresser.

Elisabeth Piskernik. Crédit photo: ©Sabine_Hauswirth.

À travers le patrimoine, on peut aussi bien construire le futur 

Elisabeth Piskernik, fondatrice du Cube Independent Art Room

Situé au 2, rue Benzerte à Rabat, le Cube Independent Art Room a vu le jour il y a seize ans déjà. Ce centre d’art indépendant cumule à lui seul plusieurs 'missions'. Il est à la fois un espace d’exposition, de résidence et de recherche axée sur les pratiques artistiques contemporaines.

La fondatrice et directrice artistique de ce lieu de culture singulier, Elisabeth Piskernik, rappelle qu’en 2005, lors du lancement du Cube, « il n’y avait pas beaucoup de visibilité pour les artistes contemporains qui travaillaient en marge de la peinture. J’ai fondé le Cube avec un groupe d’artistes de grande renommée et reconnus à l’échelle locale et internationale, comme Hassan Echair, Younes Rahmoun, Safae Erruas et Amina Benbouchta. L’idée, dès le départ, était de mettre en place une plateforme pour les artistes contemporains qui vont au-delà de la peinture ». Le pari risqué de cet espace était de promouvoir des médiums artistiques contemporains qui avaient peu de notoriété et de visibilité au Maroc à cette période. C’est le cas notamment de l’art vidéo, la performance, les installations, la photographie, l’art sonore, etc. Les choses ont beaucoup évolué depuis puisqu’« il y a plus d’espaces qui proposent aujourd’hui ces médiums», indique Elisabeth Piskernik sous sa casquette d’historienne de l’art.

Exposition "Faire inversion" par Lucie Laflorentie. Crédit photo : Le Cube.

Une plateforme indépendante

Quand cette passionnée d’art, originaire d’Autriche, s'installe à Rabat en 2004, la scène culturelle est « plutôt désertique. Peu d’espaces étaient dédiés à l’art contemporain. Il y avait l’Institut français qui, à l’époque, organisait de temps à autre des expos. L’Institut Cervantes lui aussi proposait des expos avec un petit programme au théâtre. Mais dans les pratiques contemporaines, il y avait très peu de choses ». À partir de 2008, la diplômée de l’Université de Vienne en histoire de l’art et philologie romane (en 1987) constate une certaine émergence avec l’ouverture de quelques galeries. « Et comme à Rabat, il n’y avait pas vraiment de public intéressé par le fait d'investir dans l’art, ces galeries ont rapidement fermé. Ce n’était pas comme à Casablanca ou à Marrakech. Il y a eu donc un petit moment de silence », se remémore-t-elle.

Cette phase léthargique appartient désormais au passé. Depuis quelque temps déjà, « il y a énormément d’événements, d’initiatives, d’expositions, de festivals, de pièces de théâtre, de spectacles de danse à Rabat. Et même par rapport à l'agenda culturel, parfois il y a des soirées où l'on ne sait pas où aller parce qu’il y a tellement d'activités programmées. Je citerai, à titre d’exemple, Bouchra Salih qui a conçu le projet 'État d’urgence d'instants poétiques' dans le jardin botanique ou encore les expositions de la galerie Abla Ababou. C’est très actif en ce moment sur le plan culturel. Il y a une véritable effervescence », se réjouit Elisabeth Piskernik.

Ce qui différencie le Cube des galeries, c’est qu’il n’a pas de visée commerciale. « Nous sommes une plateforme indépendante et sans but lucratif. Cela veut dire que c’est une vitrine mise à la disposition de nouveaux talents au Maroc. Au cours des dernières années, nous avons pu accompagner ces jeunes artistes qui aujourd’hui sont réputés et travaillent à l’international, comme Mustapha Akrim, Mohamed Laouli, Hanane El Farissi… », cite-t-elle. En dehors d’un agenda régulier d’expositions, Elisabeth Piskernik estime qu’il est important de « nourrir » cette programmation avec des événements parallèles en lien avec le contenu proposé, comme des débats par exemple.

Exposition "Faire inversion" par Lucie Laflorentie. Crédit photo : Le Cube.

Incubateur d’artistes

Ce centre d’art organise également des événements ponctuels, comme des projections avec des artistes vidéastes. « On a mis en place des rencontres appelées ‘The Artist Talk’, durant lesquelles des artistes marocains et internationaux parlent de leur travail et de leur démarche à un public d’amateurs d’art et même à des artistes. Les artistes font aussi partie de notre public », précise la fondatrice du Cube.

Ce centre d’art propose par ailleurs un programme de résidence. Des artistes marocains et étranger peuvent ainsi bénéficier d’une résidence au Cube, avec des espaces dédiés, pour une période allant de deux semaines à trois mois. « Ils peuvent effectuer leurs recherches, développer des projets et, parfois, cela aboutit à une exposition au Cube. Des fois, c’est juste une rencontre avec le public. Cette résidence peut donner lieu à des ateliers avec les écoles, parce qu’on veut aussi promouvoir l’art à l’école », précise-t-elle.

De l’avis de ses compères dans les milieux culturels de Rabat, Elisabeth Piskernik, à travers le Cube, offre aux jeunes artistes une opportunité unique : celle d’organiser leur première exposition solo. Ce programme est appelé « New Generation ». « On l’a commencé en 2011 en invitant les jeunes artistes qui n’avaient jamais exposé auparavant. C’est très important dans le CV d’un artiste. C’est comme un tremplin, puisque les galeries regardent toujours ce que l’artiste a fait auparavant, notamment en termes d’exposition. Et ça augmente aussi sa crédibilité », explique la fondatrice de ce centre d’art.

L’art ne dort jamais

Ce rôle d’incubateur que joue le Cube s’étend sur toute l’année. Et même en été, alors que le Cube est fermé, un autre type de résidence est programmé : « Summer Sleep ». « C’est une résidence qui est dédiée aux jeunes artistes marocains, qui passent un à deux mois pendant la saison estivale au Cube. Ils travaillent, développent des projets ou font des recherches. Et on précise toujours qu’on n’exige pas de production. Ce n’est pas une résidence où ils doivent produire pour une exposition. C’est vraiment un temps dédié à la recherche », insiste la fondatrice du Cube.

Elisabeth Piskernik pense que la jeunesse rbatie a soif de culture. D'après elle, les jeunes artistes marocains s’investissent activement dans l’art et sont très attachés à leur propre patrimoine. À travers les différents programmes qu’elle a lancés depuis son installation dans la capitale, la fondatrice du Cube remarque que les productions contemporaines des jeunes artistes restent très liées à l’héritage et aux traditions. « Je crois qu’à travers le patrimoine, on peut aussi construire le futur. La nouvelle génération d'artistes contemporains a une démarche créative. Et c’est la raison pour laquelle je suis très investie dans l’accompagnement de ces jeunes en leur proposant des espaces d'expression », confie-t-elle.

Rabat n’est pas seulement riche de ses artistes, mais elle compte aussi de jeunes curateurs et organisateurs d’expositions désireux d'écrire une page de l'histoire de l’art au Maroc. Une histoire rarement racontée, s’agissant d’art contemporain notamment. Au Cube, un centre d’art permet d'archiver, depuis 2005, des documents relatifs à tous les événements organisés, en plus des textes, des critiques et des biographies d’artistes. Des archives qui sont mises à la disposition des chercheurs comme des artistes.

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