Tourisme : quel sera l'impact au Maroc du recrutement de 10.000 saisonniers par la France ?

Plusieurs syndicats français de l’hôtellerie-restauration ont fait part de leur intention de recruter des milliers de saisonniers au Maroc et en Tunisie pour remédier à la pénurie de main-d'œuvre dans l'Hexagone. De leur côté, les acteurs publics et privés marocains se sont montrés sereins en jugeant que cette annonce, qui n’entrera en vigueur qu’en 2023, ne menace pas l’industrie du tourisme.

Tourisme : quel sera l'impact au Maroc du recrutement de 10.000 saisonniers par la France ?

Le 31 mai 2022 à 17h50

Modifié 31 mai 2022 à 18h19

Plusieurs syndicats français de l’hôtellerie-restauration ont fait part de leur intention de recruter des milliers de saisonniers au Maroc et en Tunisie pour remédier à la pénurie de main-d'œuvre dans l'Hexagone. De leur côté, les acteurs publics et privés marocains se sont montrés sereins en jugeant que cette annonce, qui n’entrera en vigueur qu’en 2023, ne menace pas l’industrie du tourisme.

Trois semaines avant le début de la saison estivale, les professionnels français du tourisme (hôteliers, restaurateurs, gérants de lieux d’animation…) ont des difficultés à recruter (chefs de salle, serveurs, commis de cuisine, réceptionnistes, femmes de ménage…) pour faire face à une demande qui monte en flèche après deux longues années de crise.

« 300.000 saisonniers du tourisme manquent à l’appel en France »

Sachant que de nombreux employés du tourisme ont dû se reconvertir dans d’autres métiers durant l‘interminable crise sanitaire, le porte-parole du Groupement national des indépendants (GNI) de l’hôtellerie et restauration a révélé à la presse française qu’un salarié sur trois manquait encore à l’appel.

« En effet, sur un effectif de 750.000 salariés dans la branche 'cafés, hôtels et restaurants', 400.000 sont des saisonniers dont environ 300.000 se sont littéralement envolés et sont devenus introuvables alors que leur renfort est crucial pour les mois de juillet et d’août », a estimé le syndicaliste Franck Trouet.

Plus précis, son collègue Vincent Sitz, qui préside la commission emploi et formation au GNI, a également déclaré aux médias qu'il y avait déjà 150.000 postes vacants avant le Covid, et que 110.000 personnes avaient quitté le secteur, juste après la période de confinement, pour se reconvertir ailleurs.

« L’UMIH veut recruter au moins 10.000 Marocains pendant 5 mois/an »

Joint par Médias24, un attaché de presse de l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (UMIH), nous a appris que l’Union avait tenté de recruter à travers des agences d’intérim en Pologne. Mais en raison de l'insuffisance de candidats au profil adéquat, l'UMIH a dû se tourner vers des destinations comme la Tunisie et le Maroc pour embaucher des jeunes formés ou, du moins, familiers de l’accueil touristique.

"A l’image de ce que fait déjà le Maroc avec l’Espagne dans l’agriculture, qui permet de faire venir chaque année des milliers d’ouvrières pour cueillir des fraises, l’UMIH aimerait signer une convention bilatérale permettant de faciliter l’arrivée en France de saisonniers souhaitant travailler dans le secteur."

"S’il faudra obtenir le feu vert du gouvernement français pour valider les critères de recrutement, les entreprises françaises comptent rémunérer tous les saisonniers étrangers pendant une durée maximale de cinq mois, selon les grilles de salaires de la branche hôtellerie et restauration qui ont cours en France", nous a confirmé un membre de l’équipe de communication de l’UMIH. Cette future convention, qui concernera un minimum de 10.000 personnes, n’entrera en vigueur qu’à partir de 2023.

Devant notre insistance, notre interlocuteur a indiqué que ce chiffre pourrait croître « si la demande l’impose et, surtout, si les conditions de retour sont bien respectées par les saisonniers marocains ».

"Le ministère du Tourisme n'a pas encore été sollicité par les entreprises françaises"

Sollicitée pour savoir si le patronat français avait contacté son ministère pour signer une convention, Fatim-Zahra Ammor nous a indiqué "qu'aucun contact n’avait été pris à ce jour, ni avec nous ni avec le ministère de l’Emploi".

A la question portant sur une éventuelle menace française sur les emplois touristiques au Maroc, la ministre s'est voulue rassurante en laissant entendre qu'il n'y avait aucun danger, sachant que "le secteur du tourisme a besoin de ressources dans le monde entier".

« Du côté des opérateurs marocains, pas de péril en la demeure »

Appelé à réagir, un professionnel marocain appartenant à la CNT nous a confié que l’annonce des syndicats français de recruter des jeunes au Maroc n’avait suscité aucune inquiétude au sein de la profession. Aucune menace ne pèse sur l’emploi, car cette opération ne s'adresse qu'à des saisonniers toujours à l’arrêt.

"Il y aurait vraiment eu lieu de s’inquiéter si les entreprises françaises avaient l’intention de débaucher nos cadres et les permanents dont notre industrie ne peut se passer ; mais ce n’est pas du tout le cas, car les contrats à venir ne concerneront que des saisonniers pour une durée maximale de travail de cinq mois."

"C’est la raison pour laquelle le Maroc peut se permettre d’envoyer en France quelques milliers, voire des dizaines de milliers de jeunes. La véritable priorité actuelle est de réinsérer les nombreux permanents qui, grâce à l’exceptionnelle reprise, ont presque tous repris l’emploi qu’ils avaient avant mars 2020."

« Une opportunité pour les régions saisonnières du Maroc »

"En réalité, cette politique de recrutement française est une belle opportunité pour certaines régions du Maroc, comme le Nord ou l’Oriental, qui ne travaillent que l’été et sont fermées les autres saisons."

"D’autant plus que face à la loi du marché international, il est devenu impossible de retenir les personnes compétentes qui ont envie de travailler, à moins de leur offrir des conditions plus intéressantes qu’au Maroc", conclut notre hôtelier en temporisant, car ce dispositif qui concerne aussi la Tunisie ne se mettra en place qu’en 2023.

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