Enseignement : le gouvernement et les syndicats donnent un contenu concret au gel du statut

La commission tripartite constituée par le chef du gouvernement a tenu ce jeudi 30 novembre sa première réunion avec les syndicats signataires de l’accord du 14 janvier, après le gel du nouveau statut unifié. Les deux parties se dirigent vers des mesures concrètes rapides, pour stopper la mobilisation des enseignants.

Enseignement : le gouvernement et les syndicats donnent un contenu concret au gel du statut

Le 30 novembre 2023 à 20h18

Modifié 1 décembre 2023 à 12h50

La commission tripartite constituée par le chef du gouvernement a tenu ce jeudi 30 novembre sa première réunion avec les syndicats signataires de l’accord du 14 janvier, après le gel du nouveau statut unifié. Les deux parties se dirigent vers des mesures concrètes rapides, pour stopper la mobilisation des enseignants.

Ont pris part à cette rencontre l’UMT, l’UGTM, la FDT et la CDT. Aucun membre des coordinations qui appellent encore aux grèves n’y a participé. 

Les acteurs du bras de fer sont en effet le gouvernement d’un côté, les syndicats de l’autre, et un troisième acteur actif uniquement sur le terrain que sont les coordinations et qui rejette l’accord de gel du 27 novembre.

Contacté par Médias24, Sadik Rghioui, secrétaire général de la FDT, nous apprend que lors de cette rencontre, les deux parties ont discuté "du gel du statut unifié, des sanctions qu’il prévoit, des fonctions qu’il assigne aux enseignants et de la hausse des salaires, et ont convenu ce qui suit : 

- la publication par le ministère de l’Education nationale d’une circulaire qui acte le gel du statut unifié dans sa totalité, excepté le recrutement, afin qu’il se poursuive. 20.000 enseignants et cadres devraient être recrutés pour la prochaine rentrée ;

- le retrait de toutes les sanctions du nouveau statut unifié pour se contenter de celles prévues par le statut unifié de la fonction publique ;

- lors de la prochaine réunion avec la commission tripartite, les deux parties discuteront des fonctions des enseignants ;

- une réunion prévue mercredi 6 décembre prochain avec Fouzi Lekjaâ, ministre délégué chargé du Budget, sera focalisée sur la hausse des salaires, pour qu’elle soit intégrée dans le PLF 2024".

Voici, ci-dessous, le communiqué du ministère de l’Education nationale.

Les manifestations se poursuivent malgré le gel du statut

Malgré le gel du nouveau statut, les manifestations se poursuivent, émanant des coordinations qui regroupent des milliers d’enseignants non affiliées aux quatre syndicats. Ces coordinations sont par ailleurs soutenues par la Fédération nationale de l’enseignement (FNE), le cinquième syndicat ayant pris part aux discussions qui ont précédé ledit accord avec le ministère, et qui s’est rétracté lors de sa signature.

Cette situation démontre encore une fois une problématique de représentativité au sein des syndicats, et une perte de pouvoir du côté du ministère de l’Education nationale (MEN). Une source autorisée nous confie que les discussions ne peuvent se tenir avec des acteurs non institutionnels, allusion faite aux coordinations. Toutefois, le MEN autorise les syndicats à rallier ces coordinations et à les associer au débat. D’ailleurs, chacun d’entre eux peut inviter un, deux, jusqu’à trois membres de coordinations aux rencontres avec la commission tripartite.

Ces coordinations rejettent pour leur part toutes les conclusions des réunions tenues entre le ministère et les syndicats, et refusent de rejoindre celles-ci. C’est un cercle vicieux qui semble sans fin.

Les enseignants de ces coordinations ont ainsi entamé ce lundi la sixième semaine de perturbations depuis le début de l’année scolaire, avec tout ce que celles-ci impliquent pour les parents également. Ils revendiquent le retrait de ce statut unifié, alors que les syndicats appellent, eux, à sa révision, puisqu’il contient plusieurs avantages, selon notre interlocuteur au MEN.

Le ministère n’est jamais apparu aussi faible, avec un rétropédalage permanent et acceptant de détricoter toutes ses décisions précédentes. Chaque concession l’affaiblit davantage et le rapproche de la suivante. Les coordinations ne parlent même pas de dialogue mais expriment des exigences sans même rechercher le compromis. C’est le prix fixe, à prendre ou à laisser. La réforme, pourtant vitale, est l’otage de ce bras de fer interminable.

Fonctions, indemnisations et salaires, les principaux points de discorde

Parmi les principaux points que les syndicats souhaitent changer au niveau du statut qui fait polémique, figurent :

- La redéfinition des fonctions. Selon notre source au ministère, ce statut ne contient aucune nouveauté au niveau des fonctions. Les acquis ont été conservés ainsi que les nombres d’heures de travail. Il s’agit des mêmes fonctions qu’ils exerçaient auparavant, qui ont été explicitées de manière plus détaillée et claire pour éliminer les zones grises. Un enseignant doit ainsi enseigner, saisir les notes, évaluer, donner des cours de soutien durant ses heures libres et participer à des activités extrascolaires pour assurer une meilleure assimilation des cours par les enfants.

