Cauchemardesque. Daesh a rétabli l’esclavage et le raconte

Jusque là, il n’y avait eu que des témoignages épars, parfois sujets à caution, rarement authentifiés de source indépendante. Là, c’est Daesh lui-même qui l’annonce, et le revendique, non sans fierté : “oui nous avons rétabli l’esclavage pour la première fois depuis la fin de l’application de la charia“. Récit.

Cauchemardesque. Daesh a rétabli l’esclavage et le raconte

Le 14 octobre 2014 à 16h34

Modifié le 14 octobre 2014 à 16h34

Jusque là, il n’y avait eu que des témoignages épars, parfois sujets à caution, rarement authentifiés de source indépendante. Là, c’est Daesh lui-même qui l’annonce, et le revendique, non sans fierté : “oui nous avons rétabli l’esclavage pour la première fois depuis la fin de l’application de la charia“. Récit.

Après avoir lu le texte, on reste sans voix. Le choc est rude. Comment peut-on imaginer que des êtres humains au 21ème sicèle, nos supposés semblables, puissent agir ainsi?

C’est en anglais que Daesh a choisi d’annoncer le rétablissement de l’esclavage. Dans son magazine “Dabiq“, diffusé dimanche 12 octobre, un article de quatre pages est venu apporter cette grande nouvelle: le rétablissement de l’esclavage "avant le jour du Jugement dernier". Selon eux, Dieu a ordonné aux musulmans de tuer les polythéistes, de les assiéger, de les capturer et les musulmans devront en rendre compte le jour du Jugement.

Les Yézidis, explique l’article, sont parfaitement éligibles à ce traitement: ils sont qualifiés de “païens“ depuis des siècles, ils “vivent dans le culte de Satan qu’ils considèrent comme un ange déchu mais pardonné“. D’ailleurs, la raison principale de l’intervention militaire d’Obama est “bien de venir à leur secours“.

L’article raconte qu’à la veille de la prise récente de Sinjar, la fameuse ville kurde, qui a donné lieu à l’exode des Yazidis et à leur persécution, les spécialistes de la charia au sein de Daesh ont été chargés de répondre à la question: comment traiter les Yézidis? comme un groupe polythéiste? ou comme des musulmans apostasiés?

La conclusion était que “l’origine apparente de leur religion yazidie se trouve dans les pratiques magiques de l'ancienne Perse, mais réinterprétées avec des éléments de Sabéisme, le judaïsme et le christianisme, et, finalement, exprimée dans le vocabulaire hérétique de l’extrême soufisme“.
En conséquence, Daesh les a considérés comme des polythéistes et non comme les gens du Livre.

Daesh rappelle que dans le cas des gens du Livre (juifs ou chrétiens), il impose le choix entre le paiement de l’impôt de capitation (al jizyah), la conversion à l’Islam ou la guerre.  Daesh ajoute que les femmes des polythéistes peuvent être réduites en esclavage, alors que ce n’est pas le cas des femmes des apostats (c’est-à-dire de la majorité écrasante des musulmans selon la terminologie de l’organisation terroriste).

Les phrases les plus terribles de l’article sont encore à venir. Dans un récit froid, comme le serait celui d’un entomologiste décrivant la vie des insectes, l’auteur anonyme de l’article ajoute: “après la capture, les femmes et les enfants Yazidis ont ensuite été répartis en fonction de la Shari'a parmi les combattants de l'Etat islamique qui ont participé aux opérations de Sinjar“. Précision importante: “le cinquième des esclaves ont été transférés“ au pseudo calife Abou Bakr Baghdadi, pour ses propres besoins et éventuellement pour l’organisation.

Ce n’est pas fini: “Cet esclavage à grande échelle de familles polythéistes est sans doute une première depuis l'abandon de cette loi de la Charia. Le seul autre cas connu mais à une échelle beaucoup plus petite - est celle de l'esclavage des femmes chrétiennes et les enfants des Philippines et au Nigeria“. L'auteur de l'article ne cache pas sa fierté.
“Les familles Yazidi réduites à l’esclavage sont maintenant vendues par les soldats de l'Etat islamique“, se vante l’article qui précise que les mères ne sont pas séparées de leurs jeunes enfants et que beaucoup de familles ont préféré se convertir à l’Islam et échapper ainsi à l’esclavage.

Cet ahurissant article “considère qu'asservir les familles des kuffār (mécréants) et prendre leurs femmes comme concubines est un bien établi de la Shari'ah“. De plus, “un certain nombre de savants contemporains ont mentionné que l’abandon de l'esclavage avait conduit à une augmentation de fahishah (adultère, la fornication), parce que l'alternative licite au mariage n'est pas disponible. Alors un homme qui ne peut pas se permettre mariage avec une femme libre se retrouve entouré par la tentation vers le péché“.

L’auteur continue sur la vie contemporaine: “En outre, de nombreuses familles musulmanes qui ont embauché des femmes de ménage à travailler à leur domicile, se retrouvent dans des situations de Zina (adultère) survenant entre l'homme et la femme de ménage, alors que si elle était son esclave, cette relation serait licite“.

On reste sans voix, effectivement!

 

Une vidéo de HRW avec des témoignages

 

Le même jour où ce pavé nauséabond était diffusé, Human Rights Watch indiquait que 366 cas d’esclavage ont été nominativement identifiés mais l’organisation n’exclut pas un nombre beaucoup plus important.

 

Une série satirique contre Daesh en Irak

En Irak, un réalisateur de télévision a eu l’idée de lancer une série qui se moque de Daesh. Cette série qui est captée sur tout le territoire irakien, y compris dans les zones contrôlées par Daesh, met en scène le pseudo calife lui-même. La série, basée sur l’ironie, la satire, le ridicule des situations, cartonne. Elle en est à son quinzième épisode. Se moquer des chefs des jihadistes ou intégristes est un exercice qui s’est avéré dans d’autres circonstances.

La série s’appelle Dawlat Al Khourafa (l’Etat imaginaire), par opposition à Dawlat Al Khilafa (l’Etat califal).

Vous avez un projet immobilier en vue ? Yakeey & Médias24 vous aident à le concrétiser!

Si vous voulez que l'information se rapproche de vous

Suivez la chaîne Médias24 sur WhatsApp
© Médias24. Toute reproduction interdite, sous quelque forme que ce soit, sauf autorisation écrite de la Société des Nouveaux Médias. Ce contenu est protégé par la loi et notamment loi 88-13 relative à la presse et l’édition ainsi que les lois 66.19 et 2-00 relatives aux droits d’auteur et droits voisins.
Tags :

Médias24 est un journal économique marocain en ligne qui fournit des informations orientées business, marchés, data et analyses économiques. Retrouvez en direct et en temps réel, en photos et en vidéos, toute l’actualité économique, politique, sociale, et culturelle au Maroc avec Médias24

Notre journal s’engage à vous livrer une information précise, originale et sans parti-pris vis à vis des opérateurs.