Les apiculteurs alertent sur un manque de médicaments contre la varroase

Les apiculteurs alertent sur le manque de traitements contre le Varroa, parasite qui s'attaque aux ruches. L'Onssa les sensibilise au recours aux services et produits vétérinaires autorisés sur le marché.

Les apiculteurs alertent sur un manque de médicaments contre la varroase

Le 25 septembre 2020 à 11h43

Modifié 10 avril 2021 à 22h54

Les apiculteurs alertent sur le manque de traitements contre le Varroa, parasite qui s'attaque aux ruches. L'Onssa les sensibilise au recours aux services et produits vétérinaires autorisés sur le marché.

Alors qu'ils doivent déjà supporter d'importantes pertes à cause de la sécheresse et de la crise sanitaire du coronavirus, les apiculteurs doivent faire face à la maladie de la varroase.

Largement répandue dans le monde, la varroase existe depuis plusieurs années au Maroc. Il s'agit d'une maladie parasitaire affectant les abeilles mellifères. Elle est causée par l’acarien Varroa jacobsoni, qui attaque l'abeille mellifère adulte et son couvain, et se propage notamment par contact direct entre abeilles.

Les abeilles étant génératrices de produits de consommation humaine, l’usage de traitements des ruches contre la varroase s'avère délicat. L’apiculteur se doit, donc, d'utiliser les bons produits et de respecter les doses, les modes d’application et toutes les indications du médicament utilisé, nous explique Said Belhaj, apiculteur dans la région d'Al Haouz et membre de l'Union nationale des apiculteurs.

Se plaignant d'un manque de médicaments dédiés, d'accompagnement, de formation et de contrôle, les apiculteurs recourent aux différents produits dont regorge le marché national, notamment ceux issus de la contrebande.

A cet effet, les professionnels de la filière alertent sur l'utilisation de traitements non homologués et représentant un réel danger pour la santé du consommateur. 

"Beaucoup d'apiculteurs restent perdus quant aux méthodes d'utilisation des différents produits sur le marché. Certains pesticides utilisés, par exemple, par les apiculteurs sont autorisés pour une utilisation contre des insectes nuisibles aux arbres et non pour ceux qui infectent les ruchers", avertit notre interlocuteur.

Manque de soutien?

Le marché national regorge de produits dont la source et les composants sont inconnus, soulignent différents professionnels du secteur, approchés par Médias24.

"Plusieurs apiculteurs ne reçoivent pas les traitements distribués par l'Onssa. Les stocks n'étant pas suffisants par rapport au nombre de ruches dans chaque région", déplorent nos différentes sources.

D'autres s'interrogent sur "la manière dont ces médicaments sont distribués, soulignant une répartition inéquitable voire favoritiste". 

La campagne de traitement était annuelle entre les mois de février et de juin. Selon plusieurs sources concordantes, l'Onssa n'a pas distribué de traitement depuis 2 ans. "Certains de ces produits, dont la date de validité a expiré, sont revendus actuellement sur le marché", s'indignent nos sources.

La Fédération interprofessionnelle marocaine des apiculteurs rassure: "Les responsables sont conscients de l'urgence de la situation. Nous avons des promesses de lots pour cette saison", nous affirme une source de la Fédération qui compte 14.000 apiculteurs adhérents.

Toutefois, la préparation des ruches commence dès la mi-septembre, suivant un processus précis. "Si le traitement tarde à arriver, il ne sera plus utile", avertit un apiculteur.

L'Onssa joue la sensibilisation

Contactée par Médias24, une source de l'Office affirme que les autorités sanitaires ont réalisé plusieurs opérations de sensibilisation des apiculteurs et autorisé les produits vétérinaires nécessaires pour traiter efficacement la varroase, "dans le respect ces règles d’usage comme spécifié dans les notices d’utilisation de chaque produit".

"La reconnaissance et le diagnostic préalable de la maladie par les services vétérinaires sont indispensables pour orienter et cibler le traitement approprié", ajoute notre source.

"De ce fait, les apiculteurs qui constatent des problèmes sanitaires au niveau de leurs ruches, sont tenus de se rapprocher des vétérinaires privés mandatés les plus proches de leurs élevages ou des services vétérinaires provinciaux de l’Onssa pour leur indiquer les mesures à prendre et les traitements à utiliser".

Notre source est ferme: L’utilisation des produits pharmaceutiques non homologués au Maroc pour le traitement de cette maladie est interdite, conformément à la réglementation en vigueur. "En effet, de tels produits n’apportent pas les garanties requises en terme d’efficacité et d’innocuité", explique notre source.

Par ailleurs, et dans le cadre du programme de lutte contre les effets du retard des précipitations ayant caractérisé cette année, une campagne spéciale de traitement des abeilles contre la varroase est prévue par l’Onssa, au profit des apiculteurs, en étroite collaborations la Fédération interprofessionnelle qui représente la filière, ajoute notre source.

Mieux vaut prévenir

Malheureusement très prisés par les apiculteurs, les produits chimiques ont montré leurs limites. Le Varroa, étant dévastateur, mute d'une saison à une autre et devient résistant aux molécules utilisées, explique Mr. Belhaj.

Certains produits contiennent une molécule sévissante contre le Varroa, mais n'ont pas été prévus pour l’espèce concernée, poursuit-il.

D'autres sont même déconseillés car ils présentent des risques d’intoxication des abeilles, d'une part, et un risque pour la santé des consommateurs d'autre part.

Pour cet apiculteur avisé, la question ne se pose pas. Il privilégie le traitement à base d'acides organiques. "Il s'agit de composants naturels de l’organisme des abeilles".

Le traitement organique garantit un résultat à long terme et à moindre coût. M. Belhaj distingue trois acides utilisés pour le traitement: acide formique, acide oxalique et Thymol, d’un coût allant de 12 DH à 70 DH.

Il faut miser sur la prévention dès la préparation des ruches, en ajoutant le traitement à la nourriture (souvent composée de sirop de sucre...), préconise notre interlocuteur qui insiste sur la maîtrise des doses.

"Il n'existe aucun traitement radical contre le Varroa. En l'absence d'un plan collectif de traitement, la prévention reste la meilleure arme", souligne notre source.

La filière n'a pas échappé à la Covid

Déplacer les ruches sur les champs de culture, surveiller les ruchers, remplacer les colonies… Les apiculteurs doivent conserver leur mobilité et continuer à s’occuper de leurs ruches.

Bien qu'ils aient pu entamer l'activité dès l'automne, soit avant la pandémie, certains ont dû subir les conséquences des restrictions imposées par l'état d'urgence sanitaire.

"L'allègement des restrictions n'a pas rattrapé les pertes de rendement du début. La saison du printemps étant cruciale dans l'année", explique Said Belhaj.

En l'absence de chiffres officiels, les professionnels s'accordent sur une production de miel "moyenne" pour la saison en cours.

Lourdement impactés par la sécheresse et le coronavirus, les apiculteurs devraient essuyer des pertes estimées à 30%, estiment nos différentes sources.

A cela, s’ajoutent les pertes subies en raison du Varroa, qui entraîne une mortalité importante dans les ruches et provoque ainsi une diminution des récoltes et des revenus.

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