Covid-19 : « La baisse du marché Actions marocain n'a toujours pas atteint son plancher » (Alpha MENA)

M. Ett. | Le 16/4/2020 à 15:16

Dans un contexte marqué par une crise économique déclenchée par la propagation du Coronavirus, la firme tunisienne Alpha Mena a dressé un scénario pessimiste pour la Bourse de Casablanca. Elle trouve que le marché marocain est moins attractif en comparaison à d'autres marchés dans la région Mena. 

Contacté par LeBoursier, Kais Kriaa, Directeur Général d'Alpha Mena, estime qu’ «en dépit de cette baisse de plus de 23% [baisse du MASI depuis le début de la crise, ndlr], le marché actions marocain a un potentiel fondamental peu attractif en comparaison avec d'autres marchés de la zone Mena ».

Plus en détail, Alpha Mena explique dans une note de recherche réalisée mercredi 15 avril que : « Au début de l’année, nous étions pessimistes pour les actions marocaines ».

Le pessimisme de la firme tunisienne se basait sur des arguments purement fondamentaux : le P/E 2020 était à 18x sur la base d’une croissance bénéficiaire de 7,8% alors que l’univers Alpha Mena (173 actions, capitalisation boursière à 522,278 milliards d’euros) se négociait à 13,8x et une croissance des BPA à 9,17%.

Les analystes d’Alpha Mena trouvent que la baisse du MASI n’a toujours pas atteint son plancher. 

« Après plus de trois mois durant lesquels le monde a été secoué par la propagation de l’épidémie du Coronavirus, notre opinion sur les actions marocaines n’a pas changé. Nous réitérons notre prudence sur le potentiel fondamental des actions marocaines et nous estimons que la chute du MASI de plus de 23% est insuffisante», expliquent-ils. 

Evolution du MASI

Graph MASI

L’économie marocaine va souffrir des conséquences de la propagation du Covid-19. Et cela va impacter davantage le marché boursier. 

Les analystes soulignent que pour le moment « la crise sanitaire reste maitrisée et grâce à des mesures préventives le coût sanitaire est raisonnable ». 

Toutefois, « la reprise après la sortie de crise sera plus lente, étant donné que les principaux secteurs qui soutenaient la croissance au Maroc auront du mal à reprendre le rythme pre-Covid-19. Il s’agit principalement du secteur touristique (2020 est une année blanche) et les équipementiers aéronautiques et automobiles, où les donneurs d’ordre sont les industries les plus touchées par la crise du Covid-19 ».

« En outre, la demande locale était déjà en difficulté et les stimuli manqueront encore à l’appel tant que les prix de l’immobilier restent élevés et la politique de stabilité monétaire (post-crise) reviendra à l’ordre du jour », ajoutent-ils.

« Le maintien des dividendes est le seul point positif »

Le maintien des dividendes à distribuer au titre de l’exercice 2019 au même niveau que l’exercice précédent est un point positif pour la bourse de Casablanca.

Kais Kriaa trouve qu’ « il est clair que les bénéfices 2020 subiront une forte baisse par rapport aux prévisions actuelles, mais il y a un point positif pour les actions marocaines. Il s’agit de la stabilité en ce qui concerne le rendement en dividende ». 

« Bank Al-Maghrib par exemple n'a pas obligé les banques marocaines à suspendre les procédures de distribution des bénéfices 2019, contrairement à la BCT en Tunisie ou bien Central Bank of Jordan », souligne-t-il.

Cependant, il y a des craintes sur les dividendes qui seront distribués en 2021. « La montée prévue du coût du risque seraient un coup de massue sur la distribution des bénéfices », estiment les analystes.

Se focaliser sur les secteurs défensifs

Les analystes trouvent que la situation de crise actuelle requiert une stratégie d’investissement qui cible les secteurs défensifs, « comme le secteur Agroalimentaire (Cosumar à accumuler), la Distribution alimentaire (Label Vie à alléger), et les Télécoms (Maroc Télécom à accumuler) ».

Alpha Mena a émis d’autres recommandations post-résultats 2019 des sociétés cotées à Casablanca en prenant en compte la crise sanitaire actuelle. 

Les analystes soulignent que la valeur Attijariwafa bank s’est effondrée plus que les autres banques suivies par la firme tunisienne (-32% depuis le début de l’année à 335,30 DH à la clôture de la séance de ce jeudi).

« Une valorisation proche de son plus bas niveau historique des trois dernières années. La panique générale du marché et es perspectives moroses des économies internationales expliquent cette sous-performance. Le lien étroit entre les opérations bancaires et l’économie met en évidence la détresse attendue Cette valeur est en train de perdre sa force », commentent-ils

Selon les projections d’Alpha Mena, le cours d’Attijari devrait se situer à 308 DH sur un horizon de 6 mois, soit une baisse attendue de 8,14%, en comparaison avec le cours observé ce jeudi à la clôture. Elle recommande aux investisseurs de vendre cette valeur. 

Les analystes s’attendent en effet à une dégradation de la qualité des actifs du secteur bancaire dans son ensemble avec une hausse des provisionnements. 

Pour Bank of Africa, son cours devrait baisser de plus de 10% pour se situer à 124 DH dans 6 mois, contre 138,5 DH (cours de la clôture de la séance de ce jeudi). Les analystes recommandent également aux investisseurs de vendre cette valeur. 

Recommandations positives pour Sonasid et Cimar

Alpha Mena trouvent qu’il faut acheter le titre Sonasid qui devrait s’apprécier de 115% pour atteindre un cours de 374 DH en l’espace de 6 mois, contre 173,30 DH observé ce jeudi 16 avril. 

Selon eux, Sonasid a bien résisté en bourse au cours de ces deux dernières semaines. « Ce qui rassure dans ce contexte morose, c'est la robustesse du bilan de Sonasid. La valeur a encore du potentiel. Mais le futur reste incertain », commentent-ils. 

S’agissant de Ciments du Maroc (Cimar), les analystes recommandent de surpondérer le titre dans les portefeuilles. Avant la crise du Covid-19, ils recommandaient le titre à l’achat.

Ils trouvent maintenant que la suspension des chantiers devrait peser sur la croissance des revenus.

Ainsi, ils ont revu leur cours objectif à la baisse pour passer de 1.196 DH à 1.750 DH. Mais Cimar garde un potentiel de hausse de 23% en comparaison avec un cours de 1.189 DH.

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Covid-19 : le secteur agroalimentaire devrait se montrer résilient (Analystes)

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