La Bourse de Casablanca s'effondre de nouveau, réaction exagérée selon Attijari
Le marché boursier marocain continue de s'effondre. Il a perdu 6,7% ce jeudi 12 mars. Dans une note de recherche, Attijari Global Research estime que la baisse est disproportionnée par rapport aux fondamentaux du marché.
L'effondrement de la Bourse de Casablanca se poursuit. La chute semble ne pas avoir de plancher.
Le MASI a perdu 6,70% à la clôture de la séance de ce jeudi 12 mars. Ses pertes annuelles passent de -6,84% (observées à la clôture de la séance du 11 mars) à 13,08%.
Evolution du MASI
Graph MASI
La quasi-totalité des valeurs traitées lors de cette séance ont terminé dans le rouge. Mais, ce sont les grosses et moyennes capitalisations qui en chuté le plus.
Le FTSE CSE Morocco 15, l'indice regroupant les 15 plus grandes capitalisations du marché, a fondu de 7,44%. Ses pertes YTD repassent à 14,72.
Le volume échangé s’est renforcé par rapport à ces deux avant-dernières séances pour se situer à 530,96 millions de DH. Il est en hausse de 140% en comparaison avec le volume enregistré mercredi (221,7 MDH).
Ce volume, consolidant le mouvement vendeur, a été drainé en grande partie par les valeurs suivantes :
- Attijariwafa bank (-7,49%) : 103,51 MDH ;
- Afriquia Gaz (-6,84%) : 83,47 MDH ;
- Maroc Telecom (-4,36%) : 74,34 MDH ;
- Ciments du Maroc (-6,03%) : 40,71 MDH ;
- Cosumar (-9,45%) : 31,67 MDH ;
- Marsa Maroc (-9,97%) : 29,05 MDH ;
- Label’Vie (-5,59%) : 27,15 MDH ;
- LafargeHolcim Maroc (-8,74%) : 24,90 MDH ;
Face à cette baisse, les analyses du marché se mutliplient pour rassurer mais la paniquele manque de visibilité persiste.
Attijari Global Research (AGR) vient de publier une note de recherche où elle explique les facteurs qui ont favorisé la forte correction de la bourse, entamée vendredi 6 mars.
Elle estime également que cette baisse est exagérée tenant compte des bons fondamentaux du marché marocain.
La correction à la baisse est exagérée
Selon Attijari, la correction boursière est disproportionnée par rapport aux fondamentaux du marché qui se caractérise par :
> Une économie marocaine défensive ayant déjà démontré sa résilience durant les périodes de crise
Attijari estime que l’économie marocaine a démontré une certaine résilience par rapport aux chocs exogènes grâce, d’une part, à un système bancaire solide bénéficiant d’une bonne maîtrise de son risque de crédit et d’autre part, par une demande intérieure peu volatile qui constitue le pilier de la croissance économique.
Toutefois, les analystes notent que l’économie marocaine fait face à plusieurs facteurs de contagion qui peuvent ralentir son rythme de croissance durant certaines périodes. Il s’agit principalement de la demande des partenaires européens envers le Maroc, des transferts des marocains résidents à l’étranger, des flux de capitaux étrangers et enfin, des recettes touristiques.
> Une croissance bénéficiaire solide des grandes capitalisations, n’affichant pas de signes d’inquiétude en 2020
AGR anticipe une hausse de la masse bénéficiaire des grandes capitalisations du marché de 2,3% en 2019 et de 5,7% en 2020. Cela rassure quant à la capacité de ces sociétés cotées à préserver une tendance haussière de leur dividende sur le MT.
> Une soutenabilité des taux bas au Maroc ne remettant pas en cause l’arbitrage en faveur des actions
Avec la poursuite de la baisse des taux au Maroc, et tenant compte du manque d’alternatives de placement sur le marché local, les actions seraient toujours perçues comme étant l’unique alternative permettant le relèvement de la rentabilité des fonds, selon Attijari.
Un effet de contagion rapide induit par la décadence des marchés à l’international
Les analystes d’Attijari expliquent la correction à la baisse du marché boursier marocain par les points suivants :
> La décadence inédite des bourses à l’international :
Les marchés financiers internationaux ont cédé à une crise de panique générale. Cette situation a déclenché un mouvement agressif de prises de bénéfices au Maroc dans un contexte où les investisseurs locaux ont accumulé des performances considérables au cours des trois dernières années.
Cet effet de contagion a été ressenti spécialement vendredi quand toutes les bourses internationales avaient chuté. A rappeler que lors de cette séance, les bourses européennes déprimaient toutes : de Paris, qui a franchi brièvement la barre des 4% de baisse, à Londres (-3,23%), en passant par Francfort (-3,60%), Madrid (-3,57%) et Milan (-3,54%).
Du côté des bourses asiatiques, Tokyo avait fini en forte baisse (-2,72%), tout comme Hong Kong (-2,32%) et Shanghai (-1,21%). Les grands indices américains ont pour leur part dévissé de plus de 3% jeudi.
Et quand Wall Street s'est envolée le mardi 10 mars, rebondissant nettement au lendemain de la plus lourde chute des indices new-yorkais depuis 2008, idem pour les grandes bourses asiatiques qui ont rebondi soulagées par la remontée des prix du pétrole.
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> La configuration atypique du marché marocain :
Cette configuration favorise de fortes volatilités sur des périodes assez courtes. En l’absence des investisseurs étrangers et des investisseurs individuels, le marché marocain vit au rythme des souscriptions/rachats des OPCVM.
Afin d’appuyer ce point, ils rappellent que l’indice MASI a gagné en décembre 2016 plus de 22% en l’espace de 27 séances seulement. À l’origine de cette performance, une importante souscription auprès des gérants de fonds.
À l’opposé, la récente correction du marché reflèterait un rachat significatif dans un contexte marqué par l’attentisme des acheteurs sur le marché.
> Un terrain propice pour les opérations de prises de bénéfices
En analysant le marché actions marocain, les analystes d’Attijari trouvent qu'il présentait un terrain propice aux opérations de prises de bénéfices.
Ils rappellent que les investisseurs au Maroc ont accumulé au cours des trois dernières années des rentabilités boursières importantes sur les grandes capitalisations de la cote, soit de +107% en moyenne.
Ils indiquent que face à l’instabilité vécue actuellement, certains investisseurs fortement averses au risque étaient prédisposés à sortir complètement du marché actions, confortés par une marge de plus-value assez confortable.
C’est ce qui explique le fait que les grandes capitalisations qui affichent des rentabilités cumulées élevées ont été les plus touchées par les opérations de prises de bénéfices.
Le tourisme, l’activité portuaire, les mines et l’IT seront impactés
Dans un contexte marqué par une instabilité à l’échelle mondiale, les analystes d’AGR estiment qu’ « il serait prétentieux d’avancer que le marché Actions marocain est totalement épargné ».
Selon eux, « il existe plusieurs canaux de transmission de la dégradation des conditions économiques à l’international vers le Maroc ».
Ainsi, les secteurs cotés qui sont les plus exposés à ce risque seraient le tourisme, l’activité portuaire, les mines et l’IT (Technologie de l’information).
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