Hausse de la bourse : les investisseurs semblent anticiper de bonnes nouvelles au Conseil de Bank Al-Maghrib

Le MASI affichait une hausse de 0,59% à la clôture de la séance du 16 juin à 11.409 points. Une hausse qui a été catalysée depuis les deux dernières séances où il avait gagné 3%.
Source : medias24.com
Les volumes affichent une hausse notable également, avec plusieurs centaines de millions de dirhams échangés sur les dernières séances. Si l’on observe l’évolution au cours des trois derniers mois, on perçoit une tendance haussière de fond depuis début mai. Mais quels sont les facteurs qui permettent d’expliquer cette bonne tenue de la bourse ? Cela peut s’expliquer par différents facteurs, à court terme comme à plus long terme.
Sollicité à ce sujet, Bachir Tazi, directeur général de CFG Capital Markets, nous livre ses observations sur la bonne tenue du MASI.
Des raisons de court terme peuvent influencer la hausse du marché
Actuellement, un effet saisonnier peut expliquer la récente progression du marché. En effet, après l’annonce des résultats annuels au titre de 2022, les premiers détachements de dividendes commencent. Pour notre interlocuteur, cela joue un rôle dans la bonne santé du marché.
"Il y a techniquement, à court terme, des facteurs qui peuvent expliquer cette accélération. On se rapproche des dates de détachement des dividendes, les premiers ont d’ailleurs été détachés avant d’être mis en paiement. Cela devrait se poursuivre tout au long des mois de juin et de juillet. Nous savons que les OPCVM et les institutionnels sont friands de rendements de dividendes qui viennent bonifier leurs résultats financiers", explique-t-il. Généralement, ces derniers comptent plus que la plus-value latente dans les portefeuilles.
L’une des autres raisons court terme qui influence le bon comportement du marché, c’est naturellement, le prochain Conseil de Bank Al-Maghrib (BAM) qui se tiendra ce mardi 20 juin. Contrairement aux précédents, les espoirs sont de mise cette fois-ci, dans un contexte global plus encourageant qu’il y a quelques mois. "Les investisseurs sont en train de jouer le prochain Conseil de BAM. Le consensus est entre un statu quo et une petite hausse de 25 pbs. Si cela se concrétise, ça peut être une bonne nouvelle", souligne Bachir Tazi.
Mais au-delà de l’évolution du taux directeur, ce sont surtout les mots du wali et la formulation de la note de BAM qui seront scrutés de près. En d’autres termes, le ton de la note qui sera publiée après le Conseil primera. "Au pire des cas, le marché a déjà intégré une hausse de 25 pbs. Un statu quo ne ferait que réconforter le marché. Mais ce dernier sera surtout très regardant sur le wording du communiqué. Ils veulent voir si BAM a un discours très agressif qui viendrait signifier une décélération de l’inflation, une révision à la hausse des projections de croissance, un environnement macroéconomique plus favorable. Ou alors, elle aura un discours plus conservateur, à savoir une décélération de l’inflation, mais en gardant un œil vigilant, tout en faisant une pause durant ce Conseil", explique Bachir Tazi.
En somme, c’est la visibilité ainsi que la tendance sur le long terme qui sont attendues par les investisseurs. D’autres facteurs de plus long terme peuvent expliquer la tendance haussière du MASI. Notamment la bonne reprise des positions des investisseurs étrangers, comme Bachir Tazi nous l’avait déjà expliqué dans un précédent article.
Une détente sur la courbe des taux et un meilleur environnement global
Depuis quelques semaines, un retour des OPCVM, des clients patrimoniaux (grandes fortunes, Family Offices…) et des institutionnels se fait sentir et cela encourage le marché. D’autres éléments expliquent la progression du marché. Pour notre interlocuteur, l’accélération observée ces derniers jours découle également de signaux positifs en provenance du Trésor.
"Semaine après semaine, le Trésor donne des signaux positifs lors des séances d’adjudication. L’équilibre offre-demande commence à tendre vers plus d’offres que de retenues par le Trésor, contrairement à il y a quelques semaines à peine. Cela se matérialise par une légère baisse de la courbe des taux sur certaines maturités sur le marché primaire", décrit notre interlocuteur. Cependant, il n’est pas ou peu probable qu’à court terme, les niveaux reviennent à des niveaux d’avant-crise. Mais cette correction réconforte le marché dans les allocations à faire sur le marché actions.
Il faut dire aussi que le contexte macroéconomique global se redresse, au Maroc comme à l’international, tout en conservant les données dans leur contexte. "Les projections de croissance à l’échelle nationale ne sont pas mirobolantes, tant cette année que l’an prochain, cependant nous voyons des signaux positifs sur le moyen et long terme. Nous avons un bon comportement de certains secteurs économiques stratégiques, notamment le tourisme. C’est également le cas de certaines industries, comme le secteur automobile ou aéronautique", explique le directeur général de CFG Capital Markets.
À l’international, les grandes inquiétudes des six derniers mois commencent à se dissiper. Cela s’explique par un ralentissement progressif de l’inflation observé à l’échelle mondiale. "Si certaines économies entrent techniquement en récession, il y a, notamment aux USA, un levé de pied de la part de la FED sur sa politique monétaire restrictive. On voit également que la BCE a réduit son rythme d’augmentation du taux directeur", conclut-il. In fine, tous ces signaux laissent présager une décélération de la tension sur les taux, ce qui rassure le marché.

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