Oncorad : une levée de 458 MDH et la bourse dans le viseur

Pr Redouane Semlali
| Le 12/5/2023 à 14:50
Les deux tiers de la levée ont été assurés par le nouvel actionnaire français STOA pour un peu plus de 300 MDH, et le reste par CDG Invest Growth. Douze nouvelles cliniques seront développées d’ici 2025. Un projet d’OPCI est en cours d’évaluation, et l’IPO est également dans le viseur à moyen terme.

Le groupe Oncorad a signé, le 11 mai à Casablanca, un accord pour un investissement de 458 MDH auprès de STOA, un fonds d’investissement français expert dans les infrastructures à impact, et CDG Invest Growth.

Les deux tiers de ce financement sont portés par STOA, soit un peu plus de 300 MDH, et le reste par CDG Invest Growth. Cette levée de fonds du groupe marocain Oncorad, spécialisé dans le traitement du cancer, intervient dans un contexte général de structuration des institutions de santé privées au Maroc. Il y a d’ailleurs moins d’un an, Akdital faisait son entrée en bourse, en devenant le premier acteur de santé à s’y introduire.

Cette levée de fonds du groupe Oncorad a pour objectif d'augmenter rapidement et fortement le nombre total de cliniques. Celles-ci sont actuellement au nombre de 6. Les prévisions tablent sur une capacité additionnelle d'au moins 12 cliniques à l'horizon 2025, et bien plus en 2026.

Des villes actuellement peu desservies en termes d’infrastructures de santé, telles que Nador, El Jadida, Ksar el Kébir, Safi et Bouskoura, sont ciblées.

Juridiquement, cette levée de fonds prend la forme d'une augmentation de capital réservée. Elle permettra de mobiliser davantage de partenariats immobiliers et de financements bancaires, et de mettre éventuellement à la disposition du groupe Oncorad plus de 2 milliards de dirhams, dont une partie sera dédiée au développement de lexpertise médicale au Maroc ainsi quà la mise en place de structures améliorant laccès aux soins pour les patients marocains situés dans les déserts médicaux.

Il est à noter que cette levée de fonds n’est pas la première ouverture de capital du groupe, puisqu’elle l’avait déjà ouvert en 2019 à Capmezzanine II, géré par CDG Invest Growth. Suite à cette première ouverture, le groupe Oncorad précise qu’il "a augmenté son chiffre d’affaires de plus de 20% par an, et son EBITDA de 16% par an. C’est ainsi que le groupe s’est institutionnalisé et a doublé de taille en quatre ans. Il est aujourd’hui valorisé à plus d’un milliard de dirhams. Le groupe est présent à travers cinq cliniques spécialisées dans l’oncologie et une clinique généraliste, employant un total d’environ 600 salariés. Désormais, les ambitions du groupe vont au-delà de l’oncologie pour proposer une offre de soins multidisciplinaire à travers le concept de cliniques ‘Océanic’".

Sur la partie relative à lexpansion, Médias24 s’est entretenu, en marge de l’événement, avec le professeur Redouane Semlali, PDG et cofondateur d’Oncorad.

Une réorganisation en OPCI à terme pour accompagner le développement immobilier

Pour les développements d’infrastructures médicales, la tendance pour les acteurs de la santé privée notamment est de se défaire des activités qui nentrent pas dans leurs corps de métier.

Comment le groupe Oncorad va-t-il procéder à l’expansion de son réseau de cliniques d’ici 2025 ? "Nous avons une opportunité conjoncturelle du désir de l’investisseur en immobilier d’investir dans le locatif professionnel. Ensuite, le groupe n’a pas vocation à construire et développer des activités immobilières. C’est un acteur de soins. Nous participons, sur certains projets, au financement du développement immobilier sans nous y impliquer totalement", nous explique Redouane Semlali.

La raison de ce désengagement réside dans le fait que, dans une clinique, l'immobilier représente 50% des coûts, et l’équipement médical 50%. "Si l’on se déconnecte de l’immobilier, au lieu de faire une seule clinique, on peut en faire deux. C’est là que réside notre logique", explique le PDG du groupe.

Il précise que "chaque ville où le groupe est présent dispose d’une société immobilière à part. Nous créons des sociétés avec des investisseurs sur chaque projet immobilier. Il n’y a donc pas de filière immobilière qui regroupe tout. Comme nous avons des partenaires diversifiés, nous avons préféré créer une société pour chaque projet".

"Une réorganisation est en cours dans ce domaine, dans l’optique de créer une OPCI. Nous sommes déjà en cours d’évaluation", poursuit Redouane Semlali. Cette stratégie d’expansion et de développement du groupe pourrait se solder sur le marché boursier à moyen terme, d’après le PDG du groupe et la présidente du fonds actionnaire STOA, qui ont évoqué le sujet lors de la conférence de presse.

Une IPO judicieuse d’ici quatre ou cinq ans selon le nouvel actionnaire

A l’instar d’Akdital, l’un des autres acteurs du secteur de la santé privé au Maroc, Oncorad affiche également des ambitions boursières en vue de poursuivre son développement. Une sortie royale qui, après avoir été accompagnée par CDG Invest Growth et STOA, pourrait être pleinement envisagée.

Interrogé sur cette possibilité, Redouane Semlali n’en fait pas un secret : "Le groupe a fait de l’apprentissage et de la gestion en bon père de famille avec Capmezzanine II dès 2019. Nous allons poursuivre notre apprentissage avec le nouvel investisseur qu’est STOA. Tous les maillons de l’investissement pour aller en bourse sont là, et je pense qu’à très faible échéance, il y aura une dynamique boursière."

Une vision du cofondateur d’Oncorad qui semble en accord avec celle de la présidente de STOA, Marie-Laure Mazaud. Lors de la conférence, elle a indiqué que "dans le cadre de cet investissement, nous pensons qu’à un horizon de temps de quatre à cinq ans, il sera tout à fait judicieux d'envisager une introduction en bourse si on atteint un niveau de rentabilité et d'EBITDA suffisant pour attirer des investisseurs tiers, et assurer derrière la liquidité suffisante de la cotation et de la valorisation de la société. Nous sommes ouverts à des évolutions dans le temps qui permettent au groupe de croître par lui-même et d’avoir accès à des sources de financement différentes et diversifiées".

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