Ana Palacio: “L'UE ne peut rester un observateur passif sur la question du Sahara”

Ana Palacio, ancienne ministre espagnole des Affaires étrangères (2002-2004) est revenue sur les tenants et les aboutissants de la crise maroco-espagnole. Pour elle, l'Espagne se doit de se mettre dans l'optique "solution" pour résoudre ses dissidences avec le pays voisin.

Ana Palacio: “L'UE ne peut rester un observateur passif sur la question du Sahara”

Le 18 juin 2021 à 11h50

Modifié le 18 juin 2021 à 14h11

Ana Palacio, ancienne ministre espagnole des Affaires étrangères (2002-2004) est revenue sur les tenants et les aboutissants de la crise maroco-espagnole. Pour elle, l'Espagne se doit de se mettre dans l'optique "solution" pour résoudre ses dissidences avec le pays voisin.

Ana Palacio est revenue sur les épisodes clés ayant marqué le début de la crise maroco-espagnole. Entre l'accueil incognito de Brahim Ghali par l'Espagne et l'afflux migratoire aux portes de Sebta, l'ancienne ministre espagnole des AE a fait le tour, sans oublier le contexte inhérent aux multiples évènements, qui n'est autre que le rejet, par l'Espagne, d'adopter une position claire sur la question du Sahara.

"Il est dans l'intérêt de l'Espagne d'éviter que la situation ne s'envenime davantage"

Pour bien comprendre la crise, souligne-t-elle, il faut "l'analyser sous l'angle bilatéral, européen et international".

Revenant sur l'affaire Ghali, elle remet en cause la décision espagnole de l'accueillir incognito pour cause "humanitaire". Selon elle, "expliquer un acte politique uniquement en termes moraux a peu de chances de convaincre". L'Espagne ne pourrait pas dire le contraire.

Concernant l'afflux migratoire aux frontières de Sebta, Ana Palacio explique que Rabat "avait eu recours à un acte symbolique et purement bilatéral de représailles".

Pendant ce temps, explique-t-elle, "Madrid insiste sur le fait que les arrivées marocaines représentaient un assaut sur une frontière extérieure de l'Union européenne, et que l'acte d'hostilité ne se limitait donc pas à l'Espagne".

Selon ses propos, cette prise de position est défendable car "la question de l'immigration, c'est une question qui s'inscrit dans le réseau complexe des politiques de l'UE". Cela dit, elle ne permet pas d'appréhender sainement la crise et de la remettre dans son contexte: la position de l'Espagne sur la question du Sahara. Jeu aveugle auquel l'Espagne continue de jouer, en regardant le doigt alors que le Maroc désigne la lune.

"La  solution n'est pas de se réfugier dans le fait que le Sahara est une question de l'ONU"

Ana Palacio attribue à l'Espagne "la responsabilité historique, et morale, de ne pas rester les bras croisés".

Sur l'attitude de  l'UE, elle ajoute "que se réfugier dans le fait que le Sahara est une question de l'ONU ou de réclamer un énième envoyé spécial", n'est pas une solution.

Elle invite par ailleurs l'UE a prendre l'initiative dans la résolution du conflit compte tenu de son rôle et du contexte géopolitique.

"Une UE qui cherche à définir son autonomie stratégique devrait chercher à adopter le modèle mené par ce qu'on appelle l'UE3 (Allemagne, France et Royaume-Uni, plus le secrétariat du Service européen pour l'action extérieure), qui a contribué à démêler le nucléaire iranien. question (qui, comme le Sahara, est bloquée dans les bas-fonds du Conseil de sécurité). L'UE devrait appliquer cela au Sahara en envisageant une nouvelle UE3 (Allemagne, France et Espagne) ou UE4 (en ajoutant certains des pays nordiques) avec les institutions européennes".

"Une initiative de type UE3 contribuera également à la notoriété de l'Espagne et renforcera à la fois ses liens avec le Maroc et dénouera les nœuds apparus. L'UE ne peut pas rester un observateur passif pendant que la question du Sahara fait des ravages en créant de nouvelles divisions et dissensions. Au lieu de cela, il gagnera en leadership et en respect, à la fois en tant qu'acteur multilatéral et dans ses relations avec l'Afrique".

"La politique étrangère américaine se concentre sur des endroits très éloignés de la Méditerranée en général (voir comment Washington traîne les pieds au Moyen-Orient) et du Maghreb en particulier. Ses priorités se situent dans l'Indopacifique. En revanche, l'UE a un intérêt vital et incontestable pour la région, compte tenu de sa position géographique. Il s'agit d'une région flanquée de deux voisins avec lesquels l'UE connaît des désaccords sans précédent : la Turquie et le Maroc. Il convient de souligner que les deux pays partagent non seulement des rôles de gardien de l'immigration, mais également des conflits de souveraineté enracinés aux Nations Unies, à Chypre et au Sahara."

 

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