Les bénéfices de 28 sociétés cotées ont baissé de près 22% en 2020 (CDG Capital)
Les résultats annuels 2020 des sociétés cotées, publiés au 19 mars, affichent une baisse de près de 22% en comparaison avec l’année 2019. Cette baisse est causée en grande partie par le secteur bancaire suite à la hausse du coût du risque à cause de la crise du Covid.
A une semaine de la fin de la période de publication des résultats annuels, il n’y a que 28 sociétés cotées sur 75 qui ont dévoilé leurs réalisations, au 19 mars. Celles-ci affichent une baisse de 21,8% à 15,4 milliards de DH de leur résultat net agrégé, d’après une note d’analyse diffusée par CDG Capital Insight.
A noter que ces sociétés, dont de nombreuses grosses capitalisations, représentent une pondération totale dans le MASI de 73%.
Cette baisse est légèrement plus importante que ce qui a été anticipé par les sociétés de bourse de la place. Attijari Global Research prévoit une chute de 15,8% des bénéfices récurrents. De son côté, CFG bank anticipe une baisse de 18,3% de la masse bénéficiaire de l’univers de référence CFG25 en 2020 (constitué de 25 sociétés les plus liquides du marché). BMCE Capital Research, elle, table sur une dégradation de 18,7% de la masse bénéficiaire 2020 des sociétés cotées qu'elle couvre (un scope de 40 valeurs).
Les analystes de CDG Capital expliquent le repli de la masse bénéficiaire enregistré jusqu’à présent en grande partie par le secteur bancaire, mais il a été atténué légèrement par le secteur des Télécoms.
Dans le détail, la baisse du RNPG du secteur bancaire de 5,7 milliards de DH reflète principalement le repli des résultats d’Attijariwafa bank (-2,8 Mrd MAD) et BCP (-1,8 Mrd MAD), suite à la hausse significative du coût du risque et la contribution exceptionnelle au fonds spécial Covid-19.
De son côté, la marge nette a perdu 2,7 points, passant de 12,6% à 9,9% à fin 2020.
Retraité de l’impact d’ATW et de la BCP, le RNPG aurait progressé de 2,6% à fin 2020.
Toutefois, la baisse du RNPG global des 28 sociétés cotées a été limitée par la hausse du RNPG de Maroc Telecom, avec un montant de 2,7 milliards de DH à fin 2020. Retraité de la provision de 3,3 milliards de DH du groupe IAM correspondant à l’amende de l’ANRT, le RNPG aurait chuté de 33,1%.
Le coût du risque impacte fortement le résultat d’exploitation
Le résultat d’exploitation a connu une nette détérioration de 20,0% à 28,5 milliards de DH à fin 2020, à cause du secteur bancaire. Celui-ci a vu son résultat d’exploitation régresser de 9,97 Mrd MAD, en raison de la hausse importante du coût du risque qui est passé de 5,2 milliards de DH en 2019 à 14,2 milliards de DH à fin 2020, soit une hausse de 174,9%.
Plus en détails, ATW et la BCP ont vu leur résultat d’exploitation baisser de 4,5 milliards de DH et 3,9 milliards de DH respectivement, à 6,2 milliards de DH et 2,1 milliards de DH à fin 2020.
La marge opérationnelle est passée de 27,6% en 2019 à 22,1% à fin 2020, soit une baisse de 5,5 pts.
Mais cette baisse a pu être réduite par la hausse du résultat d’exploitation d’IAM de 3,8 milliards de DH à 12 milliards de DH.
Retraité de la provision de 3,3 milliards de DH du groupe IAM correspondant à l’amende de l’ANRT, le résultat d’exploitation aurait régressé de 26,8%.
Hors le secteur bancaire, le résultat d’exploitation aurait progressé de 18,7%, et la marge d’exploitation aurait gagné 4,3pts, passant de 20,7% à 25%.
Le secteur Energie et Matériaux de construction, premier contributeur à la baisse du Chiffre d’affaires
Le chiffre d’affaires annuel publié des sociétés cotées au 19 mars ressort en quasi-stagnation (-0,5%) à 155 milliards de DH. Ce sont les secteurs Energie et Matériaux de construction qui contribuent le plus à cette détérioration. Leurs chiffres d’affaires ont baissé de respectivement 1,95 milliard de DH et 1,3 milliards de DH.
Plus en détails, le chiffre d’affaires de Taqa Morocco a baissé de 1,3 milliard de DH à 7,8 milliards de DH. De son côté, LafargeHolcim Maroc a vu ses revenus régresser de 875,2 millions de DH à 7 milliards de DH, en raison de la crise sanitaire qui a fortement impacté le niveau des ventes, en particulier au deuxième trimestre.
Sonasid a affiché une baisse du chiffre d’affaires de 469 millions de DH, impacté par les effets de la crise sanitaire sur le secteur de la construction et d’un effet prix défavorable.
Afriquia Gaz a également contribué à cette baisse, avec une dégradation de 631 millions de DH pour un CA de 5,7 milliards de DH. Une décroissance portée essentiellement par l’évolution du cours du GPL à l’international et la baisse des ventes.
Toutefois, la baisse du chiffre d’affaires a été atténuée par la hausse du PNB du secteur bancaire, qui a marqué une hausse de 2,1 milliards de DH, grâce principalement à la BCP qui a vu son PNB évoluer de 1,5 milliard de DH à 19,3 milliards de DH à fin 2020. Cette croissance intègre un effet périmètre sur 9 mois, lié à l’acquisition de trois nouvelles filiales en Afrique subsaharienne (Hors effet périmètre, son PNB n’aurait progressé que de 2,6%).
A rappeler qu’en se basant sur les publications des sociétés cotées au 4ème trimestre 2020, le chiffre d’affaires global ressort en baisse de 5%. Cette baisse n’est pas si catastrophique, tenant compte du contexte de crise.
Quelle réaction du marché ?
Comme nous l’a indiqué un analyste dans un article précédent, les résultats annuels de 2020 ont été anticipés par le marché. Leur impact est déjà intégré. Mais ce sont surtout les annonces concernant le dividende à distribuer qui font réagir les investisseurs.
Malgré la bonne tenue des réalisations de Maroc Telecom, cet opérateur a beaucoup déçu le marché après la baisse de son dividende et le changement de sa politique de distribution cette année. Depuis la publication de ses résultats, son cours a baissé de 5% entre le jeudi 18 mars (la veille de la publication) et ce mardi 23 mars. Sa variation depuis le début de cette année est passée dans le rouge (-4,34% ce mardi).
Evolution du cours de Maroc Telecom
Graph Maroc Telecom
En face, le groupe Mutandis a publié des indicateurs en baisse mais il a maintenu la distribution d’un dividende stable en comparaison avec l’exercice 2019. Cela a été apprécié par le marché. Le cours de Mutandis a gagné plus de 10% depuis la publication de ses résultats (le 12 février). La hausse cumulée depuis le début de cette année s’est établie à 10,11% ce mardi.
Evolution du cours de Mutandis
Graph Mutandis Br
Pour sa part, AtlantaSanad a enregistré une hausse d’à peu près 4% de son cours pendant trois séances de cotation successives (depuis le 19 mars) après la publication de ses réalisations en hausse et l’annonce d’un dividende en progression, gagnant ainsi 12% en l’espace de 3 séances de cotation. Sa hausse depuis le début de cette année s’est située à 10,40% ce mardi.
Evolution du cours d'AtlantaSanad
Graph ATLANTA P
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