Importation de bovins : les chiffres, les origines, l'effet sur le marché intérieur
Grâce à l'importation de 17.500 bovins destinés à l'abattage, en provenance d’Espagne et du Brésil, la pression sur le cheptel national a pu être réduite, selon des sources professionnelles et du ministère de l'Agriculture. Le prix du kilo de viande bovine s’est récemment stabilisé, après une hausse vertigineuse due à la perte de 20% du cheptel national et l’augmentation du prix à la production.

Importation de bovins : les chiffres, les origines, l'effet sur le marché intérieur
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Chady Chaabi
Le 10 avril 2023 à 19h41
Modifié 11 avril 2023 à 10h15Grâce à l'importation de 17.500 bovins destinés à l'abattage, en provenance d’Espagne et du Brésil, la pression sur le cheptel national a pu être réduite, selon des sources professionnelles et du ministère de l'Agriculture. Le prix du kilo de viande bovine s’est récemment stabilisé, après une hausse vertigineuse due à la perte de 20% du cheptel national et l’augmentation du prix à la production.
Les 17.500 bovins importés jusqu'à présent au Maroc ont permis de rétablir l'équilibre précaire entre l'offre et la demande, considèrent nos sources professionnelles et auprès du ministère de l'Agriculture.
En effet, pour préserver le cheptel national et stabiliser les prix, "nous avons opté pour l’importation de bovins afin d’approvisionner le marché national en viandes rouges lors des six prochains mois", a indiqué Mohammed Sadiki, ministre de l’Agriculture, lors de son intervention à l’occasion du Forum de la Map, le mercredi 5 avril.
La hausse des prix du kilo de viande rouge, qui atteignait début février 110 DH, était principalement due à deux facteurs. En premier lieu, le prix à la production du kilo qui a augmenté pour se stabiliser aux alentours de 75 DH. "Le tarif des intrants a flambé, dont l’alimentation qui intervient à 90% dans le prix de revient de l’animal abattu", avance M'Hammed Karimine, président de la Fédération interprofessionnelle des viandes rouges (FIVIAR).
Le second facteur tient à la baisse d'effectif du cheptel national : 15% à 20% des bovins ont été perdus depuis la pandémie du Covid-19, passant de 3,2 millions à 2,8 millions en 2023. A l’époque de la crise sanitaire, "il y a eu une baisse de la demande sur le lait. Les industriels ont donc réduit la collecte. De fait, les éleveurs ont été contraints de vendre leurs bêtes pour l'abattage", explique Nabil Chaouki, directeur de développement des filières de production au ministère de l’Agriculture.
"Ce phénomène a été accentué par la hausse des prix des aliments de bétail, depuis début 2020. Une augmentation de l'ordre de 50% à 60%. Par conséquent, les petits éleveurs n’avaient plus la capacité de nourrir leur bétail. Et même ceux qui en étaient en partie capables ne pouvaient assurer une alimentation suffisante. Même les poids moyens pour l'abattage étaient bas."
17.500 bovins importés sur un total de 200.000 têtes
C’est ainsi que depuis le 4 février, date de la suspension des droits de douane et de la TVA, "17.500 bovins ont été importés et d’autres opérations sont en cours, sur un total de 200.000 têtes", indique Nabil Chaouki. Contrairement aux bovins maigres qui arrivent au Maroc pour être d’abord engraissés avant d’aller à l’abattage, "les récentes importations concernent uniquement des bêtes pour l'abattage, avec un délai maximum de 21 jours", précise M'Hammed Karimine.
Certes, "les bovins importés coûtent cher", déplore Mohammed Sadiki. Mais à défaut de faire baisser les prix, "les tarifs sont actuellement stabilisés", considère M'Hammed Karimine. Les 17.500 têtes couvrent seulement les besoins de moins de dix jours à l’échelle nationale. "Mais le traitement médiatique du sujet a eu raison de cette tendance haussière, parce que les éleveurs qui faisaient de la rétention de bêtes ne la font plus", indique notre interlocuteur, qui insiste sur l’effet positif qu'ont eu les importations sur un marché où la pénurie n’est plus d’actualité, avec un équilibre retrouvé entre la demande et l’offre.
En détail, les 17.500 bovins importés pour être abattus et approvisionner le marché national en viandes rouges sont issus de deux races. A savoir la Nélore, et une race obtenue grâce à un croisement entre la Nélore et la race britannique Angus. Ces bêtes proviennent d’Espagne (14.700) et du Brésil (2.800).
