Exclusif. OMS: Voici pourquoi il faut rester vigilant sur le coronavirus

ENTRETIEN. D'un côté, l'état d'alerte mondiale. De l'autre, le discours qui se veut rassurant au sujet du virus Covid-19. Les citoyens ne savent plus s'ils doivent s'inquiéter ou pas. Médias24 a posé la question à Maryam Bigdeli, représentante de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) au Maroc. Réponses.

Exclusif. OMS: Voici pourquoi il faut rester vigilant sur le coronavirus

Le 5 mars 2020 à 19h13

Modifié 10 avril 2021 à 22h19

ENTRETIEN. D'un côté, l'état d'alerte mondiale. De l'autre, le discours qui se veut rassurant au sujet du virus Covid-19. Les citoyens ne savent plus s'ils doivent s'inquiéter ou pas. Médias24 a posé la question à Maryam Bigdeli, représentante de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) au Maroc. Réponses.

Le nouveau Coronavirus. Un virus qui met le monde en état d'alerte. L'OMS et les autorités sanitaires des pays partout dans le monde sont sur le qui-vive. Ce qui attise l'appréhension et la peur chez les gens et même un vent de panique dans certaines zones des plus touchées.

Pour autant, experts et officiels se veulent rassurants en avançant que le virus n'est pas aussi "dangereux qu'on pourrait le penser". D'ailleurs, la comparaison entre la grippe saisonnière et le Covid-19 revient souvent dans les discours. 

Le discours peut sembler contradictoire avec la mobilisation et les mesures, parfois draconiennes, prises dans certains pays. Pourquoi donc déclare-t-on l'état d'alerte mondiale pour un virus qui tue moins que la grippe saisonnière? Pour répondre à cette question et d'autres, Médias24 a interviewé Maryam Bigdeli, représentante de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) au Maroc qui apporte son éclairage sur la question. 

Médias24: Quel est le taux de mortalité du Covid-19 et quelle interprétation faire de ce taux ?

Maryam Bigdeli : Je comprends la confusion des gens sur la question du taux de mortalité. La réponse est: "cela dépend". En moyenne, le taux de décès par 100 cas enregistrés est de 3,4% selon les données que nous avons pour l'instant. Cependant, il est par exemple plus élevé en Chine où il est en moyenne de 3,7% et moins élevé hors de Chine.

La Chine, où il y a plus de 80.000 sur les 90.000 recensés dans le monde, est actuellement le réservoir d'informations le plus important. Sur les données qui nous viennent de Chine, on voit que le taux de mortalité est beaucoup plus élevé chez les personnes âgées et moins élevé chez les jeunes adultes et il l’est encore moins chez les enfants qui semblent développer des formes moins sévères.

Toujours en Chine, on constate que la mortalité en début d’épidémie était très élevée et elle a beaucoup baissé ces dernières semaines. Donc, le virus évolue et tout dépend de la réponse qu’on va donner, du système de santé, des personnes et leur vulnérabilité, …

- La comparaison entre le Covid-19 et la grippe saisonnière est répandue dans les médias ou sur les réseaux sociaux. Cette comparaison est-elle pertinente ?

-Le taux de mortalité du Covid-19 est plus élevé que la grippe saisonnière, c'est certain, car cette dernière a un taux de mortalité de 0,2%. Mais en valeur absolue, la grippe tue davantage car le nombre de personnes infectées est nettement plus important. On enregistre en chiffres absolus plus de décès avec la grippe pour l'instant. Tout en avançant ces chiffres, il faut se garder de faire une comparaison. 

Si on le fait, c'est parce que la maladie due au Covid-19 est une affection respiratoire, donc les symptômes sont proches de ceux de la grippe. Ce qui permet par exemple pour des pays comme le Maroc, d’activer les mécanismes de surveillance et de détection qui sont en place pour la grippe et de les adapter à cette maladie. Ça c’est une comparaison, disons, positive.

