Le 14 mars, le groupe Sanlam Maroc a présenté ses résultats annuels 2022 et s'est prêté au jeu des questions réponses en présence des analystes de la place et des journalistes.

Côté chiffres, le groupe affiche en 2022, un chiffre d’affaires global de 5.955 MDH en hausse de 5,9% par rapport à 2021. Une performance positive malgré le contexte de tension dans l’économie, marquée par un PIB en nette décélération par rapport à 2021 à +1,4%. Le directeur général de Sanlam Maroc, Yahya Chraïbi a également souligné le recul de la matière assurable, notamment du fait de la baisse des ventes de véhicules neufs en 2022 avec un retrait de 8% par rapport à l’année précédente.

Cependant, le chiffre d’affaires de l’activité Non-Vie s’est établi à 5.022 MDH en hausse de 6,8% par rapport à fin 2021. Dans cette branche, l’assurance automobile a affiché une progression de 5,5% à 2.673 MDH. Le chiffre d’affaires de l’activité Vie s’élève à 932 MDH en hausse de 1,5% par rapport à fin 2021.

Les placements affectés aux opérations d’assurance s’élèvent à 15.699 MDH en évolution de +0,7% par rapport à fin 2021. A fin décembre 2022, les provisions techniques nettes de la part des cessionnaires évoluent de +1,5% par rapport à fin décembre 2021.

Le résultat financier baisse de 13% du fait des contreperformances du marché financier à 485 MDH. Le résultat net du groupe progresse de 2,9% et ressort à 370 MDH en 2022. In fine, le Conseil d’administration a décidé de proposer la distribution d’un dividende de 36 dirhams par action contre 35 dirhams en 2021.

Une année 2023 optimiste sur l’activité d’assurance-vie

Le directeur général du groupe a annoncé que le groupe détenait une part de marché de 5% sur l’assurance-vie.

« Nous ne cherchons jamais à faire de la croissance de prix pour faire de la croissance. Si l’on regarde notre portefeuille Vie, on a beaucoup fait évoluer le ratio de la prévoyance par rapport à l’épargne. Comme vous le savez, encore aujourd’hui, la prévoyance est plus rentable pour une compagnie que l’épargne », explique-t-il en soulignant que le démarrage de la collecte en ce début d’année est positif sur cette activité.

Cette dynamique devrait d’ailleurs se renforcer d’après Yahya Chraïbi du fait de la mise en place du nouveau dispositif fiscal de la Loi de Finances 2023. « Nous sommes ravis du nouveau dispositif fiscal qui concerne l’épargne parce que cela vise à améliorer l’épargne long terme. Jusque-là, l’épargne était plutôt une épargne de défiscalisation sur plus ou moins court terme qui n’était pas forcément rentable pour la compagnie », explique-t-il.

En fin d’année dernière, un léger mouvement de rachat avait été observé avant l'adoption finale de la Loi de Finances, mais désormais, la collecte est positive.

Concernant l’activité Vie, le DG a également évoqué l’activité de commercialisation de produit de micro-assurance par les établissements de paiement. « Nous prévoyons des partenariats en ce sens et en avons déjà bouclé un. Nous avons travaillé sur les partenariats avec les instituts de paiement et de microfinance car ce sont des relais de croissance importants sur la branche Vie et qui nous intéressent beaucoup » souligne-t-il.

Placement : un premier trimestre calme et une attente de la décision de BAM

Après une année 2022 secouée par la baisse du marché boursier, le résultat financier a affiché un retrait de 13% par rapport à 2021. Mais dans un contexte de hausse des taux et dans un marché actions atone, quelle est la stratégie de placement de Sanlam Maroc ?

Sur le sujet, Youssef Berrada, directeur financier du groupe explique que le groupe est optimiste pour 2023. « Il est clair que le premier trimestre était très calme. La plupart de nos placements se font faits sur le monétaire et le court terme. Nous attendons la sortie de Bank al Maghrib la semaine prochaine pour revoir nos placements sur l’obligataire », explique-t-il.

Le groupe demeure optimiste également sur le marché actions et se dit très preneur sur les actions à fort potentiel. « Nous sommes également en train de revoir notre politique de placement pour augmenter notre récurrent en terme de revenus, et sur la partie financière et sur la partie immobilière », précise-t-il.

La généralisation de l’AMO va tripler l’assiette d’assurés potentiels en AMC

L’autre raison de rester optimiste en cette année 2023 vient de la généralisation de l’Assurance Maladie Obligatoire (AMO).

L’assureur voit dans ce vivier, une bonne opportunité d’élargir sa base d’assurés. Sur la question, le directeur général souligne : « Sanlam détient un portefeuille de 3,5 millions de bénéficiaires sur la santé. Parmi eux, 2 millions sont des assurés en AMC (assurance maladie complémentaire, ndlr). Beaucoup sont des fonctionnaires et aujourd’hui, nous traitons près de 10.000 dossiers par jour. La très bonne nouvelle pour nous, c’est que la généralisation de l’AMO va tripler l’assiette d’assurés potentiels en AMC CNSS, ce que nous voyons comme un vrai relais de croissance potentiel pour nous ».

Cette cible est également un bon levier pour développer l’assurance Vie, comme nous l’expliquait Marouane Chraibi, Directeur Business Unit Vie & Bancassurance chez Sanlam Maroc, dans un précédent article. "C’est un marché qui reste à créer. Nous pensons que c’est le moment propice pour le faire, car il y a des discontinuités réglementaires qui sont en train de s’opérer. Il s’agit notamment de la généralisation de l’AMO, qui a intégré une grande population dans le portefeuille de la CNSS. Cette population devient de plus en plus sensible et développe un appétit pour la prévoyance vie", confiait-il. 

Concernant les autres nouveautés de l’année, le DG est revenu sur la mise en place de produits en unités de compte. Sans dévoiler de détails, il a annoncé : « Un premier produit a été bouclé, et nous avons sélectionné des partenaires distributeurs et nous sommes en cours de lancement, donc cela ne saurait tarder ».