L’importation à partir de l’Espagne n’a pas été une mince affaire. D’une part, au vu des prix élevés "entre 38 et 45 DH/kilo (3,5 et 4 euros)", indique Nabil Chaouki. D'autre part, "parce que l’offre n’est pas abondante. L’Espagne exporte également vers plusieurs pays, dont l’Arabie saoudite notamment", poursuit-il.
160 MDH et 180 camions
Pour être transportés vers le Maroc, les 14.700 bovins importés d’Espagne ont nécessité environ 180 camions bétaillères, à raison de 80 têtes par camion. "Le prix de chaque voyage est de l’ordre de 2 MDH", souligne M'Hammed Karimine. Autrement dit, il a fallu environ 160 MDH pour transporter les 14.700 bovins.
"Les importateurs gagnent entre 500 DH et 700 DH par bête importée. Mais ils font face à plusieurs problématiques, comme le fait que très peu de compagnies d’assurance acceptent d’assurer les animaux, alors que certains d’entre eux peuvent mourir pendant le trajet", plaide notre interlocuteur, qui précise que la marge bénéficiaire est plus importante concernant les bovins importés du Brésil.
Avec un million de tonnes par an, le Brésil est le pays exportateur de bovins par excellence grâce à son fleuron, la Nélore. Une race très demandée et exportée partout dans le monde (Chine, Europe, Etats-Unis…), dont "la qualité est très bonne, moins grasse en comparaison à d’autres races européennes”, décrit Nabil Chaouki.
En sus, "les 2.800 bovins importés du Brésil sont indemnes de toute maladie", assure Mohammed Sadiki. "Avant d’importer les animaux, il y a un cahier des charges exigeant, notamment au niveau de la durée de quarantaine que doivent passer les animaux avant leur arrivée au Maroc", précise Nabil Chaouki.
"Toutes les analyses pour prouver qu’ils sont indemnes de maladies contagieuses, comme la tuberculose, ont été effectuées. En plus d'un certificat sanitaire convenu entre le Maroc et le pays d’origine avec des conditions drastiques. Ce n’est qu’après avoir satisfait l’ensemble de ces exigences que les bêtes sont importées", affirme-t-il.
60 MDH pour affréter un navire en provenance du Brésil
Autres avantages, le prix de la Nélore "qui est d’environ 38 dirhams le kilo (3 dollars) à l'achat au Brésil", précise le directeur de développement des filières de production au sein du ministère de l’Agriculture. Si les éleveurs brésiliens sont très concurrentiels en termes de prix, c’est principalement grâce à un coût de revient parmi les plus bas au monde.
"Le Brésil est un pays qui a l’avantage d’avoir un climat continental. Donc été comme hiver, il fait 30 degrés, avec 200 à 300 millimètres de précipitations par mois. Du coup, l’élevage en extensif est possible à 100%", estime M'Hammed Karimine.
En outre, "ils ont développé des races qui supportent la chaleur, le froid et l’excès de pluie, et qui vivent en pleine nature. C’est le cas également de l’Argentine et de l’Uruguay qui ont cette capacité à avoir des troupeaux qui ne coûtent rien aux propriétaires, excepté les frais de surveillance et le suivi sanitaire", ajoute notre interlocuteur.
En somme, les bovins en provenance d’Amérique du Sud sont un peu moins chers que ceux en provenance d’Europe. Néanmoins, les importateurs qui peuvent importer du Brésil ne sont pas légion. Il faut avoir immédiatement les fonds nécessaires pour affréter un navire afin de transporter 3.000 têtes, soit 60 MDH.
"La relation de confiance entre les importateurs marocains et les opérateurs brésiliens n’en est encore qu’à ses débuts. Donc les expéditeurs demandent à être payés d’avance", indique le président de la Fédération interprofessionnelle des viandes rouges (FIVIAR).
Au-delà des considérations financières, "il faut que ces bêtes entrent toutes dans un seul lazaret de quarantaine. Dans tout le Maroc, les importateurs qui remplissent les conditions logistiques et financières se comptent sur les doigts d’une seule main", poursuit-il.
Pour éviter que cette situation aussi inédite que contraignante ne se répète, le ministère de l’Agriculture planche actuellement sur des mesures pour relancer la filière lait et viande rouge. Il s'agit d'"assurer une durabilité de la production nationale et repeupler notre cheptel car il y a eu beaucoup de femelles abattues, alors qu’elles constituent le noyau du cheptel", conclut Nabil Chaouki.
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Chady Chaabi
Le 10 avril 2023 à 19h41
Modifié 11 avril 2023 à 10h15