- L’indemnisation sur les fonctions et heures supplémentaires. D’après notre interlocuteur au MEN, sur ce volet, les cours de soutien seront donnés par les enseignants durant leurs horaires de travail et non en dehors de ceux-ci.

- L'augmentation des salaires, une revendication à laquelle le chef du gouvernement s’est engagé à répondre. Sauf que sur les réseaux sociaux, et dans la rue, les demandes deviennent irréalisables, avec les moyens dont dispose le MEN. Les enseignants grévistes demandent à présent une augmentation de 3.000 DH pour toutes les catégories d’enseignants, sans contrepartie [d’évaluation notamment, ndlr], soit l’équivalent de près de 15 MMDH supplémentaires de dépenses par an, une somme dont le MEN ne dispose pas. Les grévistes appellent également à généraliser cette augmentation aux retraités et aux enseignants recrutés depuis 2011, soit des milliards de DH supplémentaires, que le ministère est incapable de mobiliser.

"Le statut unifié n’est qu’un outil de la réforme"

Dans la rue, au sein des familles et sur les réseaux, le débat est actuellement focalisé sur le statut unifié des enseignants et ses dispositions. Le ministère, lui, tient à rappeler que ce statut n’est qu’un outil de la réforme du secteur, laquelle est focalisée sur l’enfant et sur la maîtrise des apprentissages par ce dernier, mais qui ne peut se faire sans des enseignants bien formés, soutenus, accompagnés et qui s’engagent dans ce processus.

"A son arrivée, ce gouvernement a pris acte de ces constats et a généré un plan d’action volontariste visant à redresser la situation, afin de rendre à l’école publique gratuite le niveau qu’elle doit avoir pour retrouver la confiance des citoyens", nous explique notre source.

"De nombreuses réformes ont été mises en place auparavant, sans pour autant porter leurs fruits. Le MEN a donc considéré que la réforme doit se faire dans les classes. C’est ainsi qu’à partir de début septembre, et malgré les perturbations que connaît le secteur, une expérimentation a été lancée, dite "des écoles pionnières".

"Depuis la rentrée scolaire, 628 établissements dans toutes les provinces du pays, regroupant 320.000 élèves et 11.000 enseignants, en plus des inspecteurs, directeurs et autres cadres, participent à cette expérience. Les classes ont été équipées de vidéoprojecteurs et d’ordinateurs portables, et les contenus pédagogiques ont été préparés par près de 150 inspecteurs, dont une trentaine mobilisés à plein temps. Les enseignants reçoivent ainsi chaque jour les supports de cours, et les élèves des cahiers d’activités accompagnant les cours."

"En deux mois, les enfants ont progressé de l’équivalent d’un à deux ans"

Ces écoles ont bénéficié pendant deux mois de cours intensifs, qui vont se poursuivre tout au long de l’année. A l’issue de cette période, des évolutions "miraculeuses", selon notre interlocuteur, ont été constatées. "En deux mois, les enfants ont progressé de l’équivalent d’un à deux ans d’apprentissage", nous assure-t-il.

A partir de fin octobre, à l'issue de ces deux mois de cours intensifs, le MEN a démarré une nouvelle méthode d’enseignement, adaptée à la réalité marocaine, dans l’objectif de transformer non seulement la classe, mais aussi le lieu de la formation, qui est l’établissement, et la place du directeur, et d’attribuer à ce dernier les moyens d’appliquer les objectifs de la réforme. Quant à l’enseignant, il ne peut passer d’un cours à un autre que lorsque 80% des élèves maîtrisent ses notions. Dans le cas contraire, il doit y passer un peu plus de temps.

Et pour s’assurer de l’assimilation des cours, l’enseignant est tenu d’avoir un livret de compétences des élèves, qui démontre leur niveau réel. L’inspection, qui se contentait auparavant de contrôler que l’enseignant est parvenu à un certain niveau de cours, prend désormais en considération, au sein des écoles, le niveau d’apprentissage des élèves pour s’assurer qu’il n’y a aucune divergence entre la réalité et les constats des enseignants sur ces livrets.

Une autre évaluation par des cabinets internationaux sera effectuée au milieu de l’année scolaire et à sa fin, dans l’objectif de généraliser ces écoles pionnières dans d’autres établissements du primaire. Le ministère ambitionne également de lancer le collège pionnier, tout en tenant compte des différences avec les problématiques de l’école, notamment en termes d’abandon scolaire, et de celles inhérentes à l’adolescence.

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