L'opposant égyptien Alaa Abdel Fattah a “frôlé la mort”, dit sa famille

(AFP)

Le 17 novembre 2022

La famille du détenu politique égypto-britannique Alaa Abdel Fattah plaide jeudi pour qu'il ne soit pas oublié à la fin de la COP27 après l'avoir vu en prison où il a "frôlé la mort" lors de sa grève de la faim.

A l'ouverture du sommet de l'ONU sur le climat organisé à Charm el-Cheikh (est), le blogueur prodémocratie qui fêtera ses 41 ans vendredi avait durci son bras de fer avec l'administration pénitentiaire.

Après sept mois à n'ingérer que 100 calories par jour, il a cessé de manger puis de boire le 6 novembre. Il a finalement recommencé à s'alimenter mais "il est épuisé, très, très maigre et doit parfois s'appuyer contre le mur" pour se tenir, a raconté à l'AFP Ahdaf Soueif, sa tante, qui a pu le voir vingt minutes jeudi avec sa mère Laila Soueif et sa soeur Sanaa Seif.

"Alaa a frôlé la mort en prison, mais il a décidé de revenir vers la vie", a affirmé sa famille dans un communiqué.

La campagne menée par ses proches et les défenseurs des droits humains à la COP27 a forcé le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi à discuter avec plusieurs dirigeants occidentaux du cas du blogueur prodémocratie emprisonné depuis plus de trois ans.

Le principal intéressé, lui, "n'avait aucune idée" de la mobilisation en sa faveur, a confié Ahdaf Soueif. "C'est nous qui le lui avons raconté" au parloir au travers d'une vitre et par le biais d'un combiné, a-t-elle ajouté.

- "Reprendre sa grève" -

Désormais, "nous espérons que l'incroyable attention mondiale sur son cas et les dizaines de milliers de personnes qui le soutiennent aideront à le faire libérer", a-t-elle poursuivi.

S'il n'obtient pas gain de cause, "il n'aura pas d'autre choix que de reprendre rapidement sa grève de la faim", a-t-elle prévenu.

Car "l'attention va baisser avec la fin de la COP27" probablement durant le week-end, s'est inquiétée sa soeur Sanaa Seif, à la pointe de la campagne menée au sommet de l'ONU où elle n'a cessé d'alerter sur le sort des 60.000 détenus d'opinion d'Egypte.

La famille espère désormais obtenir une décision de la Commission des grâces présidentielles, réactivée en avril en Egypte.

L'un des présentateurs de talk-shows les plus influents du pays, grand partisan de M. Sissi, a déjà plaidé pour une grâce "dans l'intérêt de l'Egypte". Et un membre de la commission des grâces a dit "espérer des mesures rapides de l'Etat".

Si cette commission a libéré plus de 750 détenus d'opinion depuis avril, les ONG des droits humains se plaignent du fait que les autorités ont fait arrêter, dans le même temps, deux fois plus de gens pour délit d'opinion.

- "Ecroulé, inconscient" -

Jusqu'ici, les derniers moments de la grève de la faim d'Alaa Abdel Fattah était peu clairs: ses partisans accusaient l'administration pénitentiaire de le "nourrir de force", tandis que la prison assurait qu'il était "en bonne santé" et sous "traitement médical".

Sa tante a expliqué jeudi à l'AFP que "le 11 novembre, Alaa s'était écroulé, inconscient".

"Quand il s'est réveillé, un codétenu lui tenait sa tête et il recevait du glucose en intraveineuse", a-t-elle poursuivi. Alaa Abdel Fattah "en parle comme d'une expérience de mort imminente".

Celui qui est devenu le détenu politique le plus célèbre d'Egypte a été condamné fin 2021 à cinq ans de prison pour "fausses informations" pour avoir partagé sur Facebook un texte, écrit par quelqu'un d'autre, accusant un officier de police d'avoir torturé à mort un prisonnier.

Deux hommes ont été condamnés dans la même affaire avec lui. Le blogueur Mohammed Ibrahim, alias Oxygen, et son avocat d'alors, Mohammed al-Baqer, arrêté alors qu'il venait le défendre devant la justice militaire en septembre 2019.

Son avocat, Khaled Ali, qu'il n'a pas vu depuis mars 2020, s'est vu refuser deux fois ces derniers jours l'entrée de la prison de Wadi al-Natroun, à 100 kilomètres au nord-ouest du Caire, alors qu'il avait les autorisations de visite nécessaires.

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Le 17 novembre 2022

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