Les affrontements à Gaza et en Israël font des centaines de morts, onde de choc dans le monde

Israël a lancé une riposte meurtrière contre Gaza, annonçant un blocus total de ce territoire, y compris pour ce qui concerne la fourniture d'électricité; ainsi qu'une guerre totale contre le Hamas et le Jihad islamique. Les événements du samedi 7 octobre ont également une portée géopolitique indéniable sur toute la région et dans le monde. En toile de fond, la tragédie du peuple palestinien depuis 1948.

Les affrontements à Gaza et en Israël font des centaines de morts, onde de choc dans le monde

Le 8 octobre 2023 à 7h02

Modifié le 11 octobre 2023 à 14h59

Israël a lancé une riposte meurtrière contre Gaza, annonçant un blocus total de ce territoire, y compris pour ce qui concerne la fourniture d'électricité; ainsi qu'une guerre totale contre le Hamas et le Jihad islamique. Les événements du samedi 7 octobre ont également une portée géopolitique indéniable sur toute la région et dans le monde. En toile de fond, la tragédie du peuple palestinien depuis 1948.

Les affrontements qui ont déjà fait des centaines de morts de part et d'autre continuent dimanche entre Israël et le mouvement palestinien Hamas, qui a attaqué la veille par surprise, tirant des milliers de roquettes depuis la bande de Gaza et infiltrant des centaines de combattants en territoire israélien, où il a aussi capturé des dizaines de civils et militaires selon les déclarations de ses porte-paroles.

Les combats, les plus meurtriers depuis des décennies, ont fait "plus de 200 morts" et "plus de 1.000 blessés" côté israélien, selon l'armée qui a accusé le Hamas d'avoir "massacré des civils" jusque dans leurs maisons.

Dans la bande de Gaza, où l'armée israélienne mène depuis samedi des dizaines de frappes aériennes en représailles, la Hamas a dénombré 232 morts et 1.697 blessés.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a juré d'utiliser "toute la puissance" de l'armée pour venger "une journée noire".

"Ce qui s'est passé aujourd'hui est sans précédent en Israël", a-t-il reconnu lors d'une allocution télévisée. "Tous ces endroits où le Hamas se cache (...) nous allons en faire des ruines", a-t-il promis.

"Nous sommes sur le point de remporter une grande victoire", a affirmé de son côté Ismaïl Haniyeh, le chef du Hamas.

Bateaux et parapentes

Les hostilités ont commencé samedi à l'aube par un déluge de roquettes tirées depuis la bande de Gaza vers les localités israéliennes voisines et jusque vers Tel-Aviv et Al Qods.

Profitant de l'effet de surprise, des combattants du Hamas à bords de véhicules, de bateaux et même de parapentes motorisés se sont joués de l'imposante barrière de sécurité érigée par Israël autour de la bande de Gaza, attaquant des positions militaires ou des civils en pleine rue.

"J'ai vu beaucoup de corps", a dit à l'AFP Shlomi, un Israélien, à côté de cadavres recouverts sur une route près du kibboutz Gevim, dans le sud du pays.

"Il y a encore 22 endroits où nous sommes en train de combattre contre des terroristes venus en Israël par les airs, par la mer et par la terre", a déclaré samedi soir le lieutenant-colonel Richard Hecht, porte-parole de l'armée israélienne.

Cet officier a fait état de "centaines" d'infiltrés encore présents sur le "sol israélien" après une "puissante invasion terrestre".

Cette spectaculaire escalade survient cinquante ans et un jour après le début de la guerre israélo-arabe de 1973 qui avait pris Israël totalement par surprise en plein Kippour (le jour du Grand Pardon juif), entraînant la mort de 2.600 Israéliens et faisant au moins 9.500 morts et disparus côté arabe en trois semaines de combat.

 Des Israéliens capturés

Les brigades Ezzedine al-Qassam, branche armée du Hamas, ont affirmé dans une vidéo avoir "capturé plusieurs soldats ennemis" et les Brigades al-Qods, la branche militaire du Jihad islamique palestinien, ont aussi déclaré détenir "de nombreux soldats" israéliens.

Le porte-parole de l'armée israélienne a confirmé que des "soldats et des civils israéliens" avaient été enlevés.

Le commandant des brigades Al-Qassam, Mohammad Deif, a annoncé avoir déclenché une opération baptisée "déluge d'Al-Aqsa" contre Israël et avoir tiré plus de "5.000 roquettes" pour "mettre fin à tous les crimes de l'occupation".

L'armée israélienne a pour sa part compté plus de 3.000 tirs de roquettes. Elle a déclenché l'opération "Sabres d'acier" et mené des frappes aériennes sur l'enclave palestinienne, détruisant entre autres les trois immeubles de plus de dix étages de la "tour Palestine".

Médecins sans frontières a déclaré qu'une frappe avait touché un hôpital dans l'enclave, causant plusieurs décès.

Les tirs de roquettes depuis la bande de Gaza se poursuivent dimanche à l'aube, selon des journalistes de l'AFP. L'armée israélienne continue pour sa part à frapper le territoire, détruisant plusieurs bâtiments présentés comme des "centres de commandement" du Hamas.

 Affrontements en Cisjordanie

Le conflit provoque des perturbations à l'aéroport de Tel-Aviv et les écoles resteront fermées dimanche, début de la semaine en Israël.

