Start-up Tech : une dynamique positive de financement attendue cette année

B. B | Le 11/3/2024 à 12:24
Le secteur des start-up Tech a connu un retournement important en 2023, notamment sur le financement et les valorisations. Au Maroc, l’écosystème a été globalement épargné. Les sociétés de gestion font face à des conditions de levées plus complexes auprès des bailleurs. Le FM6I devrait créer plus d’opportunités dans le secteur grâce à la naissance de nouvelles sociétés de gestion.

Dans un contexte global de resserrement des taux et des conditions de financement, un retournement s’est opéré sur le secteur des start-up technologiques. Après un excédent de liquidité sur le marché post-Covid et des valorisations qui se sont envolées, notamment à l’international, la donne a nettement changé.

L’an dernier, en Afrique, d’après les données de Partech Africa, les investissements dans les start-up ont baissé de 46% par rapport à 2022 avec un total de près de 3,5 milliards de dollars, principalement captés par l’Afrique du Sud, le Nigéria et l’Égypte. Le Maroc se hisse à la 5e position de ce classement, avec une performance à nuancer car comptant la levée de fond de CashPlus qui n’est pas une start-up.

Alors que les leaders africains ont été fortement frappés par le retournement, le ressenti au Maroc n’est pas le même. Cette année, de bonnes perspectives se dégagent avec un renforcement du continuum d’investissement grâce au FM6I.

Une dynamique de financement épargnée et des perspectives positives

De façon générale, en 2023, le financement s’est corsé. Ce retournement s’est surtout ressenti dans les pays où cette industrie avait une certaine taille critique avec un marché assez développé.

Au Maroc, l’impact a globalement été faible sur les start-up locales. Cependant, les fonds d’investissement ou sociétés de gestion ont observé un certain durcissement des conditions de financement, notamment avec les bailleurs internationaux.

Contactée sur le sujet, Meriem Zairi, directrice générale d’EmergingTech Venture, spécialisé dans le financement des start-up Tech, nous explique : "L’impact se situe surtout au niveau des fonds d’investissement du fait de ce dur retournement outre-Atlantique. La réalité, c’est que nos start-up ont été impactées dans une moindre mesure du fait qu’elles n’étaient pas fortement exposées à ces financements internationaux".

Et de poursuivre : "Côté fonds d’investissement, nous avons observé une raréfaction des financements et des investisseurs, accompagnée d’un durcissement majeur des conditions de financement, notamment sur le plan juridique et de rémunération des sociétés de gestion. Ils allouent beaucoup moins de fonds à ces activités-là. Il y a des attentes en termes de performances qui sont bien plus exigeantes et une revue du portefeuille qui a changé, passant d’un modèle de croissance vers un modèle de rentabilité".

Il faut souligner que ces conditions se durcissent si les sociétés de gestion sont en phase de levée de fonds. Si ce n’est pas le cas et que le financement a été sécurisé avant cette période de durcissement, alors il n’y a pas de sujet.

Factuellement, les financements maroco-marocains ne se sont pas raffermis. Pour la dirigeante, les grands institutionnels ont, depuis 2020, maintenu le cap dans leurs investissements dans les start-up technologiques. "Les institutionnels marocains ont vraiment changé leurs visions sur le secteur depuis 2020. Nous voyons de belles choses se profiler ; ça bouge dans le bon sens concernant le financement maroco-marocain. Entre OCP, CDG et Al Mada, ce secteur a été fortement investi. Il y a également un cadre réglementaire qui a évolué, notamment avec les Organismes de placement collectif en capital (OPCC)", explique-t-elle.

De plus, la dynamique d’investissement dans le secteur pourra également bénéficier du rôle de catalyseur qu’aura le Fonds Mohammed VI pour l’investissement (FM6I). Pour Meriem Zairi, cette initiative pourra permettre un fort renforcement de l’industrie des start-up et un développement du continuum d’investissement grâce à la naissance de nouveaux fonds. "D’un point de vue purement positif côté marocain, ce qui va être un très gros catalyseur, c’est l’annonce de l’appel d’offres pour la partie VC faite par Mohamed Benchaaboun dans le cadre du FM6I. Elle sortira d’ici fin mars. Là aussi, c’est une grande opportunité pour voir des sociétés de gestion naître pour dynamiser l’investissement", explique-t-elle.

In fine, la situation relative au financement en 2024 sera meilleure que l’année dernière pour les start-up Tech. "Il y a des fonds qui arrivent fraîchement sur le marché avec l’impulsion du FM6I. Du coup, de nouvelles générations de fonds naîtront et viendront compléter ce continuum d’investissement", poursuit la DG d’EmergingTech Ventures.

Côté start-up et dealflow, l’impact du retournement global du marché n’a pas beaucoup touché les entrepreneurs nationaux.