Il faut garder en vue que c’est un nouvel élément pathogène qui est contagieux, qui peut se propager rapidement et donc il doit être considéré comme potentiellement capable de causer d’énormes impacts sanitaires, économiques et sociaux. Le virus du Covid-19 n’est pas celui de la grippe. Ce sont deux profils différents.

Le virus du Covid-19 touche pour le moment moins de personnes puisqu’il se transmet par gouttelettes, en d’autres termes, par un contact rapproché avec les personnes infectées. Il y a un une personne sur cinq ou six infectées qui va développer une maladie sévère pour laquelle il va falloir une hospitalisation et des soins intensifs. Et parmi ces personnes, il y aura plus de décès.

Par ailleurs, la grippe est également une maladie qu’il faut considérer sérieusement. Mais pour elle, il existe un vaccin. Donc le personnel médical en particulier puisqu’il est directement exposé, et les personnes vulnérables, peuvent se vacciner et donc se protéger.

- Est-il vrai que dans plus de 80% des cas de Covid-19, la maladie est bénigne ?

-Oui, en effet. 80% des cas c’est donc cinq personnes sur six à peu près qui vont connaître des conditions peu sévères ou modérées.

Il faut quand même rester vigilant car il existe des populations vulnérables qui ont des maladies chroniques comme le diabète, des problèmes cardiaques, des problèmes respiratoires, une tension artérielle élevée, et donc si on laisse la maladie se propager parce qu’on pense qu’une partie de la population va développer une maladie moins sévère, ces personnes-là risquent d'avoir des complications.

- Partant des constats qui précèdent à savoir que la maladie est bénigne pour 80% des cas et que le taux de mortalité reste relativement bas, pourquoi l'OMS et les autorités sanitaires sont-elles en alerte élevée et le monde sur le qui-vive  ?   

-Pour être précis, le nombre de décès est plutôt bas mais le taux de mortalité est plutôt élevé. Il faut être vigilant par rapport à une propagation importante, à une épidémie ou une pandémie. Il faut mettre les mesures de prévention en place comme l’hygiène des mains. Pour cette maladie, nous n’avons pas de vaccin donc nous ne pouvons pas comme pour la grippe par exemple, protéger le personnel médical qui est en première ligne.

C’est un agent pathogène hautement contagieux qui peut se propager rapidement. En plus, on ne peut pas uniquement se baser sur des stratégies réalisées pour les virus connus. On ne peut pas exploiter tout ce que l’on sait sur les autres maladies. On se doit d’être vigilant. Il faut que le taux d’alerte soit suffisant pour qu’on puisse faire face à cette nouveauté par rapport à sa transmission, par rapport à la célérité clinique qu’il va présenter.

Surtout, il ne faut pas oublier que les autres urgences médicales continuent. Le personnel médical doit toujours s’occuper des accouchements, des accidentés de la route, des malades chroniques,… la pression qui va être mise sur le système de santé avec cette maladie supplémentaire nouvelle et inconnue est importante. Et c’est pour cela aussi que nous sommes en alerte.

- L’alerte n’est pas forcément liée uniquement à la « dangerosité » de ce virus, elle l’est aussi parce que le monde est en « terre inconnue » et j’emprunte là les propos du DG de l’OMS ...

-C’est en effet cela. On a eu d’autres cas de coronavirus. Ce n’est pas le premier qui émerge chez l’homme. Dans les précédents cas, on a aussi été alerté de la même façon et on a pu y faire face. Donc il faut rester vigilant parce que c’est un nouveau pathogène. 

On est en terrain inconnu, on a découvert beaucoup de choses depuis le début de l’épidémie, en quelques mois seulement, notamment le code génétique, et là on cherche le vaccin.

On est en train de chercher parmi les molécules déjà disponibles, celles qui pourraient traiter le virus. On a bien défriché tout cela déjà, mais on a beaucoup de chemin à faire pour comprendre ce que c’est que ce virus et comment il nous affecte.

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