Une task force planche sur le nouveau modèle dédié aux MRE

Aziz Akhannouch a donné le coup d’envoi du travail sur les actions à mener dans le cadre de la réforme des politiques publiques dédiées aux Marocains du monde. Des commissions thématiques ont été mises en place et doivent rendre une première copie dans trois mois.

Une task force planche sur le nouveau modèle dédié aux MRE

Le 4 septembre 2022 à 16h56

Modifié 5 septembre 2022 à 13h29

Aziz Akhannouch a donné le coup d’envoi du travail sur les actions à mener dans le cadre de la réforme des politiques publiques dédiées aux Marocains du monde. Des commissions thématiques ont été mises en place et doivent rendre une première copie dans trois mois.

  • Des commissions thématiques ont été mises en place et doivent apporter une première copie dans trois mois.
  • Partenariat CGEM-ministère chargé de l'investissement (AMDIE) pour adresser les MRE intéressés par l'investissement et l'entrepreneuriat.
  • Les transferts poursuivent leur hausse et s'acheminent vers le chiffre record de 100 milliards de DH en 2022.

Une réunion de la commission ministérielle pour les affaires des Marocains résidant à l’étranger et de la migration, tenue ce mardi 30 août, a donné le coup d’envoi de la réflexion sur la réforme à laquelle a appelé le Souverain dans son discours du 20 août dernier.

Selon nos informations, à l’issue de cette réunion présidée par Aziz Akhannouch, où il a dressé les priorités de l’action à mener conformément aux orientations royales, une task force a été mise en place pour travailler sur le sujet.

Des commissions thématiques et un délai de trois mois

"Des commissions thématiques seront mises en place pour travailler, réfléchir et faire des propositions préalables au cours des deux ou trois prochains mois au maximum", nous confie Karim Amor, le président de MeM by CGEM, la 13e région dédiée aux compétences et entrepreneurs marocains de l’étranger de la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM), présent à la réunion.

"Cette task force va rassembler les apports de chacune des parties afin de proposer aux Marocains du monde des outils qui ont du sens. Il y a une volonté de faire converger les politiques publiques vers une architecture portée par la primature et le MAE (ministère des Affaires étrangères, ndlr) permettant de déterminer une nouvelle feuille de route. Cela avec un calendrier fixé et des engagements de part et d’autre", nous assure notre source.

Selon cette dernière, l’un des éléments importants de cette réunion est "la prise de conscience réelle de la nécessité de poser un nouveau modèle conforme à la vision royale".

"Nous travaillerons sur une nouvelle copie dédiée aux Marocains du monde d’aujourd’hui. Les caractéristiques de cette communauté ont évolué depuis 40 ans. Les profils des deux premières générations ne sont pas les mêmes que ceux des troisième et quatrième générations. Nous devons donc instaurer une démarche qui concerne et intègre l’ensemble de ces générations", ajoute Karim Amor. La CGEM et le ministère chargé de l’investissement, par le biais de l’Agence marocaine de développement des investissements et des exportations (AMDIE), sont en train de finaliser un accord de partenariat visant à "adresser" la communauté des MRE intéressés par l’investissement et l’entrepreneuriat au Maroc, indique-t-il également.

Qui sont nos MRE ?

Le travail, dont le lancement a été donné lors cette réunion, commencera par la consolidation des données disponibles sur la communauté des Marocains du monde (MDM). Pour les besoins de cet article, nous avons sollicité plusieurs instances concernées afin d’obtenir des informations sur les MRE. Qui sont-ils ? Quel est le profil du MRE investisseur ? Et globalement, que sait-on d’eux ?

Aucune des instances que nous avons contactées n’a été capable de nous fournir des réponses précises et documentées. Toutes nous expliquent que "le peu de data disponible est éparpillé et n’est pas agrégé".

Selon nos informations, les différentes parties prenantes, qui étaient d’ailleurs présentes à la réunion tenue mardi 30 août, ont convenu de regrouper leurs bases de données pour avoir une image plus globale des Marocains du monde.

Voici ce que l’on sait sur la base des données publiques. Il s’agit d’une communauté de plus de 5 millions de personnes, concentrée à hauteur de 75% en Europe, notamment en France et en Espagne.

Selon le rapport de la Commission spéciale sur le modèle de développement (CSMD), qui a consacré un chapitre aux Marocains du monde en tant qu’acteurs de développement, cette population est "davantage jeune (47% du total) et féminisée (~50%)". Son niveau de formation "est aujourd’hui plus élevé que celui de leurs compatriotes résidant au Maroc".

En termes d’insertion socio-professionnelle dans les pays d’accueil, "seule une proportion limitée des MDM, estimée à 7,5% de la population active, a pu réussir son ascension professionnelle".

