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Dossier Cet article est issu du dossier «Séisme du 8 septembre, un an après» Voir tout le sommaire

Reconstruction dans le Haouz: la moitié des habitants concernés seront relogés d’ici la fin de l’année (2/2)

Le 1er anniversaire du tragique séisme du Haouz survenu le 8 septembre 2023 approche. Dans les médias, c’est le temps des bilans. Après notre premier reportage à Talat N'Yaacoub proche de l'épicentre et où le séisme a fait d'importants dégâts, voici un récit des étapes de l'opération de reconstruction, des difficultés auxquelles elle fait face, avec un bilan chiffré.

Reconstruction dans le Haouz: la moitié des habitants concernés seront relogés d’ici la fin de l’année (2/2)

Le 28 août 2024 à 17h01

Modifié 7 septembre 2024 à 17h39

Le 1er anniversaire du tragique séisme du Haouz survenu le 8 septembre 2023 approche. Dans les médias, c’est le temps des bilans. Après notre premier reportage à Talat N'Yaacoub proche de l'épicentre et où le séisme a fait d'importants dégâts, voici un récit des étapes de l'opération de reconstruction, des difficultés auxquelles elle fait face, avec un bilan chiffré.

"Notre principal ennemi est la géographie", constate l’un de nos interlocuteurs ce mercredi 28 août 2024.

Médias24 a rencontré sur place des représentants des autorités, de la société Al Omrane qui a participé à la supervision et la coordination des opérations de reconstruction, et de la division de l’urbanisme relevant de la province du Haouz pour comprendre ce qui a été fait au cours des derniers mois dans le cadre du programme de reconstruction.

Avec eux, nous avons pu reconstituer les étapes de cette reconstruction depuis septembre 2023 à ce jour et obtenir les derniers chiffres relatifs à la province d'Al Haouz. Nous consacrerons d'autres articles aux autres provinces.

Récit, étape par étape

La première semaine après le séisme tragique avait été consacrée aux urgences: premiers secours, relogements provisoires, denrées alimentaires, etc …

Le 14 septembre, le cabinet royal a annoncé les mesures relatives à la reconstruction, décidées au cours d’une séance de travail présidée par le Souverain.

L’annonce de ces décisions a enclenché le travail de recensement des habitations entièrement ou partiellement détruites. Dans le cas d’une habitation entièrement détruite, la famille bénéficiait d’une aide de 140.000 DH pour reconstruire. Dans le cas d’une habitation partiellement affectée par le séisme, l’aide de l’Etat a été fixée à 80.000 DH. La reconstruction devait être effectuée par les concernés eux-mêmes.

Le recensement a nécessité près de deux mois

Dans la province du Haouz, le premier recensement a duré 12 jours. Une soixantaine de commissions étaient en tournée chaque jour (agence urbaine, Al Omrane, commune, bureau d’études, architecte…), chacune avec sa logistique. Al Omrane a mobilisé une centaine d’architectes pour le seul Haouz, selon nos sources.

Après ce premier travail, la population non retenue parmi les bénéficiaires des aides s’est vue accorder un délai d’un mois pour déposer un recours. Au bout de ce mois, les commissions sont reparties faire la tournée des foyers exclus du premier recensement. Ce n’est qu’à ce stade que la liste finale a été établie.

Pour la province du Haouz, cette liste comportait 25.926 bénéficiaires des deux catégories (reconstruction totale ou partielle).

Être inscrit sur la liste des bénéficiaires éligibles à l’aide de l’Etat n’est pas suffisant pour (re)construire. Un certain nombre de prérequis sont nécessaires.

Apès le recensement, déblaiement, études géotechniques et topographiques, plans types, autorisations de construire...

C’est ainsi que le LPEE a dû établir une carte des zones constructibles dans le Haouz et dans toutes les provinces touchées. La constructibilité tient à de nombreux facteurs, dont la stabilité du terrain, l’absence de menaces d’éboulement ou d’effondrement, de risque d’inondation… Des études géotechniques ont été faites douar par douar, sur les 1.300 douars du Haouz.

Dans cette carte, il y avait donc trois catégories selon le terrain choisi pour la construction: terrains constructibles sous conditions, terrains constructibles sous conditions strictes (par exemple nettoyer la montagne des rochers surplombant le terrain et pouvant provoquer de nouveaux éboulements), terrain non constructible.

193 douars et 3.000 bénéficiaires ont ainsi été bloqués, logiquement, par ce nouveau classement. Les autorités se sont alors chargées de leur trouver de nouveaux terrains et pour chaque déplacement de douar, installer des sites d’accueil et réorganiser l’hébergement provisoire.

