ROUND UP. Les BRICS, qui ils sont, comment y adhérer

Si les membres actuels des BRICS sont connus, rien ne filtre sur les critères d’adhésion au groupe. Non constitué en organisation internationale, ce dernier se cherche encore, avec des membres aux objectifs souvent divergents.

ROUND UP. Les BRICS, qui ils sont, comment y adhérer

Le 17 août 2023 à 12h14

Modifié le 19 août 2023 à 10h47

Si les membres actuels des BRICS sont connus, rien ne filtre sur les critères d’adhésion au groupe. Non constitué en organisation internationale, ce dernier se cherche encore, avec des membres aux objectifs souvent divergents.

Le Maroc ne fait pas partie des pays ayant déposé une demande d’adhésion aux BRICS, contrairement aux affirmations de la ministre sud-africaine des Affaires étrangères. En tout, 67 pays issus essentiellement du "Grand Sud" ont été invités au 15e sommet des BRICS à Johannesburg, en Afrique du Sud, du 22 au 24 août.

Ce groupement de cinq pays - Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud - n’est ni une organisation internationale, ni un bloc économique, ni une union douanière. C’est une "plateforme de débat et de coopération" visant à augmenter l’influence de ses membres sur la scène internationale.

Un poids économique et démographique certain

Avec plus de 42% de la population mondiale, 23% du produit intérieur brut mondial et 18% du commerce international, les pays des BRICS pèsent en termes de chiffres. Ils dépassent sur certains points le poids du G7, groupe des premières nations industrialisée, notamment en termes de PIB en parité de pouvoir d’achat (31% contre 30%). Cette tendance devrait se creuser dans les prochaines années selon les diverses projections, notamment celles du FMI, a fortiori si cette plateforme s’élargit à d’autres pays.

La dénomination BRIC est apparue en 2001 dans les rapports internationaux, et plus précisément ceux de la banque Goldman Sachs. Toutefois, le premier sommet formalisant la constitution de ce groupe s’est tenu en 2009 à Iekaterinbourg en Russie, après la constitution du club diplomatique BRIC au Nations unies, à la suite d’une initiative russe en 2006. L’Afrique du Sud a rejoint le groupe en 2011 comme représentant du continent, après un fort lobbying du président Jacob Zuma et sur invitation de la Chine.

L’une des principales revendications de ce groupe, qui préconise une plus grande coopération Sud-Sud, est la réforme des organisations multilatérales telles que la Banque mondiale, et surtout la composition des droits de tirage spéciaux du FMI. Venue dans le sillage de la baisse de légitimité de ces institutions depuis la crise de 2008, cette revendication s’est renforcée avec la dernière inflation mondiale post-Covid-19.

Les membres revendiquent aussi une meilleure représentation des pays du Sud au niveau du Conseil de sécurité de l’ONU, ainsi que la promotion d'un développement économique plus durable. De plus en plus, la question de la prédominance du dollar dans les échanges internationaux se pose. Il s’agirait de renforcer les échanges entre pays membres via leurs propres monnaies.

Toutefois, la domination économique de la Chine dans ce groupe fait craindre une prédominance du yuan dans cette configuration, d’où la réflexion du Brésil ou d’autres pays invités dans les sommets des BRICS autour de la création d’une nouvelle monnaie commune, qui peut être virtuelle.

NBD, principale réalisation des BRICS

Une des premières mesures concrète de ce groupe est, d’ailleurs la création, dès 2014, d’une institution financière, la Nouvelle Banque de Développement (NBD), une institution voulue comme une banque de développement durable, censée rompre avec les règles de gouvernance et de conditionnalité imposées par le système financier international. La banque, dont le siège est situé à Shanghaï, avec divers sièges régionaux dans les pays membres, détient un montant approuvé de financements (dettes souveraines, non souveraines ou en equity) de l’ordre de 32,8 milliards de dollars pour 96 projets. Son portefeuille se répartit essentiellement entre les infrastructures liées au transport (31%), les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique (9%), l'eau et assainissement (8%). Une aide d’urgence Covid a été accordée pour 9 milliards de dollars, soit 27% des montants débloqués depuis la création de la banque. 61% des transactions se font encore en dollars américains, 16,3% en yuan, 9% en euros…

En plus des cinq membres des BRICS, la NBD compte aussi parmi ses membres le Bangladesh, les Emirats arabes unis (depuis 2021) et l’Egypte qui a rejoint la banque en 2023. L’Uruguay attend un accord de la part des gouverneurs de la NBD pour rejoindre les organes de gouvernance de la banque.

La NBD dispose d'un capital initial autorisé de 100 milliards de dollars, divisé en un million d'actions d'une valeur nominale de cent mille dollars chacune. Jusqu’à présent les membres fondateurs ont libéré près de 10 milliards de dollars. Les droits de vote sont répartis à près de 19% pour chacun des pays fondateurs. Le reste des droits est réparti entre les nouveaux arrivants selon leur contribution au capital. Et bien que la banque se pose en alternative dans ses modes de fonctionnement en adoptant au début le principe d’égalité des droits de vote, les nouveaux adhérents n’ont pas pu en profiter. Lors du dernier conseil de la banque, l’ancienne présidente Dilma Rousseff a été élue en tant que présidente de la NBD, affirmant les ambitions brésiliennes d’influence sur les BRICS, et plus particulièrement son principal outil, sa banque de développement.

