Pérou: crise politique et nouveau remaniement pour le président Ollanta Humala

(AFP)

Le 19 février 2015

Au plus bas dans les sondages, désavoué par son propre camp, le président du Pérou, Ollanta Humala, a procédé à un nouveau remaniement ministériel pour freiner l'affaiblissement d'un gouvernement en butte à des accusations d'espionnage et de corruption.

Le ministre de l'Intérieur, le polémique et populaire général à la retraite Daniel Urresti nommé en juin dernier - et qui fait l'objet de poursuites pénales pour son implication présumée dans le meurtre d'un journaliste en 1991 - a été remplacé mardi soir, lors d'un remaniement surprise (le septième) de même que les ministres de la Justice, des Mines, du Travail et de la Femme.

Le ministre Urresti a dû céder son poste après avoir nié dans un premier temps que la police avait ouvert le feu sur des manifestants qui tentaient de prendre le contrôle d'une installation de la compagnie argentine Pluspetrol en Amazonie péruvienne.

Au cours de ces incidents dans le village de Pichanaki, une personne a été tuée et au moins 30 autres blessées par balles par la police, ce que le ministre a dû reconnaître par la suite.

A 14 mois de la prochaine élection présidentielle, la cote de popularité d'Ollanta Humala, un ancien militaire au pouvoir depuis 2011, a chuté à 22%, selon un sondage Ipsos rendu public dimanche, le niveau le plus bas en 43 mois de gestion.

Quelque 13 des 47 parlementaires de sa coalition l'ont également déserté ces derniers mois en raison de désaccords politiques.

"Ces changements sont tactiques, le plus important est celui du ministre de l'Intérieur", analyse pour l'AFP le politologue et éditorialiste Mirko Lauer. "Humala est arrivé à la conclusion que la popularité du ministre faisait du tort au gouvernement", ajoute-t-il.

Le remaniement intervient alors que plusieurs affaires récentes ont terni l'image de la présidence, dont la fermeture temporaire de la Direction nationale du renseignement (Dini) après des accusations d'espionnage de personnalités politiques, dont la vice-présidente Marisol Espinoza, révélées récemment par la presse.

- Enquête pour blanchiment -

En outre le parquet a ouvert une enquête à l'encontre de l'épouse du président Humala, Nadine Heredia, pour blanchiment de capitaux présumé.

Mme Heredia, présidente du parti au pouvoir (Partido nacionalista), n'est pas en mesure de justifier des revenus de 215.000 dollars entre 2006 et 2009, selon le parquet, qui s'appuie sur un rapport d'une unité d'enquête financière.

Le procureur anti-blanchiment de capitaux a indiqué qu'il allait demander la levée du secret bancaire concernant Mme Heredia, une décision qui a indigné son époux.

Le président Humala a dénoncé une campagne de calomnies fomentée par l'opposition "qui ne respecte pas les personnes et traite les membres de la famille comme des délinquants".

Le président Humala a également perdu des points lors de la mobilisation de jeunes contre une loi sur un régime professionnel destiné aux 18-24 ans.

Cette loi dont le président Humala avait eu l'initiative, et qui visait à promouvoir l'accès des jeunes au marché du travail et à la protection sociale, a finalement été abrogée après une mobilisation sans précédent de milliers de jeunes Péruviens qui ont dénoncé une réduction de leurs droits.

Malgré ce lourd climat politique, l'économie du Pérou reste une des plus dynamiques d'Amérique latine même si le secteur informel représente encore près de 70% de l'emploi.

Dans un contexte de ralentissement économique marqué par la baisse du cours des matières premières, les prévisions de croissance qui tournaient autour de 4% ont dû être revues à la baisse.

"Il existe bien une précarité institutionnelle, mais le Pérou est un pays qui dispose de fondamentaux économiques solides, impulsé par une classe moyenne émergente et entreprenante", tempère pour l'AFP Pablo Secada, de l'Institut péruvien de l'économie.

Selon lui, "l'économie connaîtra de bonnes années en 2016 et 2017, mais il reviendra au nouveau président de mener à bien les réformes institutionnelles et structurelles dont le Pérou a besoin".

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Le 19 février 2015

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