Des géomètres et topographes ont également réalisé des levés topographiques, terrain par terrain. C’est sur la base de ces levés que les architectes ont établi leurs plans.

Vient alors l’étape de l’autorisation de construire: celle-ci nécessite le plan d’architecte, le plan de béton armé et le plan parcellaire.

Les bénéficiaires, assurent nos sources, avaient le choix entre plusieurs plans architecturaux et techniques qui leur étaient proposés.

Une fois qu'ils ont fait leur choix des différents plans et obtenus leurs autorisations, ils pouvaient entamer l'opération de reconstruction dont ils sont les seuls responsables. Aucune reconstruction ne pouvaient bien entendu démarrer sans les travaux de déblaiement des éboulis, gravats, vestiges d'effondrements... un travail gigantesque.

Les aides, elles, argent public oblige, sont débloquées par tranche, chaque tranche correspondant à une étape des travaux.

Les principales étapes de la reconstruction

Dans le cadre de la reconstruction, voici les étapes principales:

-20.000 DH allaient être automatiquement versés à tous les bénéficiaires retenus par le recensement (reconstruction partielle ou totale). Les guichets mobiles de Crédit Agricole et de Wafacash ont été mobilisés pour ces distributions.

-l’étape suivante était la réalisation des fondations.

-ensuite la structure (poutres et murs).

-ensuite le premier plancher du haut.

A toutes les étapes, il pouvait y avoir de mauvaises surprises. Par exemple, une raréfaction et un renchérissement de la main d’œuvre ont été constatés selon plusieurs témoins.

Les matériaux de construction eux-mêmes sont devenus plus rares et plus chers. Une pénurie de sable est annoncée et selon nos sources, la location d’un mulet pour le transport des matériaux de construction de la route vers la montagne peut atteindre 5.000 DH par opération.

On constate également que peu d’entreprises de construction sont présentes. Les habitants préfèrent faire appel à des tâcherons qui acceptent jusqu’à 50 ou 60 chantiers à la fois, les réalisant en série et donc d’une manière séquentielle forcément lente.

Parmi les autres contraintes constatées, l’enclavement, l’absence de remblais naturels de qualité dans le sol des terrains et… l’existence de fosses septiques au milieu des habitations effondrées ce qui oblige soit à les combler et c’est onéreux, soit à déplacer la construction.

Une partie des personnes inscrites sur la liste des bénéficiaires d’une aide pour reconstruction partielle se sont vues reclasser en reconstruction totale, sans pouvoir prétendre à une aide de 140.000 DH, les listes étant closes. Ce reclassement a été effectué par les architectes qui ont constaté l’impossibilité de conforter une construction en pisé ne souffrant apparemment que d’une fissure mais en réalité risquant l’effondrement.

Selon une situation arrêtée au mercredi 28 août, sur les 25.926 de la liste des bénéficiaires:

-1.000 ont obtenu l’autorisation de confortement.

-24.500 ont obtenu l’autorisation de construire ou de reconstruire, partiellement ou totalement.

-Sur ces 24.500, un total de 11.000 ont commencé les travaux et obtenu la réception du fond de fouille du LPEE. Autrement dit ont réalisé les fondations.

-Sur ces 11.000, un total de 8.000 ont achevé les fondations avec le dallage.

-Sur ces 8.000, un total de 5.000 ont terminé la structure, dont un millier ont également achevé le plancher haut.

 

 

 

Nos interlocuteurs estiment que d’ici la fin de l’année 2024, environ 12.000 logements auront été reconstruits totalement ou partiellement, soit près de la moitié du nombre éligible. Et 12 mois après le démarrage réel des opérations en janvier 2024.

Ils rapportent énormément de sources de retards, telles que les décès de 200 bénéficiaires, les oppositions d’héritiers dans une centaine de cas, le déplacement des douars qui sont en cours pour un total de 193 douars à déplacer pour des raisons de sécurité de la reconstruction.

Ils racontent les énormes difficultés à reconstruire la route en raison des éboulements fréquents lors des terrassements. Une route qui est désormais classée route nationale.

Nos interlocuteurs soulignent qu’un travail titanesque a été effectué et se poursuivra jusqu’au relogement final de tous les bénéficiaires, probablement dans un an ou deux.

L’un d’entre eux conclut: le relogement définitif et le redémarrage des économies après un séisme est une problématique qui a fait l’objet d’études scientifiques dans le monde. Ce n'est pas une question anodine.

Le Maroc devra capitaliser sur cette expérience car il y a peu de cas dans le monde avec autant d’efficacité, dans une géographie aussi hostile.

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