"La majorité des MDM actifs relèvent de groupes socioprofessionnels modestes et moyens, opérant principalement dans le secteur tertiaire et industriel, et dans une mesure moindre dans l’agriculture et le BTP", précise la CSMD dans son rapport.

100 MMDH de transfert en 2022 ?

D’un point de vue économique, les MDM contribuent financièrement par le biais de deux canaux. D’un côté les transferts, qui ont culminé en 2021 à un record historique de 93,7 MMDH, soit une hausse de 37,5% par rapport à 2020, année qui était alors considérée comme une exception.

Le rythme actuel des transferts laisse présager un nouveau record au terme de l’année 2022. A fin juillet 2022, les transferts atteignaient 58,2 MMDH, en hausse de 7,4% par rapport à la même période en 2021. En valeur, cette hausse est supérieure à 4 MMDH. Si ce trend de croissance se maintient, le seuil symbolique de 100 milliards de DH sera dépassé.

Par ailleurs, les MRE contribuent également à travers les dépôts à vue et les comptes d’épargne dans les banques marocaines. En 2021, sur les 753 MMDH de dépôts des particuliers, 185,9 milliards étaient détenus par les MRE, soit 24,9%.

Qu’en est-il des investissements réalisés par ces Marocains dans la mère-patrie ? On n’en sait que peu de choses. Les projets d’investissement demeurent quantitativement faibles, avec près de 8% seulement des transferts. Selon le rapport de la CSMD, les investissements sont très concentrés à destination de secteurs peu innovants : en cumulé, presque 60% des investissements MDM se font dans l’immobilier ou la construction.

Les priorités de la réforme

Le cadre dans lequel le travail de réflexion doit être entrepris a déjà été fixé par le Souverain dans son discours. "Qu’avons-nous fait pour renforcer le sentiment patriotique de nos immigrés ? Le cadre législatif en place et les politiques publiques tiennent-ils compte de leurs spécificités ? Les procédures administratives sont-elles adaptées à leurs attentes du moment ? Leur avons-nous assuré l’encadrement religieux et éducatif nécessaire ? Leur avons-nous apporté l’accompagnement requis et les conditions favorables à la réussite de leurs projets d’investissement ?", s’est en effet interrogé le Roi Mohammed VI, concluant que malgré tout ce qui a été entrepris jusqu’à présent, "le dispositif demeure insuffisant".

Aziz Akhannouch a traduit ces orientations lors de la réunion de la commission ministérielle en dressant les priorités suivantes :

- la consolidation de l’attachement culturel et spirituel des MRE ;

- la mise en place d’un mécanisme permettant l’accompagnement des talents des Marocains du monde ;

- le soutien de leurs initiatives et projets ;

- l’encouragement et l’accompagnement de leurs investissements, dans le cadre des incitations accordées par la nouvelle Charte de l’investissement ;

- la participation des MRE aux instances de gouvernance et aux institutions consultatives ;

- la modernisation et la mise à niveau, dans les meilleurs délais, du cadre institutionnel relatif aux Marocains du monde, notamment en ce qui concerne la réorganisation du Conseil de la communauté marocaine à l’étranger (CCME) ;

- la complémentarité des programmes d’action des départements concernés par les affaires des Marocains du monde ;

- l’amélioration des prestations fournies aux MRE à travers la matérialisation des programmes et projets en cours, tout particulièrement le programme portant sur la couverture sociale à leur profit avec les pays avec lesquels le Maroc dispose de conventions de coopération en la matière ;

- la simplification des procédures administratives et le recours à la numérisation.

Les diagnostics, les orientations stratégiques et les objectifs sont connus. Il faut désormais transformer cet ensemble en actions concrètes, amorçant ainsi la réforme en profondeur.

Le Discours Royal du 20 août : un double défi à relever (Driss El Yazami)

Vous avez un projet immobilier en vue ? Yakeey & Médias24 vous aident à le concrétiser!

Si vous voulez que l'information se rapproche de vous

Suivez la chaîne Médias24 sur WhatsApp
© Médias24. Toute reproduction interdite, sous quelque forme que ce soit, sauf autorisation écrite de la Société des Nouveaux Médias. Ce contenu est protégé par la loi et notamment loi 88-13 relative à la presse et l’édition ainsi que les lois 66.19 et 2-00 relatives aux droits d’auteur et droits voisins.

A lire aussi


Communication financière

Attijari REIM: “Anfa REIT SPI” Exercice clos le 31.12.2023

Médias24 est un journal économique marocain en ligne qui fournit des informations orientées business, marchés, data et analyses économiques. Retrouvez en direct et en temps réel, en photos et en vidéos, toute l’actualité économique, politique, sociale, et culturelle au Maroc avec Médias24

Notre journal s’engage à vous livrer une information précise, originale et sans parti-pris vis à vis des opérateurs.