La presse anglo-saxonne critique l’intégration à la française

Après les attentats, elle pointe les faiblesses du modèle français, les ghettos et la radicalisation d’une partie de la jeunesse.

La presse anglo-saxonne critique l’intégration à la française

Le 13 janvier 2015 à 16h33

Modifié le 11 avril 2021 à 2h36

Après les attentats, elle pointe les faiblesses du modèle français, les ghettos et la radicalisation d’une partie de la jeunesse.

Le quasi « silence radio » de la presse française sur le thème de l’intégration au lendemain des attentats visant Charlie Hebdo et la communauté juive est la preuve d’un embarras français.

Il semble que les voix qui ont crié le plus fort en France sont celles qui ont appelé à la désolidarisation de tous les musulmans des actes terroristes, et à une remise en cause de l’Islam français, dans le sens d’une plus grande intégration des valeurs de la République.

Plus majoritairement et modérément, la presse française s’est levée pour défendre la valeur fondamentale de la laïcité en France, que rien ni quiconque ne pourra ébranler.

Vu de Washington ou Londres, un regard différent

Une partie de la presse anglo-saxonne s’est elle faite le relais d’une voix plus minoritaire en France, celle qui pointe la responsabilité du modèle d’intégration à la française.

L’opinion de ces journalistes est que le triple attentat qu’a connu Paris n’est pas véritablement une surprise, au regard des débats de plus en plus clivant qui animent la société française. Toutefois, rendons à César ce qui est à César : parmi ces journalistes de nombreux sont français, comme Sylvie Kauffman qui avant d’opérer au New York Times fut directrice de la rédaction au Monde.

Les terroristes sont des enfants de la république

Du New York Times au Guardian, la même évidence est pointée. Les meurtriers de Charlie Hebdo et du supermarché casher sont des enfants de la république. Le Guardian titrait le 12 janvier : « les assaillants de Charlie Hebdo : nés, élevés et radicalisés à Paris ».

Le même jour, le New York Times : « Un jihadisme né dans un parc parisien et alimenté dans une cour de prison ». Si le système carcéral français n’est pas explicitement critiqué, les journalistes posent une question : comment explique-t-on que ces jeunes soient sortis de prison plus radicalisés que jamais ?

Au Financial Times, on donne la voix à un lecteur qui appelle la France à « attaquer à la racine la douleur de ses ghettos ». Celui-ci met en évidence le fait que la Suisse, où vit une population musulmane importante, n’a eu à déplorer aucune attaque terroriste. Pour ce lecteur, la différence entre la Suisse et la France est l’existence de ghetto chez cette dernière, où le chômage des jeunes peut avoisiner les 40%. Ces poches de discrimination, de chômage et d’avenir sans espoir, sont un terreau idéal pour la radicalisation des jeunes. A la différence, la Suisse, réussirait mieux l’intégration de ses jeunes, plus que de ses communautés, à travers son système éducatif qui fait la part belle à l’apprentissage et à la formation professionnelle.

Il faut une discussion nationale avec l’Islam modéré

Manuel Valls déclarait le 10 janvier : « la France est en guerre contre le terrorisme, le jihadisme, l’Islam radical ».

Ce genre de saillie médiatique fait certainement plus de mal à l’intégration qu’une discussion citoyenne avec les différentes parties prenantes de l’Islam modéré.

C’est en tout cas l’opinion de Sylvie Kauffman, directrice éditoriale du NYT, et ancienne éditrice en chef du Monde. Pour elle, la France ne peut combattre l’Islam radical qu’avec le soutien de l’Islam modéré. Interrogée sur la différence entre le 11 septembre et Charlie Hebdo, elle suggère que ce dernier épisode n’a pas été réellement une surprise en France.

L’éditorialiste énumère les épisodes ayant animé le débat sur l’Islam de France: la loi française d’interdiction du voile dans les écoles et les administrations publiques, Mohammed Merah, l’épisode de l’Opéra de Paris, où une femme voilée avait été amenée à quitter la salle parce qu’elle refusait de se dévoiler durant une représentation de la Traviata.

Elle suggère que les attaques de Charlie Hebdo ont heurté en plein cœur l’identité laïque de la France, plus qu’une idée de la liberté d’expression. En tant que Française, elle questionne la responsabilité citoyenne dans la crispation communautaire et l’absence de dialogue avec l’islam français « Nous sommes obsédés par la montée de l’Islam. Des intellectuels français, comme Houellebecq, sont capables de débattre pendant des heures de l’Islam et du sécularisme en France (...) Cependant nous avons été incapables d’avoir une discussion nationale rationnelle sur l’intégration de l’Islam dans nos valeurs fondamentales ».

Sur l’obsession islamophobe, Foreign Policy s’interrogeait dès le 8 janvier : « Les intellectuels français ont-ils un problème musulman ? » Le journal y décrit la place accordée aux écrivains Houellebecq, Zemmour, pamphlétaires xénophobes adeptes des théories sur l’islamisation rampante de la France et de son prétendu grand remplacement, sur la scène médiatique française. Le journaliste s’inquiète que ces voix ne s’éteignent pas au lendemain des attentats, voire même soient légitimées pour une partie des français.

« La France, le creuset de l’Europe »

Ross Douthat du New York Times considère plutôt que les évènements ont braqué les projecteurs sur la France, et l’appellent au grand défi de l’assimilation des musulmans. Le pays est amené à montrer si les Etat-Nations européens peuvent réussir l’intégration des musulmans. La France doit être le creuset de l’Europe et montrer la voie pour un modèle européen d’inclusion. 

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