Bourse : Malgré l'approche du déconfinement, « il est encore tôt pour parler de reprise » (opérateurs du marché)
Le marché boursier affiche un léger redressement, traduisant l’impact psychologique de la reprise partielle de l’activité économique et de l’approche de la date du déconfinement. Mais, selon des opérateurs du marché, ce redressement ne devrait pas durer. La reprise est conditionnée par plusieurs éléments. Analyse.
A l’approche de la date prévue du déconfinement au Maroc, et suite à l’appel du ministre de l’Economie et des Finances pour que les entreprises qui ne sont pas formellement interdites reprennent leurs activités après l'Aid, un léger redressement des indices boursiers a été observé au cours de la semaine du 18 mai et il se poursuit cette semaine.
A l’issue de la séance de cotation de ce mardi 26 mai, le MASI a terminé sur une hausse de 1,61%, ramenant ses pertes cumulées depuis le début de l’année à 19,09% contre 24% le mercredi 13 mai.
Evolution du MASI
Graph MASI
Contacté par LeBoursier, Bachir Tazi, directeur de CFG Bank Capital Markets, estime que « le déconfinement aura un impact psychologique positif sur le marché » mais que la vraie reprise attendra encore.
Et d'expliquer : « Le marché a déjà commencé à réagir à ce qui se passe ailleurs, notamment en France avec l’accélération du déconfinement et, aussi, à l’amélioration de la situation sanitaire au Maroc. Maintenant le marché anticipe ».
Notre interlocuteur rappelle qu’ « il y a eu une réaction de panique pendant le mois de mars. Le marché a par la suite consolidé. Maintenant on assiste à un léger retour des investisseurs sur le marché mais avec prudence ».
Le comportement des investisseurs devrait être très sélectif vu que « le déconfinement va se faire d’une manière graduelle. Personne ne sait comment les choses vont évoluer ».
Ils vont donc « suivre ce qui va se passer et adopteront un comportement sélectif. Les investisseurs vont viser seulement certaines valeurs ou certains secteurs. Les placements seront effectués en choisissant les valeurs qui semblent résister à la crise, à la lumière des résultats trimestriels publiés, ou ils vont cibler des valeurs qui ont profité du confinement et de la situation actuelle, notamment les valeurs appartenant aux secteurs de l’agroalimentaire, la grande distribution, etc. Les investisseurs vont également viser les valeurs qui dégagent une situation de cash solide qui leur permettra de faire face à la crise et pouvoir remonter la pente ».
Cette logique sera suivie en grande partie par les investisseurs institutionnels qui « sont dans le comparatif et se basent sur la performance relative ».
« Le troisième épisode [phase de l’ajustement et prise de décisions, ndlr] que connaitra le marché devrait normalement démarrer pendant la période de publication des résultats semestriels, soit après les vacances d'été. Les résultats trimestriels qui ont été publiés ne sont pas suffisants pour appréhender l’impact de la crise sur les réalisations des entreprises», continue-t-il.
A rappeler que Bachir Tazi nous avait parlé dans un précédent article des trois épisodes par lesquelles le marché devrait passer suite à la crise générée par la propagation du Covid-19. Le marché est toujours au milieu du deuxième épisode, qui est marqué par l’attentisme des investisseurs.
>>> Lire aussi : Coronavirus, chute de la Bourse : Bachir Tazi parle de trois épisodes par lesquels le marché doit passer
« Il faut également attendre les premières statistiques macroéconomiques arrêtées à fin mai-juin pour avoir plus de visibilité sur le marché », continue notre interlocuteur.
« Ces deux éléments [résultats semestriels et statistiques macroéconomiques, ndlr] ne devraient pas être positifs. Reste à savoir s’ils seront pires que ce qui a été anticipé par le marché ou pas ».
Mais la reprise du marché sera également conditionnée par d'autres facteurs. « Plus l’investisseur a de la matière, plus il va réagir et plus il va anticiper. Si on veut parler d’une tendance moyen et long-terme, c’est clair que les investisseurs ont besoin de visibilité. Celle-ci est liée à plusieurs facteurs notamment des mesures de relance sectorielles ou générales qui pourront être adoptées, la loi de finance rectificative, les projections de la croissance économique, le déficit budgétaire, les résultats semestriels, la situation des réserves de change, etc. Pour le moment, c’est encore trop tôt pour parler d’une reprise du marché ».
Un niveau de sortie
D’après un analyste de la place, préférant s’exprimer sous couvert d’anonymat, le redressement actuel qui est lié à un facteur psychologique « ne veut pas dire que l’avenir est prometteur. L’activité économique reprend petit à petit mais il y des cicatrices liées à deux mois d’arrêt économique ».
« A l’approche du déconfinement et avec la reprise partielle de l’activité de quelques entreprises, on a observé quelques signaux de reprise, mais cela ne va pas durer très longtemps surtout après l’annonce des résultats semestriels des sociétés cotées. Le marché devrait replonger après les publications semestrielles ».
Actuellement, le MASI se situe à 9.847,80 points. La barre des 9.000 points semble constituer une résistance, depuis plusieurs semaines, sur laquelle le marché bondit sans pour autant franchir la barre des 10.000 points.
Selon notre analyste, « ça va être difficile de franchir la barre des 10.000 points dans le contexte actuel. On observe qu’il y a des investisseurs institutionnels qui allègent leurs portefeuilles et des OPCVM qui sortent et d’autres qui rentrent. La situation est perturbée et il y a encore du doute », estime-t-il.
« Le niveau actuel du marché est un niveau de sortie. Les investisseurs doivent profiter de la hausse actuelle pour alléger leurs portefeuilles et revenir se positionner sur le marché plus tard », conclut notre source.
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