Pas de critères clairs d’adhésion 

La dynamique d’ouverture des BRICS a certes débuté avec l’intégration de l’Afrique du Sud, dès 2011, comme porte-drapeau du continent dans ce groupe, mais elle ne s’est pas arrêtée là. En effet, chaque année, le sommet rassemblant les chefs d’Etat BRICS invite plusieurs pays à se joindre aux débats et rencontres du forum.

Cette dynamique s’est institutionnalisée lors de la présidence chinoise du sommet de 2022, lorsque la réunion des ministres des Affaires étrangères a abouti à l’adoption d’une motion permettant l’ouverture sur de nouveaux pays membres du groupe. "Nous devrions faire bon usage du modèle de coopération 'BRICS Plus' et inviter davantage de pays à participer et à travailler ensemble pour promouvoir la démocratie dans les relations internationales, l'inclusion dans l'économie mondiale et la justice dans la gouvernance mondiale, et créer conjointement des perspectives brillantes et un avenir radieux", avait alors déclaré Wang Yi, conseiller d'Etat et ministre chinois des Affaires étrangères.

L’idée des 'BRICS Plus' est apparue lors du sommet en Chine en 2017. "L'approche 'BRICS Plus' que nous avons adoptée lors du sommet de Xiamen (2017, ndlr) est conçue pour renforcer l'unité et la coordination entre les membres des BRICS pour une plus grande cohésion et, en même temps, pour continuer à élargir le 'cercle d'amis' des BRICS dans une poursuite conjointe d'un développement et d'une prospérité communs pour tous les marchés émergents et les pays en développement", a rappelé le président chinois Xi Jinping, en marge du sommet de 2022 .

Aujourd’hui, sous l’impulsion de la présidence tournante de l’Afrique du Sud qui voit dans les BRICS un "bloc politique et économique", c’est un processus d’élargissement qui est impulsé avec 23 pays candidats, mais sans procédures précises. En effet, aucun critère clair n’est adopté à part l’unanimité des membres fondateurs. Alors qu'à l'origine, la constitution du groupe s’est faite sur des bases plutôt économique, la présidence sud-africaine, débutée en janvier 2023, donne une coloration plus politique, comme l’a déclaré en avril dernier Clayson Monyela, porte-parole du ministère sud-africain des Relations internationales et de la coopération. Les leaders du groupe définiront des critères à partir de leurs "valeurs, idéologie et approche", fixant comme deadline la rencontre des ministres des Affaires étrangères des membres du groupe en juin 2023.

En marge de cette rencontre, le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Riabkov, a déclaré que "des discussions sont en cours sur les critères d'adhésion aux BRICS, et l'Afrique du Sud a accéléré ce processus", et que d'autres contacts devraient intervenir avant le sommet des dirigeants qui se tiendra au mois d'août au Cap. Riabkov a par ailleurs exhorté les autres membres des BRICS à être "ouverts" lorsqu'ils décideront d'accueillir de nouveaux membres, notant que la Russie est favorable à l'idée d'accueillir des pays arabes et des pays de l'Asie-Pacifique, car le bloc économique "manque" de représentants de ces pays. Rien n’est encore sûr, laissant planer le doute sur les intentions des divers pays constituant le groupe.

Des demandes hétéroclites

Selon la ministre sud africaine, sept pays arabes ont souhaité rejoindre le groupe. Il s’agit de l'Algérie, l'Arabie saoudite, le Bahreïn, l'Égypte, le Koweït, la Palestine et les Émirats arabes unis. Le bloc des pays asiatiques se compose du Bangladesh, l’Indonésie, l'Iran, le Kazakhstan, la Thaïlande et le Vietnam. En Amérique latine, l'Argentine, la Bolivie, Cuba, le Honduras, et le Venezuela ont demandé l’adhésion. En plus des trois pays d’Afrique du Nord, le continent est représenté également par le Nigeria et le Sénégal. Au niveau de l’Europe, la Biélorussie et la Serbie ont postulé.

Les diverses déclarations collectées sur la question de l’adhésion ne donnent pas de précisions sur les objectifs sous-jacents, ni sur la direction générale que prendra le groupe. Certaines, notamment chinoises, laissent entendre que ces adhésions peuvent se faire en tant que membres, observateurs, ou sous une autre forme, comme le renforcement des BRICS Plus.

Alors que les intérêts des membres sont divergents, les nouvelles demandes d’adhésion ne donnent pas davantage de cohérence au groupe des BRICS qui tarde à s’organiser formellement, se contentant de sommets annuels et de quelques initiatives ponctuelles. Entre volonté de dessiner un nouvel ordre mondial, plus multipolaire, et les intérêts individuels de ses composantes, le prochain sommet des BRICS risque d’être déterminant pour sa forme future… ou pas, en l’absence du président russe Vladimir Poutine.

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