Sociétés cotées: BMCE Capital Research s’explique sur ses projections 2021 jugées optimistes
BMCE Capital Research répond à nos questions concernant les projections d’évolution de la masse bénéficiaire des sociétés cotées en 202 et les hypothèses sur lesquelles elles se basent. La société de recherche nous indique qu’elle est en train d’évaluer l’impact prévu de la nouvelle contribution de solidarité.
La société de recherche confirme son optimisme pour l’année 2021. Toutefois, elle n’omet pas de souligner que l’avènement d’éléments exceptionnels pouvant changer la donne n’est pas écarté.
- LeBoursier : BMCE Capital prévoit une hausse de 34% des bénéfices de 40 sociétés cotées en 2021. Etes-vous optimistes à ce point ?
BMCE Capital Research : Optimistes, forcément on l’est pour 2021 tant une multitude d’éléments positifs nous y oriente.
- Qu'est ce qui alimente cet optimisme ?
D’abord, sur le plan économique, les différentes institutions s’accordent sur une reprise de l’économie marocaine en 2021 qui se situerait selon les projections de la Banque Centrale à +4,7% au moment où le FMI prévoit une croissance de +4,9%.
Ces simulations économiques tiennent compte de l’hypothèse centrale d’un retour progressif à « la vie normale » entre la fin du T1 et celle du T2 2021 ainsi que d’un redressement de la valeur ajoutée agricole de +12,6% dans le sillage d’une récolte céréalière escomptée à 75 millions de quintaux.
Dans cette projection et après une année 2020 où les réalisations financières des sociétés cotées sont attendues en forte baisse, on est en droit d’anticiper une reprise mécanique de leurs performances.
Pour rappel, les publications semestrielles des sociétés cotées laissent déjà ressortir un repli de 54,3% de la capacité bénéficiaire du marché, lourdement impactées par la quasi-paralysie de l’économie suite à l’instauration d’un confinement d’une durée de 3 mois ainsi que l’importance des contributions au fonds COVID pour un montant brut de MAD 6,5 Md (MAD 5,5 Md pour notre scope).
En tenant compte uniquement de la non-récurrence de cette charge exceptionnelle, la masse des bénéfices de notre scope devrait progresser de façon davantage raisonnable à près de +15% à MAD 26,4 Md en 2021 (contre +34% sans retraitement).
Par comparaison avec les années normatives, ce niveau demeure inférieur à la capacité bénéficiaire enregistrée en 2018 (MAD 28 Md) et en 2019 à MAD 27,4 Md (retraité de la provision de MAD 3,3 Md comptabilisée par IAM relative au litige avec l’ANRT). Il est clair qu’il s’agit là essentiellement d’un effet de base sur l’année 2021.
A BMCE Capital Research, nous avons foi dans le proverbe qui dit que « l’optimisme, c’est voir les problèmes et croire aux remèdes ». C’est ainsi que nous procédons dans toutes nos analyses que nous étayons bien évidemment par une méthodologie rigoureuse tenant compte d’une vision Top Down, via laquelle nous essayons toujours de mesurer à la fois les impacts macroéconomiques et sectoriels ainsi que ceux inhérents à chacune des sociétés. Notre réconfort à ce titre transparaît précisément dans le taux de justesse de nos prévisions qui oscille historiquement entre 95% et 98% selon les années.
Maintenant, pour répondre à votre question et au risque de nous répéter, nos prévisions sur 2021 se basent sur l’hypothèse centrale d’une reprise graduelle de l’activité économique et sur l’impact supposé de la non reconduction des contributions au Fonds COVID et de la taxe pour la cohésion sociale.
-Peut-on dire que cet optimisme reste fragile ? Timide ?
Seul l’avenir nous le dira. En principe, nos prévisions se basent toujours sur des hypothèses prudentes. Ceci dit, nous ne sommes pas à l’abri d’éléments exceptionnels pouvant changer la donne telle que la mise en place de nouvelles mesures du PLF 2021 comme avec la taxe pour la cohésion sociale, l’occurrence de contrôles fiscaux, l’instauration de nouvelles restrictions sanitaires (reconfinement), etc.
Concernant la nouvelle taxe de cohésion sociale, nous sommes en train d’en évaluer l’impact.
Nous mettons à jour nos forecasts au moins 2 fois par an après les publications annuelles et semestrielles pour notre scope et au fil de l’eau pour les sociétés suivies lors de la survenance de faits pouvant impacter positivement ou négativement leurs prévisions et, de facto, leur valorisation.
- Hormis les prévisions macroéconomiques, quels sont les autres facteurs qui appuient vos projections ?
Au-delà des principaux postulats déjà évoqués, les autres hypothèses retenues pour l’élaboration de nos prévisions pour 2021 sont :
- Un non renouvellement de l’impôt à la cohésion sociale tel qu’il a été prévu par la Loi de Finances 2019 sur les années 2019 et 2020. Si on retraite les réalisations 2020 de cet impôt, la progression de la capacité bénéficiaire aurait été de +29% en 2021 (contre +34%). Hypothèse aujourd’hui battue en brèche par le projet de LF pour l’année à venir ;
- La non-reconduction de la contribution au fonds COVID pour les sociétés cotées. Notons que certaines entreprises pourraient être amenées à contribuer à nouveau en 2021, mais nous ne pouvons pas évaluer le montant de cette contribution à ce jour. Retraité de cet élément en 2020, la capacité bénéficiaire serait en hausse de près de 14% en 2021 ;
- Hypothèses de non-reconfinement total en 2021.
Bien évidemment, nous prévoyons également des hypothèses propres à chaque secteur en fonction de son environnement réglementaire.
- Pensez-vous qu'un optimisme général est nécessaire pour une relance économique ?
L’optimisme ne peut être, en tous les cas, qu’un multiplicateur de force. Ceci étant, nous ne cherchons point à bercer dans l’optimisme béat. Nous pensons, sur la base des éléments déjà développés, qu’il y a de l’espoir pour une reprise à partir de 2021. Reprise qui devrait être soutenue par le plan de relance de MAD 120 Md que les autorités ont annoncé.
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