Contre les bassines, une manifestation sous haute sécurité dans les Deux-Sèvres

(AFP)

Le 25 mars 2023

Plus de 3.000 forces de l'ordre mobilisées d'un côté, 1.500 "activistes violents" attendus de l'autre: la nouvelle manifestation contre les "bassines", symbole des tensions autour de l'accès à l'eau, est placée sous haute sécurité samedi dans les Deux-Sèvres.

Jusqu'à 10.000 personnes sont attendues par les autorités autour de Sainte-Soline, où l'un de ces réservoirs dédiés à l'irrigation agricole est en construction, cinq mois après un précédent rassemblement émaillé d'affrontements.

La préfecture a de nouveau interdit la manifestation, organisée par le collectif d'associations "Bassines non merci", le mouvement écologiste des Soulèvements de la Terre et la Confédération paysanne.

"Alors que le pays se soulève pour défendre les retraites, nous allons simultanément faire front pour défendre l'eau", revendiquent les organisateurs, qui ont installé un campement à quelques kilomètres de Sainte-Soline, sur la commune de Vanzay, en bordure du périmètre d'interdiction.

Après plusieurs prises de parole samedi matin, environ 6.000 personnes, selon les organisateurs et la préfecture, en sont partis à pied vers 11H00 pour tenter de rallier le chantier de Sainte-Soline en plusieurs cortèges.

"Le but, c'est d'approcher et d'encercler la bassine pour faire stopper le chantier", a affirmé à l'AFP un membre des Soulèvements de la Terre.

Un groupe composé de plusieurs centaines de personnes cagoulées a pris une direction différente, a constaté l'AFP, alors que le public semble globalement plus jeune et moins familial que la dernière fois.

"Ne tombez pas dans la violence, la vraie violence c'est celle de l'État", avait précédemment lancé à la foule Julien Le Guet, porte-parole de "Bassines non merci". Sous le coup d'un contrôle judiciaire depuis la semaine dernière, il ne peut pas prendre part à la manifestation.

- "Activistes radicaux" -

Le ministère de l'Intérieur a mobilisé 3.200 gendarmes et policiers, soit deux fois plus qu'en octobre, dispositif jugé "ahurissant" par les organisateurs.

"Il y a une très grande mobilisation de l'extrême gauche et de ceux qui veulent s'en prendre aux gendarmes et peut-être tuer des gendarmes et tuer les institutions", avait déclaré Gérald Darmanin vendredi sur Cnews.

Selon la préfète des Deux-Sèvres, Emmanuelle Dubée, "environ 1.500 activistes radicaux", venus de France et de l'étranger, pourraient se mêler aux manifestants, restés majoritairement pacifiques à l'automne.

Samedi matin, elle a incité dans un communiqué "celles et ceux qui souhaitent manifester pacifiquement et en famille à la plus grande prudence", alors que "plusieurs centaines d'individus radicaux préparent des actions violentes".

Des armes ont été saisies en amont du rassemblement - boules de pétanque, frondes, lance-pierres, produits incendiaires, couteaux et haches selon la gendarmerie.

Plusieurs élus EELV et LFI manifestent samedi, tandis que des observateurs des pratiques policières mandatés par la Ligue des droits de l'Homme doivent "documenter le maintien de l'ordre" durant le week-end.

"Notre détermination est intacte parce que l'on se bat pour des causes justes (...) sur les retraites elle est intacte, sur les bassines elle est intacte, sur le climat elle est intacte", a martelé Marine Tondelier, secrétaire nationale du parti écologiste, sur la tribune à Vanzay.

- Observateurs -

La bassine de Sainte-Soline fait partie d'un ensemble de 16 retenues, d'une capacité totale d'environ six millions de mètres cubes, qui doivent être construites dans le cadre d'un projet porté par une coopérative de 450 agriculteurs et soutenu par l'État.

Il vise à stocker de l'eau puisée dans les nappes superficielles en hiver, afin d'irriguer les cultures en été quand les précipitations se raréfient. Ses partisans en font une condition de la survie des exploitations face à la menace de sécheresses récurrentes.

Son coût de 70 millions d'euros est financé à 70% par des fonds publics en échange de l'adoption de pratiques agroécologiques par les bénéficiaires, une vaine promesse selon les opposants qui dénoncent un "accaparement" de l'eau par "l'agro-industrie" à l'heure du changement climatique.

"Il y a seulement 6% de la surface agricole utile qui est irriguée en France et il y a 100% des agriculteurs qui subissent la sécheresse", a déclaré Nicolas Girod, porte-parole de la Confédération paysanne, samedi sur RMC.

Le ministre de l'Agriculture, Marc Fesneau, a défendu quant à lui sur France Inter un projet "exemplaire" en termes de "sobriété" agricole.

Au total, 93 réserves en projet dans la région font l'objet de recours juridiques.

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Le 25 mars 2023

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