La politique monétaire de BAM sera fortement liée à l’évolution de l’inflation cette année (AGR)

B.B | Le 7/3/2022 à 16:34
Actuellement, le niveau d’inflation demeure maîtrisable. La hausse des prix de la composante alimentaire et la forte évolution des cours des énergies pourraient pousser l’inflation au-delà des 3% au S2-2022 et pousser BAM à durcir sa politique monétaire. Pour le moment, ce scénario, n’est pas envisagé et une politique accommodante en 2022 est encore possible selon AGR.

Dans une note diffusée le 4 mars, la société de recherche Attijari Global Research (AGR) a évoqué l’importance de l’inflation en 2022 et le rôle qu’elle jouera dans les grandes décisions de Bank Al Maghrib (BAM) concernant la politique monétaire à mener.

Il est à rappeler qu’en 2021, la banque centrale a mené une politique jugée très accommodante avec comme objectif « le soutien de l’économie et des ménages face aux répercussions négatives de la crise sanitaire » souligne AGR. Cela est notamment passé par un abaissement historique du taux directeur de BAM, de 2,25% à 1,5%, ainsi que « la suppression du compte de la réserve et l’élargissement du collatéral éligible aux opérations de refinancement permettant de tripler la capacité d’emprunt des banques » note AGR.

Ceci a permis de soutenir la reprise de la croissance en 2021, dans un contexte où l’inflation était maîtrisée et où la campagne agricole était excellente à plus de 103 millions de quintaux. Cette année, la campagne s’annonce mauvaise en raison d’une sécheresse très importante. Qui plus est, l’inflation est attendue en hausse cette année à 2,1%, soit 70 points de base de plus que l’année 2021.

Ce contexte global de hausse généralisée des prix affectera notamment les politiques monétaires mondiales.

Un durcissement monétaire international attendu cette année

Depuis l’éclatement de la crise sanitaire, les banques centrales mondiales ont implémenté des politiques ultra-accommodantes dans le but de relancer la machine économique. Elles ont procédé notamment à des rachats d’actifs et des plans de relance inédits. Cela a contribué à alimenter un cycle inflationniste. « De plus, la reprise économique en 2021 compte tenu du bon déroulement des campagnes de vaccination à l’échelle mondiale a davantage renforcé le décalage entre la reprise de la Demande et le repli de l’Offre sous l’effet des perturbations logistiques à l’international » souligne la société de recherche.

Des facteurs structurels de l’inflation ont commencé à être perçus, notamment une amélioration continue de l’emploi aux Etats-Unis, avec un taux de chômage passant de 8,4% en 2020 à 5,4% en 2021 et une hausse de 4,7% du salaire horaire moyen sur la période.

Cela a conduit à un durcissement monétaire cette année, notamment de la part de la FED et de la BCE. Dès ce mois de mars 2022, la banque centrale américaine « pourrait procéder à plusieurs hausses de Taux Directeur à des amplitudes importantes pouvant atteindre un demi-point » note AGR. Elle a parallèlement commencé à limiter progressivement ses rachats d’actifs de 30 milliards de dollars par mois, jusqu’à un arrêt en mars 2022. La BCE quant à elle, n’exclut pas de hausse de taux cette année, plus probablement durant le second semestre 2022.

L’inflation sera la composante clé au cœur des décisions de BAM

D’après le scénario initial d’AGR, l’inflation devrait se fixer à 2% en 2022. Cela laisserait peu de place à un éventuel durcissement monétaire de BAM courant du premier semestre 2022. « En effet, deux principaux arguments soutiennent cette évolution inflationniste maîtrisée et de facto le maintien de cap de la politique monétaire volontariste de BAM » explique AGR.

Premièrement, le Maroc fait face à un taux de chômage élevé. En 2021, il s’établissait à 12,3% contre 11,9% en 2020. « Pour sa part, le salaire moyen, selon les dernières données de la CNSS, révèle une hausse maîtrisée de 2,8% au T3-2021 » poursuit la société de recherche. Dans un second temps, les projections du HCP ne laissent pas présager de reprise sensible de la demande intérieure. La consommation des ménages a progressé de +5,9% en 2021 et est attendue à +2,8% en 2022.

Néanmoins, le taux d’inflation pourrait progresser jusqu’à dépasser 3% durant le second semestre de l’année. Cela pourrait être induit, d’une part, par la hausse importante des prix de la composante alimentaire. « Son poids est prépondérant dans le panier du consommateur marocain » précise AGR. Cela pourrait notamment être poussé par la mauvaise saison agricole qui se profile en 2022. « Déjà en janvier 2022, cette composante a connu une forte accélération de 4,3% en glissement annuel » rappelle AGR.

D’autre part, la flambée des prix de l’énergie (pétrole, gaz). En 2021 déjà, avec la reprise mondiale, le prix du baril s’était bonifié de 64%. Cette année, il connaît une hausse spectaculaire, catalysée par la guerre en Ukraine et les craintes d’approvisionnement. A rappeler que ce 7 mars, le cours du Brent a franchi les 129 dollars le baril (+61% en YTD).

Pour AGR, actuellement, ce scénario (inflation durable à 3%, ndlr) demeure prématuré. La récente flambée observée demeure une résultante de facteurs exogène comme la guerre entre l’Ukraine et la Russie. « Les perspectives de résolution du conflit avec la Russie conjuguées au rétablissement progressif de la chaîne logistique mondiale devraient réduire les récentes pressions haussières sur les prix des matières premières en général » explique la société de recherche.

Un scénario de politique accommodante est toujours crédible en 2022

Pour la société de recherche, malgré la hausse perceptible des prix, une politique monétaire accommodante et un maintien du taux directeur à 1,5% demeure plausible. « En effet, des politiques budgétaire et monétaire volontaristes demeurent toujours cruciales pour soutenir une croissance solide de l’économie marocaine, surtout durant une année agricole marquée par la sécheresse » explique AGR.

Une hausse plus forte et jugée non maîtrisable du niveau d’inflation pourrait justifier d’un changement de taux directeur, mais « à date d’aujourd’hui, l’environnement inflationniste demeure globalement maîtrisé à travers un niveau des prix à la consommation au Maroc évoluant autour des 2% en 2022 contre 1,4% en 2021 » indique AGR. Cependant, cette tendance pourrait être revue à la hausse étant donné les événements récents en Europe et les tensions engendrées notamment sur les cours des denrées alimentaires et de l’énergie. Dans la zone euro, l’inflation cette année est attendue à 1,7% contre 2,6% en 2021. Aux États-Unis, elle est anticipée à 3,5% cette année contre 4,7% une année auparavant.

In fine, « les perspectives d’orientation de l’inflation et les risques importants qui entourent la croissance du PIB en 2022 ne justifieraient pas à ce stade, à notre sens, un durcissement monétaire de Bank Al-Maghrib en 2022 » conclut la société de recherche.

Il est à rappeler que les perspectives de croissance pour le royaume s’élèvent à 2,9% selon BAM et le HCP et respectivement 3,2% et 3% selon la Banque Mondiale et le FMI.

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