La France entre à son tour en territoire d'inflation négative

(AFP)

Le 19 février 2015

La France est entrée en janvier en territoire d'inflation négative, rejoignant une tendance à l'oeuvre dans toute l'Europe, sans que l'on puisse parler de franche déflation. Du moins pour l'instant.

L'indice des prix à la consommation a affiché en janvier une baisse de 0,4% par rapport au même mois de 2014, a annoncé jeudi l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), précisant que la France n'avait pas connu d'inflation négative depuis octobre 2009.

Cette évolution sur douze mois des prix d'un panier présélectionné de biens de consommation est plus communément connue sous le nom de "taux d'inflation".

De décembre à janvier, sur un mois donc, les prix ont flanché encore plus nettement, de 1%, selon les chiffres provisoires de l'Insee, qui attribue "pour l'essentiel" ce phénomène aux rabais des soldes d'hiver.

Les prix des produits manufacturés ont ainsi baissé en janvier de 1,4% sur un an et de 3,2% sur un mois.

Autre facteur important de ralentissement de l'inflation: le recul des prix de l'énergie, observé sans discontinuer depuis six mois. Ces prix ont reculé en janvier de 7,1% sur un an et 2,1% sur un mois.

- Un phénomène européen ... -

La France a ainsi rejoint la liste toujours plus longue des pays européens qui voient les prix à la consommation flancher en variation annuelle, allant de l'Allemagne à certains pays du Sud aux prises depuis longtemps avec ce phénomène, tels que la Grèce ou encore l'Espagne.

La zone euro dans son ensemble connaît depuis deux mois des taux d'inflation négatifs.

Si cette inflation négative, à première vue favorable aux consommateurs, devait se maintenir encore plusieurs mois, la France risquerait de glisser dans un phénomène pernicieux de déflation.

La déflation correspond à une période de baisse des prix ainsi que des salaires suffisamment prolongée pour retarder les achats des consommateurs et décourager les investissements des entreprises. Et ainsi s'auto-entretenir.

Une fois installé, ce phénomène paralysant pour l'économie est difficile à déloger.

Avec un seul mois d'inflation négative, la France n'est pas encore dans ce cas de figure, et un chiffre de l'Insee vient apaiser les inquiétudes.

L'indicateur d'inflation dite "sous-jacente", très suivi des économistes parce que calculé sans tenir compte des biens les plus volatils (énergie notamment), et donc censé représenter la dynamique profonde de l'économie, a en effet légèrement augmenté en janvier, de 0,2% sur un an.

- ... et passager -

La plupart des économistes, même s'il tablaient sur un taux un peu plus élevé en janvier (-0,3% en moyenne), sont d'accord pour estimer qu'en France au moins, le phénomène d'inflation négative devrait être passager.

Marie-Pierre Ripert, pour Natixis, estime ainsi dans une note que le "déclin devrait se prolonger quelques mois en raison des bas prix du pétrole", avant une reprise des prix au second semestre, à condition que le cours de l'or noir se stabilise.

Elle table sur une inflation moyenne néanmoins faible en France sur l'ensemble de l'année, de 0,3%. Le gouvernement vient lui d'abaisser sa prévision à 0,5%.

Dominique Barbet, chez BNP Paribas, juge lui que le taux d'inflation devrait "toucher un plus bas" en février et revenir en territoire positif en avril, soutenu par un effet fiscal: l'augmentation de la taxe carbone.

Mais le tableau d'ensemble ne donne "pas de quoi se réjouir", selon Bruno Ducoudré, économiste à l'Observatoire français des conjonctures économiques, pour qui l'inflation sous-jacente, elle, ne devrait guère décoller, si elle ne retombe pas sous zéro.

Cette mollesse des prix a en effet pour conséquence que les entreprises ne peuvent pas refaire leurs marges en augmentant leurs tarifs, et par conséquent ni investir, ni embaucher, avec le risque que les salaires finissent par suivre à la baisse.

Pour l'économiste, la responsabilité est à chercher du côté d'une "politique budgétaire qui reste déflationniste" au niveau européen, en fixant des objectifs stricts de compression des déficits, alors même que "la politique monétaire fait tout ce qu'elle peut pour endiguer le risque" de déflation.

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Le 19 février 2015

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