Cette année, le dealflow devrait s’améliorer en 2024

Si retournement il y a eu à l’échelle mondiale, il faut lire ce phénomène dépendant des maturités et des tailles de marché. Les jeunes entreprises innovantes marocaines, contrairement à beaucoup de celles de pays africains qui drainent de forts investissements, comme l’Afrique du Sud, le Nigéria ou encore le Kenya, n’ont pas connu d’impact aussi fort lors du retournement du marché.

Cela peut s’expliquer notamment par le fait que le Maroc n’a pas connu une situation de surliquidité comme c’était le cas post-Covid. Un phénomène qui fait que les start-up marocaines n’ont pas été assujetties à des envolées de valorisation via des levées de fonds importantes. "Dans notre marché, le fait que nous n’ayons jamais été en situation de surliquidité a obligé les entrepreneurs à aller vers des modèles économiques globalement sains car ils ne pouvaient pas aller sur des modèles très consommateurs de cash, comme on a pu le voir dans d’autres pays africains. Le fait est que chez nous, le passage à l’échelle est beaucoup plus lent, mais le point positif est que l’on construit sur du dur", explique Meriem Zairi.

Si le dealflow demeure encore faible au Maroc avec des opportunités d’investissement limitées, ce dernier s’améliore. "Le dealflow se renouvelle de manière régulière et de qualité. Nous sommes exigeants dans les deals que nous concluons. Il y a un fort renouvellement de talents dans l’entrepreneuriat. Le dealflow, il est ce qu’il est aujourd’hui, mais il se renforce de manière notable", conclut-elle.

Vous avez un projet immobilier en vue ? Yakeey & Médias24 vous aident à le concrétiser!

Si vous voulez que l'information se rapproche de vous

Suivez la chaîne Médias24 sur WhatsApp
© Médias24. Toute reproduction interdite, sous quelque forme que ce soit, sauf autorisation écrite de la Société des Nouveaux Médias. Ce contenu est protégé par la loi et notamment loi 88-13 relative à la presse et l’édition ainsi que les lois 66.19 et 2-00 relatives aux droits d’auteur et droits voisins.
lire aussi
  • | Le 26/4/2024 à 15:26

    Dislog Group clôt l'acquisition de CMB Plastique auprès de Mutandis

    La transaction a été bouclée pour un total de 330 MDH. L'objectif, à terme, est de changer le positionnement de CMB Plastique. L'usine de préformes deviendra une entité qui vendra aux clients de Dislog Group, in situ, des bouteilles fabriquées avec leurs bouchons et étiquettes, leur permettant ainsi de variabiliser leurs coûts de production.
  • | Le 25/4/2024 à 15:04

    Maroc Telecom : des résultats au 1er trimestre conformes aux prévisions et des menaces persistantes

    Le groupe a affiché une légère hausse de ses revenus et une stagnation de sa profitabilité à fin mars. Ces résultats sont sans surprise. Le groupe, dans le sillage de la Coupe du monde 2030, devra fortement investir dans la 5G qui se fait encore attendre. La menace de l'amende est toujours présente, malgré l'appel de la décision judiciaire dans son litige avec Wana.
  • | Le 25/4/2024 à 10:01

    Maroc Telecom. Hausse des revenus au 1er trimestre, profitabilité stable

    Le groupe affiche une légère hausse de ses revenus à fin mars 2024, poussés par les filiales Moov. La profitabilité globale du groupe reste stable sur la période à 1.528 MDH. Les revenus au Maroc reculent de 1,3%, notamment du fait de la baisse du Mobile.
  • | Le 24/4/2024 à 14:10

    L'or à des niveaux historiques, Managem en profitera

    L'once d'or flirte désormais avec les 2.400 dollars. Du jamais vu. Cette hausse va à contre-courant de la situation macroéconomique actuelle. Factuellement, l'accélération de la hausse du cours ne trouve pas de raison fondamentale, excepté les inquiétudes géopolitiques au Proche-Orient. Managem, dont la moitié des revenus proviennent de l'or, devrait profiter de cette bonne dynamique des prix.
  • | Le 24/4/2024 à 9:03

    Bitcoin : hausse attendue d'ici la fin de l'année grâce au halving

    Historiquement, le halving tire le cours du bitcoin à la hausse. Cependant, cet effet n'est pas instantané. D'ailleurs, le cours du bitcoin n'a que peu évolué depuis le dernier halving en date du 20 avril. L'offre baissera de facto et les prix à moyen terme seront tirés à la hausse si le niveau de demande actuelle demeure soutenue par les ETF.
  • | Le 23/4/2024 à 12:10

    Le groupe Atlantique en passe de prendre un nouveau virage avec l’entrée de CDG Invest dans son capital

    La filiale d’investissement de CDG est entrée dans le tour de table du groupe Atlantique en acquérant 20% du capital. Une opération qui permettra au groupe éducatif d’accélérer sa croissance et son développement. Le président du groupe Atlantique, Rachid M’Rabet, en a dévoilé les contours lors d’une conférence de presse organisée à l’occasion, le mardi 22 avril.