Monétique: les valeurs du secteur brillent en bourse
Bien qu’elles ne représentent pas de grosses capitalisations, les valeurs du secteur monétique contribuent toutefois à dynamiser la place casablancaise. Elles se portent bien grâce à une trilogie regroupant la R&D et l'innovation, la force exportatrice, et une démarche commerciale internationale.
A la bourse de Casablanca, les valeurs du secteur de la monétique ont le vent en poupe. En attestent les bonnes performances des cours boursiers desdites valeurs, enchaînant sur une tendance haussière depuis plusieurs années déjà.
M2M, HPS, S2M, les trois valeurs évoluent bien. L’une d’entre elles est même arrivée à plus que quadrupler son cours depuis début 2014. Bien qu’elles ne représentent pas de grosses capitalisations pouvant engendrer d’éventuels séismes dans la place casablancaise, elles contribuent toutefois à la dynamiser.
Rachid Jankari, expert dans le domaine des technologies de l'information, du commerce électronique et de l'intelligence économique, nous explique les raisons du succès desdites valeurs: "C'est une activité [la monétique, ndlr.] qui est catalysée par la dynamique de l'export, et qui ne dépend pas seulement du marché local. Les entreprises de la monétique sont donc moins sensibles à la conjoncture nationale que les autres secteurs", affirme-t-il dans un entretien accordé à LeBoursier.
Il ajoute: "Ce sont également des entreprises qui misent beaucoup d’argent sur la recherche et le développement, vu que la concurrence est mondiale et non locale».
Prenons, à cet effet, la valeur S2M, la «Société Maghrébine de Monétique». En 2017, le cours boursier de l’entreprise a pris 27,70%, et il a grimpé de 58,14% depuis 2014. Il a clôturé la séance vendredi à 272 DH.
Les performances financières de l’entreprise s’améliorent également, et S2M affiche à fin juin 2017 un chiffre d’affaires avoisinant les 100 MDH, contre 80,3 MDH une année auparavant. La société a récemment annoncé avoir élargi ses prises de commandes en décrochant un contrat en Australie, où elle effectuera un déploiement de sa solution de paiement multi-canal «Select System» au profit du groupe australien FlexiGroup, opérant sur le marché australien des produits financiers.
Elle a également terminé le premier semestre de l’année en cours sur un résultat net global de 7,1 MDH, contre 5 MDH l’année précédente. Par ailleurs, S2M a distribué un dividende de 14,5 DH sur les résultats de 2016.
La deuxième valeur et sûrement la plus importante est HPS, qui affiche la capitalisation la plus élevée entre les trois valeurs (1,1 MMDH au 17/11/2017).
Rien que depuis début 2017, le cours de HPS a pris 108,52% et sa variation depuis 2014 a été de +361%. Des chiffres comme on n’en voit pas beaucoup dans la place casablancaise.
La société, présente dans 85 pays, capitalise elle aussi sur ses activités à l’export. Elle affiche un chiffre d’affaires de 254,6 MDH à fin 2017, en progression de près de 25% sur une année. Son activité «Solutions» a enregistré des ventes de 102 MDH (+19%), essentiellement sur les régions historiques du groupe à savoir l’Afrique et le Moyen-Orient.
«Quand on voit la composition du chiffre d’affaires, les entreprises de la monétique affichent une croissance à deux chiffres indépendamment du marché marocain», ajoute notre interlocuteur.
Par ailleurs, HPS a fini le premier semestre de l’année en cours sur un résultat net consolidé de 30 MDH, en progression de 14,6%, et un taux de marge nette de 11,2%. Il en ressort un résultat net par action de 42,7 DH sur les 6 premiers mois de l’année.
La troisième valeur, M2M, a vu son cours boursier prendre 90,54% depuis début 2014 et, rien que cette année, il a gagné 36,99%, pour se situer à 425 DH. Plus récemment, la valeur est prisée car M2M a entamé les activités de sa filiale NAPS, nouvel acquéreur monétique et premier opérateur non bancaire agréé par Bank Al Maghrib.
NAPS, spécialisée dans les paiements électroniques et ayant pour vocation la mise à disposition et la gestion de tous les moyens de paiement électronique, ambitionne de capter un gisement de plus d’un million de commerçants, contre seulement 25.000 actuellement actifs, et ce sur un marché qui demeure prédominé par les transactions cash à hauteur de 98%.
M2M a par ailleurs affiché un RNPG de 9,8 MDH contre 5,8 MDH une année auparavant, et un résultat par action de 15,17 DH contre 9,17 DH.
«Il y a également les tendances d’externalisation, qui touchent actuellement tous les secteurs, ce qui représente des gisements de croissance importants pour ces entreprises», ajoute M. Jankari.
Des tendances d’externalisation, notamment dans le secteur bancaire ou financier, combinés à de grands chantiers à venir au Maroc comme celui du paiement mobile, font que les valeurs boursières du secteur monétique demeurent prometteuses, et à suivre.