Désertion des abeilles au Maroc : voici les hypothèses examinées

36% des apiculteurs enquêtés par l'ONSSA sont touchés par le phénomène notamment à Errachidia, Fkih Ben Saleh, Taroudant, Béni Mellal, Midelt, Azilal, Larache, Meknès. Alors que les enquêtes de l'ONSSA se poursuivent, un expert pointe une mauvaise gestion de la filière notamment, l'usage aléatoire de pesticides, la mauvaise alimentation et la division surdimensionnée des essaims...

Désertion des abeilles au Maroc : voici les hypothèses examinées

Le 25 janvier 2022 à 11h59

Modifié 25 janvier 2022 à 11h59

36% des apiculteurs enquêtés par l'ONSSA sont touchés par le phénomène notamment à Errachidia, Fkih Ben Saleh, Taroudant, Béni Mellal, Midelt, Azilal, Larache, Meknès. Alors que les enquêtes de l'ONSSA se poursuivent, un expert pointe une mauvaise gestion de la filière notamment, l'usage aléatoire de pesticides, la mauvaise alimentation et la division surdimensionnée des essaims...

Mauvais jours pour l'apiculture marocaine, qui compte environ 700.000 ruches répertoriées, après la désertion des abeilles constatée dans plusieurs régions.

Dans un communiqué, l'Office national de sécurité sanitaire des produits alimentaires (ONSSA) qualifie le phénomène de "nouveau à ce stade", d'après les résultats préliminaires des visites de terrain effectuées auprès de 23.000 ruches dans diverses régions, sans donner plus de détails.

Contactée par Médias24, une source autorisée à l'Office nous précise que "les enquêtes de terrain menées par les services vétérinaires de l’ONSSA, en collaboration avec les représentants de la FIMAP (Fédération interprofessionnelle marocaine d’apiculture), ont ciblé 21 provinces réparties dans plusieurs régions, notamment Sous Massa, Béni Mellal-Khénifra, Draa-Tafilalet, Meknes-Fes, Tanger-Tétouan-Al Hoceima".

Les premiers résultats qui ressortent de ces investigations et des analyses de laboratoire effectuées sur les prélèvements des ruches et du couvain, ont montré que "ce phénomène de disparition des abeilles est nouveau et concerne certaines zones et certains apiculteurs à des degrés variables. L’enquête a montré que le phénomène a été constaté chez 36% des apiculteurs enquêtés, notamment à Errachidia, Fkih Ben Saleh, Taroudant, Béni Mellal, Midelt, Azilal, Larache, Meknès", poursuit notre source.

­"Les résultats des investigations de laboratoire n’ont pas mis en évidence la présence d’une maladie des abeilles qui soit la cause de l’apparition de ce phénomène", assure l'ONSSA qui poursuit actuellement les investigations, "en étroite collaboration avec les différents acteurs et intervenants dans le secteur apicole, afin de mieux comprendre ce nouveau phénomène et élucider les facteurs ayant favorisé son apparition", nous explique-t-on.

Un phénomène inédit d'une intensité jamais vue 

"Il s'agit d'une intensité jamais vue", affirme pour sa part M'Hamed Aboulal, président de la Fédération interprofessionnelle marocaine de l'apiculture (FIMAP). Les services concernés sont en train de comptabiliser les effectifs de la mortalité.

Notre interlocuteur ne néglige pas l'impact de ce phénomène sur la production agricole, mais surtout sur l'emploi. "Il s'agit de toute une chaîne affectée, allant de l'apiculteur au transporteur, passant par les transformateurs", se désole-t-il.

Dans ses explications, l'ONSSA rappelle que le phénomène de disparition des abeilles, appelé également « syndrome d’effondrement des colonies d’abeilles » a été observé dans d’autres régions du monde, notamment en Europe, en Amérique et en Afrique. Les études et recherches menées pour comprendre ce phénomène ont attribué son apparition à l’imbrication de plusieurs facteurs, notamment climatiques (comme le déficit des précipitations), environnementaux en lien avec l’insuffisance des parcours (entrainant une insuffisance des ressources alimentaires) ainsi que l’état sanitaire des ruchers, y compris les mesures préventives adoptées et les pratiques apicoles.

Interrogé sur le phénomène, Abderrahman Bakhemsa, expert en apiculture, pointe, quant à lui, surtout un cumul de plusieurs années de mauvaise gestion, faute de connaissance technique et de formation des apiculteurs.

"Bien qu'il soit nouveau, le phénomène de désertion ne peut pas surgir du jour au lendemain", affirme notre interlocuteur. "En temps normal, soit pendant les "mois dits difficiles", la moyenne de perte est estimée à 6%", avance-t-il.

La piste de la maladie écartée

En tant que spécialiste du domaine, Abderrahman Bakhemsa écarte toute maladie des abeilles. "Aucune maladie, aussi grave soit-elle, ne peut provoquer de tels dégâts dévastateurs", insiste notre source.

"L'usage anarchique des pesticides, la mauvaise alimentation avec des compléments artificiels et la répartition surdimensionnée des essaims" sont qualifiés de facteurs essentiels dans le déclin des abeilles.

Donc des pratiques arbitraires et du manque de connaissances techniques de certains, insiste-t-il. Ce dernier évoque aussi le recours à certains pesticides pour lutter contre certaines maladies, face l'indisponibilité de certains traitements.

En 2020, les professionnels alertaient déjà sur l'absence de traitement contre le Varroa, parasite qui s'attaque aux ruches. Se plaignant de l'insuffisance de médicaments adaptés, d'accompagnement, de formation et de contrôle, les apiculteurs recourent aux différents produits dont regorge le marché national, notamment ceux issus de la contrebande, avait constaté Médias24.

D'autres abusent des compléments alimentaires, ajoute cet expert qui insiste sur l'alimentation naturelle des abeilles composée de miel, de propolis et de pollen. Il alerte également sur la mauvaise séparation pratiquée par certains apiculteurs, afin d'augmenter la production.

Les problèmes liés à la densité des abeilles devraient être constatés avant le début de la saison. En été ou au printemps, quand l'apiculteur est censé vérifier l'équilibre de ses ruchers en préparation de la saison.

Pour conclure, Abderrahman Boukhemsa déplore le manque de documentation et de suivi qui aurait permis une intervention immédiate, dès la constatation des premières régressions.

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