La BCE amorce une hausse historique des taux face à la situation inflationniste
Annoncées à l'issue d'une réunion du conseil des gouverneurs, délocalisée à Amsterdam, ces décisions, largement attendues, marquent un tournant historique après des années de politique d'argent pas cher et abondant.
Derniers à agir parmi les grandes banques centrales, les gardiens de l'euro prévoient de "relever les taux directeurs de 25 points de base" lors de leur prochaine réunion le 21 juillet, avant "une autre hausse en septembre".
Suivra "une série" de hausses des taux "au cours des prochains mois en fonction des perspectives d'inflation à moyen terme", a expliqué la présidente Christine Lagarde. La dernière fois que la BCE a relevé ses taux remonte à mai 2011.
Depuis décembre, l'institution de Francfort a été surprise par la dynamique de l'inflation, qui s'est encore accélérée avec la guerre en Ukraine. Elle a atteint 8,1% sur un an en mai, avec quatorze pays sur dix-neuf de la zone euro se situant au-dessus de cette moyenne. Du jamais vu depuis l'instauration de la monnaie unique et un niveau quatre fois supérieur à l'objectif de la BCE fixé à 2%. "L'inflation est indésirable" et la BCE "va s'assurer qu'elle revienne à l'objectif", a promis la présidente de l'institution, Christine Lagarde.
Le reflux espéré de la hausse des prix va encore se faire attendre : la BCE a nettement relevé jeudi ses prévisions d'inflation jusqu'en 2024. Celle-ci devrait monter à 6,8% en 2022, avant de ralentir à 3,5% en 2023 et à 2,1% en 2024.
L'institution observe par ailleurs un début de hausse des salaires sur fond de "forte demande de main d'oeuvre", mais ne voit pas de risque de "spirale" qui alimenterait encore la hausse des prix.
En septembre, la hausse des taux pourrait toutefois être supérieure à 25 points "si les perspectives d'inflation à moyen terme persistent ou se détériorent", prévient la BCE.
En rehaussant leurs taux directeurs, le but des banques centrales est de ramener l'inflation sous contrôle et de comprimer la demande. Mais l'effet de son changement de cap ne sera pas immédiat et se verra "dans la durée", a déjà prévenu Mme Lagarde, alors que l'institution est accusée d'avoir pris du retard face aux prix galopants.
La Fed américaine et la Banque d'Angleterre ont notamment déjà engagé un cycle de relèvement des taux. La BCE souhaite, quant à elle respecter un calendrier de resserrement monétaire très progressif. Ainsi, l'institution a confirmé jeudi qu'elle allait d'abord mettre fin "le 1er juillet" à ses rachats nets d'actifs, un préalable avant de commencer à relever ses taux.
Fer de lance, avec les taux directeurs négatifs, de son action contre la déflation, ces programmes ont permis à la BCE d'acheter à tour de bras des obligations sur le marché pour faire baisser les coûts de financement et faire repartir l'économie.
Le montant colossal de quelque 5.000 milliards d'euros d'obligations a été racheté par la BCE depuis 2015 - un soutien devenu obsolète face à une inflation galopante.
(Avec AFP)
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