Droits de l'Homme: l'ONU entame sa visite au Xinjiang

(AFP)

Le 24 mai 2022

La cheffe de l'ONU pour les droits de l'Homme, Michelle Bachelet, entame mardi une visite extrêmement attendue dans la région chinoise du Xinjiang, où Pékin est accusé de mener une répression féroce contre les musulmans ouïghours.

Ce déplacement se déroule quasiment à huis clos, la délégation onusienne étant tenue d'intégrer, au nom de la situation épidémique en Chine, une bulle sanitaire qui la tient à l'écart de la presse étrangère.

Aucun détail sur les lieux précis que visitera Michelle Bachelet n'a été rendu public, ce qui soulève des interrogations sur la latitude réelle dont elle disposera sur le terrain.

Inquiets, Ouïghours de la diaspora et associations de défense des droits de l'Homme exhortent l'ex-présidente chilienne de 70 ans à ne pas se laisser entraîner dans une opération de propagande du régime communiste.

Le Xinjiang (nord-ouest), longtemps frappé par des attentats attribués à des séparatistes et des islamistes ouïghours, fait l'objet depuis quelques années d'une répression menée au nom de l'antiterrorisme.

Des études occidentales accusent la Chine d'y avoir interné au moins un million de Ouïghours et de membres d'autres minorités musulmanes dans des camps de rééducation, voire d'imposer du "travail forcé" et des "stérilisations forcées".

Washington accuse Pékin de commettre un "génocide". La Chine dénonce le "mensonge du siècle" et présente les camps comme des "centres de formation professionnelle", destinés à combattre l'extrémisme religieux.

Pékin dit n'imposer aucune stérilisation, mais uniquement appliquer la politique de limitation des naissances à l’œuvre dans l'ensemble du pays, auparavant peu mise en pratique dans la région.

- "Mises en scène" -

Présente mardi et mercredi au Xinjiang, peuplé de 26 millions d'habitants dont près de la moitié de Ouïghours, Michelle Bachelet se rendra notamment dans la capitale régionale Urumqi.

En 2014, un attentat contre des civils y avait fait une quarantaine de morts. Des émeutes en 2009 avaient entraîné la mort de près de 200 personnes, en grande majorité des Hans (l'ethnie majoritaire en Chine) battus ou poignardés par des Ouïghours.

Mme Bachelet ira également à Kashgar, dans le sud du Xinjiang, où la population ouïghoure est très importante et où la campagne sécuritaire est réputée être particulièrement féroce.

"J'espère qu'elle pourra demander au gouvernement chinois où se trouve ma mère", déclare à l'AFP Jevlan Shirememet, un Ouïghour de 31 ans qui réside en Turquie et dit n'avoir pas de nouvelles d'elle depuis quatre ans.

Nursimangul Abdureshid, une Ouïghoure installée en Turquie, dit n'avoir "pas beaucoup d'espoir" que les visiteurs de l'ONU puissent "apporter un quelconque changement".

"Il faut qu'ils rendent visite à des victimes, comme les membres de ma famille, pas qu'ils participent à des mises en scène préparées à l'avance" par Pékin, déclare-t-elle à l'AFP.

Son frère a été condamné à près de 16 ans de prison, notamment pour "préparation (d'actes) violents et terroristes", a-t-elle découvert récemment dans une base de données révélée par l'AFP et réputée provenir d'une fuite des archives de la police.

"Si l'équipe de l'ONU n'a pas d'accès illimité au Xinjiang, je n'accepterai pas leurs prétendus rapports", déclare Nursimangul Abdureshid.

- Fuite de photos -

Or, la Chine a déjà affiché clairement ses objectifs.

Lors d'un tête-à-tête lundi avec Michelle Bachelet, le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi, a émis l'espoir que son séjour aiderait "à clarifier la désinformation" sur son pays, selon son ministère.

"Nous espérons que cette visite vous permettra d'aller au fond des choses, de parler des faits et de la réalité, afin de faire taire rumeurs et mensonges", a-t-il souligné.

Michelle Bachelet est la première responsable onusienne des droits de l'Homme à se rendre en Chine depuis 2005, après des années de négociations avec Pékin sur les termes de sa visite au Xinjiang.

"Mme Bachelet doit comprendre que ce qui est en jeu, c'est la confiance du monde dans les Nations unies", déclare Raphael David, de l'organisation International Service for Human Rights (ISHR).

Lors d'une visioconférence lundi avec des représentants d'ambassades étrangères, l'ex-présidente chilienne a assuré qu'elle se rendrait dans des centres de détention, ont indiqué à l'AFP des sources diplomatiques.

Afin d'accentuer la pression sur la délégation de l'ONU, un consortium de médias étrangers a publié mardi une série de documents censés provenir du piratage d'ordinateurs de la police locale.

Parmi eux figurent des milliers de photographies, notamment d'identité, présentées comme ayant été prises dans les "camps de détention" de la région et montrant les visages de nombreuses "personnes détenues", adolescents et personnes âgées comprises.

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Le 24 mai 2022

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