Menacées d’attaques à l’acide, des Iraniennes vivent dans la terreur

Ne plus sortir de chez soi par crainte de se voir asperger de jets d’acide, tel est le quotidien de nombreuses Iraniennes depuis plusieurs semaines. Dans ce climat de tension extrême, certains hommes abusent d’une plaisanterie de très mauvais goût en arrosant à l’eau les femmes qui s’aventurent dans la rue.  

Menacées d’attaques à l’acide, des Iraniennes vivent dans la terreur

Le 5 novembre 2014 à 18h26

Modifié le 11 avril 2021 à 2h36

Ne plus sortir de chez soi par crainte de se voir asperger de jets d’acide, tel est le quotidien de nombreuses Iraniennes depuis plusieurs semaines. Dans ce climat de tension extrême, certains hommes abusent d’une plaisanterie de très mauvais goût en arrosant à l’eau les femmes qui s’aventurent dans la rue.  

Etre une femme dans une société patriarcale stricte est un combat de tous les jours… Il devient une question de survie dans certaines villes d’Iran où des femmes sont les victimes impuissantes – et aléatoires – de projections d’acide. Depuis plusieurs semaines, Ispahan se mue en théâtre sordide où ces actes inqualifiables se multiplient, plongeant les Iraniennes dans la terreur.

Selon l’agence de presse officielle Isna, les agressions ont débuté en octobre avec l’apparition de multiples messages haineux et menaçant sur les réseaux sociaux, rappelant à l’ordre les « femmes mal voilées ». Le passage à l’acte ne s’est pas fait attendre… Le 15 octobre dernier, une jeune femme au volant de son véhicule reçoit des jets d’acide au visage, projetés par des motards en plein centre-ville. Si les raisons de l’attaque causant des brûlures irréversibles à la jeune femme ne sont pas  élucidées, l’agression reste en tout état de cause un geste criminel innommable.

La même source, relayant les autorités locales, précise qu’il ne s’agit pas d’un cas isolé tandis que la presse farsi se fait l’écho d’au moins six victimes. Le site Shabake Aftab repris par Le Courrier International indique en effet que cinq femmes se trouvent dans des états critiques, la sixième a récemment succombé à ses blessures.

De nombreux mouvements de protestation et de solidarité envers les femmes éclosent dans les grandes villes iraniennes, pourtant le sentiment de sécurité ne suit pas. Les femmes, terrifiées par la récurrence de ces agressions, préfèrent se barricader derrière les murs « rassurants » du domicile. L’accès « en toute liberté » à la sphère publique obtenu de haute lutte est aujourd’hui synonyme de dangers…

Dans cette atmosphère d’angoisse, certains hommes semblent s’amuser à cultiver la peur. Ils poursuivent les femmes avec des bouteilles d’eau et les aspergent, plaisantant de l’effroi sur leur visage, signale la journaliste iranienne Fatemeh Ali-Asghar, indignée.

Interrogée par la journaliste iranienne, la sociologue Azar Tashakor, déclare que « ceux qui attaquent sont des malades mentaux ou sous l’influence [de ceux qui incitent à ces agressions – psychopathes également ?], tandis que ceux qui font semblant [d’agresser les femmes, ndlr] souffrent eux d’un dangereux sentiment de sadisme ». Un trait de caractère tendancieux qui se généralise au sein de la société iranienne, « signe d’une dégradation des normes sociales », précise la sociologue. Le respect dû aux femmes se délite à grande vitesse dans cette société iranienne en mutation et résulte d’une éducation patriarcale aux relents machistes.  

Si les juristes iraniens rappellent que les actes d’agressions contre les femmes sont passibles de six mois de prison et de 74 coups de fouet, certains estiment ces peines peu dissuasives. Un balbutiement, une avancée positive qui pourrait toutefois être étouffée dans l’œuf.

En effet, le quotidien français Le Monde qui retrace ces phénomènes, signale que les premières agressions se sont déroulées au moment où le Parlement iranien validait la première ébauche d’une loi particulièrement permissive et protectrice pour « les organisations et les individus chargés d’ordonner le bien et d’interdire le mal »… Si elle est adoptée, cette loi condamnera « toute résistance, menace, insulte contre les gens chargés de veiller à la chasteté et de lutter contre la débauche » à un emprisonnement ferme et des amendes. Quant aux « femmes mal voilées », elles devraient verser une amende équivalente à 2.500 DH et suivre des leçons vantant les « bonnes mœurs ».

Ce dispositif législatif et juridique semble légitimer à demi-mots la surveillance et le contrôle d’un sexe sur l’autre dans ces sociétés où les femmes sont considérées comme des mineures et subissent la pression de lois édictées par des hommes.  


 

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