Bourse : rentabilité, volumes de ventes, les incertitudes font reculer l'agroalimentaire
Le secteur ‘Agroalimentaire et Production’ connaît un recul de près de 14% en YTD, plus prononcé que le MASI qui lâche quant à lui 11% à l’ouverture de la séance du 19 juillet.
Ce secteur dont les principales valeurs sont Cosumar, Lesieur-Cristal et Mutandis, est généralement résilient en bourse. En 2020, année de déclenchement de la pandémie, l’indice avait reculé de 4% seulement contre plus de 7% pour le MASI.
Mais cette année, de nombreuses inconnues planent sur les valeurs composant le secteur agroalimentaire. Une seule certitude cependant, c’est que les industriels évoluent dans un environnement fortement inflationniste. Cela a eu pour but de les faire bénéficier d’un bon effet prix durant le premier trimestre de l’année 2022. A titre d’exemple, Lesieur-Cristal et Mutandis affichaient des chiffres d’affaires en amélioration de 63% et 40% respectivement à fin mars.
Ces chiffres pourraient laisser présager de belles perspectives en 2022, mais pourquoi l’indice est-il à la peine à la bourse ?
Baisse des volumes de ventes et des marges attendues en 2022
A dire vrai, ces chiffres annoncés à fin mars, ne sont pas pleinement représentatifs de l’impact de la situation actuelle sur les industriels du secteur. Car deux indicateurs clés n’ont pas été communiqués dans les résultats trimestriels et le seront dans les résultats semestriels. Il s’agit des volumes de vente et de la marge.
Pour un analyste de la place, « l’inflation fait nettement progresser les ventes du fait d’un bon effet prix, mais l’impact réel est de savoir si cette progression masque un recul des volumes et de la rentabilité. La réelle question est de savoir si les acteurs peuvent répercuter l’intégralité des pressions inflationnistes sur les prix de vente sans perdre des parts de marché ».
Le fait est que cela est peu probable. « Ils n’ont pas la latitude pour répercuter cela directement ni intégralement, car il y a l’impact du stock. Si la concurrence a un stock important, elle peut maintenir un prix relativement bas et donc conserver ses parts de marché », poursuit notre interlocuteur.
Cette année, il est très probable que les acteurs du secteur accusent une baisse des volumes de vente du fait de la dégradation du pouvoir d’achat des ménages, grevé par la hausse généralisée des prix. Parallèlement, un bon effet prix sera observé. « La seconde question, qui concerne les marges est encore entière. Il faut rappeler que ce produits sont facilement substituables, donc les acteurs ne peuvent pas répercuter rapidement la hausse du prix des matières premières, ce qui engendrera probablement une dégradation du niveau de marge », explique notre analyste.
In fine, les cours de bourse de Cosumar, Lesieur-Cristal et Mutandis seront fortement influencés lors de la publication des résultats semestriels indiquant l’impact concret sur les indicateurs de rentabilité. « Soit les résultats seront pires que ce qui a été anticipé et l’indice va plonger, ou bien ils seront plus satisfaisants qu’attendu, et il y aura une reprise de l’indice. Ce sont clairement ces résultats qui apporteront une correction du marché dans un sens ou dans l’autre », poursuit notre source.
Mutandis et Lesieur-Cristal : des marges affectées inégalement
Cette année, après un premier trimestre affichant une hausse de 40% du chiffre d’affaires à 422 MDH, Mutandis devrait afficher une solide hausse de son activité. Cela provient notamment de l’évolution de son périmètre avec les revenus sur douze mois de la marque de sardines haut de gamme Season, acquise en 2021. « La contribution se verra sur une année pleine contre une contribution sur cinq mois uniquement en 2021, donc il y aura forcément un effet périmètre positif qui fera évoluer le chiffre d’affaires et les résultats », souligne notre analyste.
Les dégradations de rentabilité sur le périmètre historique (détergents, eau…), engendrées par la hausse des matières premières, devraient être contrebalancées par la marque Season. « Cependant, si l’on fait des ajustements pour mesurer la performance du périmètre constant, il se peut que l’on assiste à une légère dégradation des niveaux de marge. Tout cela reste à voir », indique l’analyste.
Du côté de Lesieur Cristal, la situation est plus tendue. Le groupe fait face à une très forte hausse des matières premières, notamment du soja, qui constitue la vaste majorité de l’huile de table consommée dans le pays. « L’inflation sur le soja pèse lourd pour le groupe, d'autant que l’huile est une denrée de base, donc il est difficile de répercuter pleinement la hausse. Cette dernière est faite par palier. Dans leur cas, il est évident qu’il y aura une dégradation du niveau de rentabilité. Il y a des marques de substitution qui plus est », note notre analyste. Le groupe a déjà commencé à bénéficier d’un bon effet prix sur les trois premiers mois de l’année. Cela se poursuivra sur l’année globale avec une forte hausse du chiffre d’affaires anticipée.
Cosumar : des marges partiellement impactées par la mauvaise campagne agricole
Le sucrier devrait connaître, cette année, une dégradation de ses marges du fait d’une mauvaise campagne agricole 2022. « Actuellement, les marges de raffinage pour l’export sont globalement bien orientées. Elles sont même meilleures que sur l’année dernière en moyenne. Cela pourrait éventuellement pallier en partie l’impact de la mauvaise campagne agricole », avance l’analyste. Pour rappel, cette marge correspond à la différence entre le prix du sucre brut sur le marché de New-York et le prix du sucre raffiné sur le marché de Londres. Cela est déterminé par l’offre et la demande au niveau international.
Le groupe devrait également bénéficier d’une meilleure dilution de ses charges fixes sur l’année, notamment grâce à la montée en puissance de la raffinerie saoudienne de Durrah. « Elle devrait tourner cette année à pleine capacité ou presque, ce qui fait que les charges fixes devraient être mieux diluées. Les résultats de la mise en équivalence devraient être améliorés. Mais, là encore, l’incertitude est élevée, car il y a beaucoup de facteurs à prendre en compte pour déterminer si les uns vont venir mitiger les autres », conclut notre analyste.
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