En Cisjordanie occupée, six Palestiniens ont été tués et 120 blessés lors d'affrontements avec les forces israéliennes et des colons, selon le ministère palestinien de la Santé.

Cette flambée de violence a été condamnée par de nombreux gouvernements à travers le monde. Le président américain Joe Biden a assuré samedi Israël de son "soutien inébranlable".

Selon un haut responsable de la Maison Blanche, les Etats-Unis et Israël ont eu samedi une "discussion approfondie" sur les besoins israéliens d'aide militaire.

Et le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken s'est entretenu avec son homologue égyptien Sameh Choukri dans l'espoir que l'Egypte, un intermédiaire-clé entre Israël et le Hamas, contribue à mettre fin aux hostilités.

L'ONU a annoncé avoir convoqué une réunion d'urgence du Conseil de sécurité sur le Moyen-Orient dimanche soir.

Conséquences géopolitiques

L'offensive surprise du Hamas sur Israël samedi a soudainement remis sous les projecteurs la cause palestinienne et sapé les tentatives de normalisation entre Israël et l'Arabie saoudite, parrainés par les Etats-Unis.

En septembre, à la tribune des Nations unies à New York, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu avait nié la centralité de la question palestinienne. Il avait exalté la normalisation des relations d'Israël avec les Emirats arabes unis, Bahreïn, le Maroc et le Soudan, dans la dynamique des accords d'Abraham en 2020, comme "l'aube d'une nouvelle ère".

M. Netanyahu avait aussi affirmé qu'Israël était proche "d'une avancée encore plus spectaculaire, une paix historique" avec l'Arabie saoudite, poids lourd du monde arabe.

Le président américain Joe Biden, désireux de marquer des points sur le front diplomatique avant l'élection présidentielle de 2024, a fortiori s'il se retrouvait face à son prédécesseur Donald Trump sous l'égide duquel ces accords d'Abraham ont été signés, pousse depuis des mois pour ce rapprochement.

Des négociations entre les deux plus anciens alliés des Etats-Unis au Moyen-Orient, qui partagent une inquiétude envers le développement du programme nucléaire iranien, devaient avoir lieu dans les prochaines semaines.

"La pente à gravir était forte mais elle le devient plus encore" après l'attaque du Hamas sur Israël, estime Brian Katulis, chercheur au Middle East Institute à Washington.

L'intensité et l'ampleur des violences, qui jettent une lumière crue sur l'étendue des questions non résolues entre Israël et les Palestiniens, "rendent désormais difficile de mettre ces dossiers compliqués sous le tapis comme ce fut le cas au moment des accords d'Abraham", ajoute M. Katulis.

Le dirigeant de fait de l'Arabie saoudite, le prince héritier Mohammed ben Salmane, a lui aussi fait état récemment de progrès dans le rapprochement avec Israël mais exigé des avancées sur la question palestinienne, considérée comme une priorité par son père, le roi Salmane.

 "Refroidissement"

Ryad est d'ailleurs revenu à un discours plus classique dans sa première réaction aux violences, samedi, en affirmant avoir prévenu de l'existence d'une "situation explosive résultant de la poursuite de l'occupation (israélienne) et de la privation de droits légitimes subie par le peuple palestinien".

Pour Aziz Alghashian, un spécialiste saoudien des relations israélo-saoudiennes, le royaume s'emploie ainsi à réfuter l'idée qu'il privilégierait la normalisation avec Israël aux dépens de son soutien aux Palestiniens. "La situation a ramené l'Arabie saoudite à son rôle traditionnel", dit-il.

"Netanyahu a ajouté un obstacle dans ces discussions de normalisation en disant qu'il s'agit d'une guerre" à la suite de l'attaque du Hamas, estime M. Alghashian, qui ne "voit pas comment une normalisation pourrait avoir lieu avec une guerre en toile de fond".

Le Hamas, soutenu par l'Iran, a pu agir "par peur d'une marginalisation encore plus forte de la cause palestinienne" en cas de reconnaissance d'Israël par l'Arabie saoudite, estime Joost Hiltermann, responsable du Moyen-Orient au sein du groupe de réflexion International Crisis Group (ICG).

Or, la réaction militaire d'Israël, qui s'annonce massive, obligera les Etats arabes à adopter une ligne plus dure à son égard, compte tenu notamment d'opinions publiques très sensibles à la cause palestinienne.

L'armée israélienne utilisera "toute sa puissance" pour "détruire les capacités" du Hamas, a déclaré samedi soir Netanyahu.

"On pourrait envisager un scénario de refroidissement des relations avec les Emirats et probablement au moins de retard de toute sorte d'accord possible entre Israël et l'Arabie saoudite", poursuit Joost Hiltermann.

Pour l'influent sénateur républicain Lindsey Graham, ces attaques semblent avoir été "conçues pour bloquer" le rapprochement entre l'Arabie saoudite et Israël car "un accord de paix entre ces deux pays aurait été un cauchemar pour l'Iran et le Hamas".

Ce dimande matin, commentateurs, analystes, journalistes, politiques, tous étaient dans l'incertitude et personne n'était capable de prévoir quoi que ce soit pour les prochains jours et semaines.

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