Il faut soutenir les plateformes de crowdfunding pour faciliter le démarrage de ce nouveau mode de financement au Maroc (experts)

| Le 29/4/2021 à 18:55

Le crowdfunding fait légalement son entrée au Maroc. Il permet à un porteur de projet d’avoir un accès plus facile au financement mais ne permet en général de lever que des petites sommes. Au cœur de ce système, les plateformes où se rencontrent entrepreneurs et investisseurs doivent d’être soutenues car leur business model demeure fragile, estiment des experts.

La CGEM, en partenariat avec la Fédération des Secteurs Bancaire et Financier (FSBF), a organisé, ce jeudi 29 avril, une conférence intitulée « Crowdfunding : levier de développement à l’entrepreneuriat au Maroc ».

La tenue de cet événement s'explique par l'adoption au Parlement, le 10 février dernier, du projet de loi n°15-18 relatif au financement collaboratif, autrement appelé Crowdfunding (CF).

Il s’agit d’un système de collecte de fonds auprès d’un large public visant le financement de projets. Ce mode de financement fonctionne à travers des plateformes internet permettant la mise en relation directe et transparente entre les porteurs de projets et les contributeurs/investisseurs. Ces activités prennent trois formes de financement à savoir: le prêt, l’investissement en capital et le don. Il a pour but principal de financer l’entrepreneuriat des jeunes et l’innovation.

La CGEM a ainsi rassemblé experts, entrepreneurs et investisseurs pour évaluer les potentialités de ce nouveau moyen de financement dans le pays. Si le décret-loi n’est pas encore passé et qu’il n’y a encore rien de concret sur le sujet du CF au Maroc, les entrepreneurs porteurs de projets et les investisseurs évoquent déjà leur ressenti sur ce nouveau moyen de financement.

Une meilleure inclusion attendue

Pour les entrepreneurs interrogés, ce nouveau mode de financement pourraient devenir prometteur en termes d'accès au financement. Pour certains, l’accès au financement et l’évitement d’avoir recours au crédit bancaire est un des avantages notables. Pour d'autres le scepticisme persiste notamment concernant l'acceptation des particuliers de faire des dons sur des plateformes en ligne spécialisées.

Mais le crowdfunding donne également la possibilité de présenter son projet sur une plateforme directement à une audience intéressée. « Le CF est une solution de financement alternatif qui permet au porteur de projet de toucher son audience et se faire valider auprès de sa clientèle potentielle » explique Amine El Azzaz, fondateur de l’incubateur H-Seven. Dounia Boumahdi, représentante de l’Association Marocaine des Investisseurs en Capital (AMIC) a également explique que « le CF aujourd’hui ouvre une porte à des projets qui n’ont pas eu accès à des circuits classiques ».

D’autant plus que ce mode de financement n’est pas sélectif. « Des porteurs de projets de différents milieux peuvent y accéder que ce soit pour un projet culturel, technologique ou agricole par exemple » rappelle Mehdi Alaoui, fondateur de LaStartupFactory.

Cependant, il faut garder en tête que le CF, à l’échelle mondiale, concerne des petites levées de fonds pour des financements de projets.

Le CF est généralement réservé aux auto-entrepreneurs  

S’il présente des avantages d’accès au financement et de visibilité sur des plateformes spécialisées, le CF concerne en général des petits projets.  « Les chiffres montrent des levées par projet d’environ 580$ ou 600$, avec en général des contributions par investisseur de l’ordre de 100$. Il ne faut pas donner aux entrepreneurs l'illusion que cette solution de financement est un remède miracle à leur besoin de financement. Il s’agit là d’un mode propice au démarrage de leur aventure » poursuit le fondateur de H-Seven.

Il note également que les chiffres disponibles traduisent que les projets portés sur des plateformes de crowdfunding concernent des auto-entrepreneurs à hauteur de 35% à 40%. « 35% à 40% sont l’apanage d’association ou des fondations qui font des appels aux dons. Par la suite les PME et les TPE ne représentent que 10% à 15% et les startups ne représentent qu’une infime partie entre 1% et 3%. Il est donc clair que ce mode de financement concerne principalement les trois première catégories » explique le fondateur de H-Seven.

Quid des plateformes ?

Mais alors que les entrepreneurs particuliers, porteurs de projets et investisseurs ont des attentes, que doit-on attendre des plateformes ? Ces dernières doivent jouer un rôle d’acceptation du projet présenté par le porteur, ainsi qu’un rôle d’accompagnement. Mais cela à un coût. D’autant plus que les plateforme se rémunèrent sur des commissions sur les montants levées ainsi que de la prestation de service comme du marketing digital ou de la communication.

Pour Dounia Boumehdi de l’AMIC, « il faudrait les doter financièrement pour qu’elles puissent repérer et encadrer les projets intéressants. Aujourd’hui, il y a des dossiers d’agréments de dons et de prêts instruits par Bank Al Maghrib et de l’Equity à travers l’AMMC. Il faut que ces dossiers soient assez souples pour ne pas surcharger ces plateformes d’accompagnement, de façon à ce qu’elles se focalisent sur des projets intéressants à accompagner ».

Car en effet, même à l’étranger, ces plateformes demeurent fragiles financièrement. Comme le rappelle Amine El Azzaz, « le premier pilier de l’écosystème de CF, ce sont les plateformes. Elles jouent un rôle clé de sélection et d’accompagnement. Si elles sélectionnent des projets intéressants pour les investisseurs, on va rentrer dans un cercle vertueux. En 2020, en France, il y a eu 1 milliard d’euros de financements à travers les différentes plateformes. En moyenne, elles gagnent entre 6% et 7% sur le flux qui transite par leurs plateformes. On parle donc de 60 à 70 millions d’euros. Mais il faut rappeler qu’il y a 67 plateformes agréées par l’état français. Ce qui veut dire que chacune a généré un revenu moyen d’un million d’euros, ce qui est très faible ».

Pour rappel, le projet de loi relatif au crowdfunding a pour objet de définir le cadre juridique de l’exercice par les Sociétés de financement collaboratif (SFC) et des différentes formes de financement collaboratif. Il établit un dispositif complet de régulation de ces activités comprenant notamment:

– La création du statut de gestionnaire de plateformes de financement collaboratif (PFC)

– La définition du dispositif d’agrément des SFC et de supervision des activités de financement collaboratif

– La définition des procédures et des modalités de création et de fonctionnement des PFC

– La définition des engagements et des obligations de la SFC notamment, en matière d’information du public, de publicité et de reporting

– La définition des règles à respecter en matière de vérification préalable des projets à financer, de sécurisation des transferts et de protection des contributeurs

– L’établissement de plafonds en terme de montants à lever par projet et par contributeurs pour les différentes formes de financement

– La définition de règles spécifiques à chacune des trois formes de financement collaboratif.

>>> Lire aussi : Financement collaboratif : La loi adoptée, un pas vers la mise en œuvre effective

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