Nouvelle hausse des prix des aliments composés, un coup dur pour le secteur avicole qui vend à perte
Le prix des aliments composés pour volaille a de nouveau augmenté. Cette hausse, qui reste "modérée", impactera un secteur déjà en souffrance. Le point sur la situation actuelle.
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Kenza Khatla
Le 19 novembre 2022 à 9h41
Modifié 21 novembre 2022 à 11h06Le prix des aliments composés pour volaille a de nouveau augmenté. Cette hausse, qui reste "modérée", impactera un secteur déjà en souffrance. Le point sur la situation actuelle.
"Le prix des aliments composés pour volaille vient d'augmenter de 0,10 à 0,15 DH/kg", nous confie une source de l’Association nationale des producteurs des viandes de volailles (APV), relevant de la Fédération interprofessionnelle du secteur avicole au Maroc (FISA).
"Il s’agit d’une hausse modérée par rapport aux précédentes, mais elle renforce le trend haussier des prix que connaît le secteur depuis fin 2020", indique notre interlocuteur. "Certes, l’impact ne sera pas immédiat et ne sera visible que dans six mois environ, mais cette hausse finira par être ressentie par les professionnels du secteur avec un effet retard", lesquels sont déjà touchés de plein fouet par la conjoncture.
Le kilogramme de poulet coûte entre 15,5 et 16 DH, sortie ferme
"L’aliment composé est déjà cher. Le kilogramme coûte à présent 5,60 DH contre 3,25 à 3,30 DH/kg en 2020, soit une hausse de 2 DH/kg. Le poulet, lui, a pris au moins 4 DH/kg. Il est passé de 11 DH/kg vers fin 2020 à 15,5 DH/kg actuellement, voire 16 DH/kg, sortie ferme. Pour estimer le prix final payé par le consommateur, il faut ajouter entre 3 et 3,5 DH", soit plus de 18 DH/kg.
Des propos confirmés à notre rédaction par un autre professionnel du secteur. "Pour donner un kilogramme de viande, une poule doit manger 2,3 kg d’aliments. Pour donner deux kilogrammes de viande, elle doit en manger 4,6 à 5 kg."
"Avant (2020, ndlr), l’aliment coûtait près de 3 DH/kg. Il dépasse désormais les 5 DH/kg. Si l’on fait un simple calcul, on voit que le prix de revient dépasse le prix de vente. Ce qui signifie que les professionnels du secteur vendent à perte", regrette notre source. Et d’ajouter : "Comme expliqué, pour produire deux kilogrammes de viande, une poule doit manger environ 5 kg d’aliments à près de 5,60 DH/kg, soit une somme de 28 DH rien que pour acheter l’aliment composé. Si l’on ajoute le prix d’achat du poussin, qui est aux alentours de 5 DH, ainsi que les coûts de vaccination, de la couveuse et du personnel, on atteint 37 DH de charges à payer, alors qu’actuellement, le prix du kg de poulet sortie ferme est de 15 DH/kg. Celui de deux kilogrammes est donc de 30 DH, soit une différence de 7 DH supportée par les éleveurs."
Notre première source de l’APV évoque également un problème de trésorerie. "Une personne qui élevait auparavant 60.000 poules ne peut plus en élever que 30.000, car elle ne peut plus suivre cette tendance haussière des charges. Sa trésorerie a été réduite de 50%."
Qu’en est-il des œufs ?
"Les œufs ne sont pas en reste", déplore auprès de Médias24 une source de l’Association professionnelle au service des éleveurs de poules pondeuses au Maroc (ANPO), qui relève également de la FISA.
"La hausse des aliments composés se poursuit depuis plusieurs mois", rappelle notre interlocuteur. "Toutes les matières entrant dans leur composition ont flambé. Certaines ont connu une hausse de 100% et d’autres de 200%. L’aliment composé représente 85% du coût de revient de l’œuf. Le kilogramme, qui coûtait environ 3,5 DH auparavant, est à présent passé à 5 DH, voire 5,50. L’œuf marocain nous coûte à présent (coût de revient) entre 1,30 et 1,80 DH l’unité, selon la quantité produite, la situation des fermes et leur trésorerie."
"Rien que la part de l’aliment composé s’élève à 0,90 DH, en plus de 0,30 DH relative à l’amortissement de la poule pondeuse ainsi que des frais du personnel."
"Le prix sortie ferme varie quant à lui entre 0,94 et 0,96 DH l’unité. Le consommateur doit le payer entre 1,05 DH et 1,10 DH au plus. Nous vendons donc à perte mais nous ne pouvons pas arrêter notre activité. Nous sommes engagés envers un personnel. Il y a des familles derrière ; on ne peut pas les lâcher du jour au lendemain lorsque l’activité est en baisse ou lorsque nous rencontrons des difficultés."
"Aujourd’hui, un professionnel qui produit environ 100.000 œufs par jour, qui lui coûtent par exemple 150.000 DH par jour (avec un coût de revient de 1,50 DH l’unité, ndlr), les vend entre 94.000 et 96.000 DH. La différence est la perte supportée par jour."
"Cette tendance haussière des matières premières, et donc de l’aliment composé, va se poursuivre tant que la guerre en Ukraine durera", estime notre source. "Notre besoin en matières premières s’élève à 95%, dont 20% sont importés d’Ukraine. Le reste est importé des Etats-Unis, d’Argentine et d’autres pays. Ajouté à cela les prix des carburants qui ne cessent d’augmenter au niveau mondial... Le coût de la traversée des bateaux qui transportent ces matières, qui était par exemple à 1 million de DH, est passé à 2,5 MDH."
La conjoncture internationale doit se stabiliser
Selon notre source à l’APV, pour sauver le secteur, "la conjoncture internationale doit se stabiliser, avec une tendance inverse des coûts des matières premières. Cela finira par arriver, c’est sûr, mais personne ne peut prédire une date précise. De plus, les prix actuels du maïs et du soja vont inciter les agriculteurs étrangers à produire davantage, ce qui conduira à une détente des prix".
Quel est l'impact escompté du contrat-programme ?
En marge de la 23e édition du Salon avicole "Dawajine" qui s’est tenu le 26 octobre, le ministère de l’Agriculture, de la pêche maritime, du développement rural et des eaux et forêts, Mohammed Sadiki, avait annoncé qu’un nouveau contrat-programme serait signé pour poursuivre le développement de la filière avicole dans le cadre de la stratégie Génération Green.
Nos deux sources s’accordent à dire que ce contrat-programme ne permettra pas de dépasser la crise actuelle. "On ne voit pas comment ce contrat-programme pourrait aider le secteur. Tout ce que l’on peut espérer, c’est qu’il comporte des mesures pour encourager la consommation afin d’éviter de revivre les mêmes difficultés que pendant le confinement", nous confie l’une de nos sources.
"Ce contrat ne pourra pas, à lui seul, aider le secteur à sortir de sa crise, mais c’est tout de même mieux que rien", conclut notre autre interlocuteur au sein de l’ANPO.
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