Capital Amorçage : la stratégie de la CDG pour accélérer le financement des startups

Mouna Ettazy | Le 1/2/2019 à 14:41

Elle a été présentée par Youssef Saadani, directeur des études économiques de la CDG à l'occasion de la Conférence annuelle du capital investissement. Cette stratégie part du constat que les dossiers présentés aux fonds de private equity ne sont souvent pas de qualité. La CDG compte ainsi intervenir en amont en accompagnant les entrepreneurs à mieux structurer leur projet. Le programme est en phase d'expérimentation. Il sera déployé à partir de mars prochain. 

 

 

"La CDG commence à envisager une intervention dans le domaine des startups. Dans ce cadre, "on va exploiter un programme nommé 'Entrepreneuriat innovant' qui sera lancé entre mars et avril. On va tester le modèle et voir ce que ça donne’’. 

Cette annonce a été faite par Youssef Saadani, directeur des études économiques de la CDG, à l'occasion de la Conférence annuelle du capital investissement, organisée mercredi 30 janvier par l'Association marocaine des investisseurs en capital. 

Ce programme de la CDG est basé sur des études empiriques, souligne Youssef Saadani.

Il part d'un constat simple  : la fragilité du système du Private equity au Maroc réside dans l'incapacité de générer du dealflow, c’est-à-dire des projets innovants, nombreux et de qualité, ayant un fort potentiel de développement. 

"Les investisseurs disent qu’on a du financement, des fonds dotés, mais la qualité des projets qui arrivent, bien qu’elle soit en amélioration, est insuffisante", explique l'économiste. 

Et cela est dû selon lui à la rareté des entrepreneurs ou des profils de talent capables de mener à bout des projets : 

"Le problème du dealflow porte sur l’incapacité de créer des vocations entrepreneuriales pour attirer des talents à haut potentiel vers l’entrepreneuriat".

" A l’international, les porteurs de projets de startup ambitieux sont issus de parcours d’excellence. Dans les grandes écoles de commerce et d’ingénierie en France et dans différents pays, 10% des lauréats se mettent à l’entrepreneuriat à un moment de leur vie, souvent juste après leur sortie de l’école". 

"Dans le cas du Maroc, le pourcentage tourne autour de 1%", déplore l’économiste en précisant que "cela s’explique par le fait qu’ils sont plus attirés par le salariat que par l’entrepreneuriat".

Cette attitude s’explique par une défaillance au niveau de l’orientation. "Il y a donc une vraie problématique d’orientation de ces personnes capables de porter des startups ambitieuses avec même une expansion à l’international", a-t-il souligné. 

Mettre l’accent sur l’accompagnement

Une fois ce problème identifié, la CDG a déployé un programme qui est en phase d’expérimentation. 

"On a monté un programme de pré-amorçage et d’amorçage, qui cible des talents à haut potentiel pour leur créer les conditions idoines et régler leurs problématiques en termes d’accompagnement, de financement, et de développement et tout en mettant misant sur la partie d’accompagnement’’. 

"Il y a pas mal de structures qui se mettent en place, dont LaFactory". Néanmoins, "il faut bien voir que ces structures sont sous-dotées financièrement. C’est-à-dire on a mis beaucoup de moyens sur les projets mais on n’a pas mis suffisamment sur l’accompagnement". 

De manière générale, "avant d’arriver à un fonds d’investissement, il y a tout un parcours : il y a les incubateurs aux écoles, les accélérateurs, etc.. Il y a tout une série d’étapes et de filtres par lesquels passent les entrepreneurs avant d’arriver chez un fonds d’investissement’’.

Au Maroc, les choses se déroulent souvent autrement. "Le fonds d’investissement reçoit des personnes qui ne sont pas passées par tous ces filtres parce que justement l’accompagnement n’est pas assez doté de fonds".

Dans ce sillage, "on compte mettre beaucoup de ressources sur le volet de l’accompagnement. Nous allons aussi mobiliser des accompagnateurs qui soient de véritables entrepreneurs, ayant déjà fait des levées, qui ont une véritable expertise et qui sont connectés à des écosystèmes étrangers".

"On va d’abord évaluer et expérimenter ce pari pour voir ses retombées", précise-t-il. 

L'objectif ultime étant d'alimenter le dealflow des fonds d’investissement : "notre critère de performance porte sur combien de startups on va pouvoir amener vers la série A, investie par des investisseurs marocains et étrangers’’.

A noter que le financement de la série A intervient quand le projet a déjà fait ses preuves afin d’optimiser le développement du produit et l’amener vers de nouveaux marchés. C'est l’étape qui suit l’amorçage.

Concrètement, la CDG compte "dénicher des projets pré-amorçage et amorçage pour les accompagner et y miser des tickets un peu au-delà de ce que va donner la CCG [dans le cadre du fonds Innov Invest, ndlr], et les amener ensuite jusqu’à la série A dans l’objectif d’alimenter le dealflow". 

Pour rappel, le "Fonds Innov Invest", géré par la CCG, se positionne comme un dispositif de financement global ciblant pas moins de 300 projets innovants.

Près de 700 MDH sont prêts à être investis pour les cinq prochaines années dans des startups innovantes, à raison de 300 MDH par la CCG via le "Fonds Innov Invest", auquel s’ajoute la participation d’investisseurs nationaux et étrangers à hauteur de 400 MDH.

      >> Lire aussi :  Capital investissement : le paradoxe marocain expliqué par Luc Rigouzzo 

      >> Lire aussi : Private equity : des progrès… mais encore des défis à relever

Voici la retransmission de la conférence annuelle du capital investissement. L'intervention de Youssef Saadani à partir de la minute 25  :

                                                                                

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