Le “terrorisme islamiste” a fait 167.000 morts depuis 1979 selon un think tank

Entre 1979 et 2019, les « attentats islamistes » constituent 18,8% des actes terroristes commis dans le monde. Les pays musulmans sont les plus touchés. Daech est l’organisation terroriste la plus meurtrière de l’histoire.

Le “terrorisme islamiste” a fait 167.000 morts depuis 1979 selon un think tank

Le 12 novembre 2019 à 15h20

Modifié le 11 avril 2021 à 2h43

Entre 1979 et 2019, les « attentats islamistes » constituent 18,8% des actes terroristes commis dans le monde. Les pays musulmans sont les plus touchés. Daech est l’organisation terroriste la plus meurtrière de l’histoire.

Ces 40 dernières années, le monde a été frappé 33.769 fois par des attentats «islamistes». Au moins 167.096 personnes y ont trouvé la mort et 151.431 autres ont subi des blessures. Ces chiffres ont été recensés par la « Fondation pour l’innovation politique », think tank français qui s’est penché sur le sujet dans son étude intitulée «Les attentats s dans le Monde : 1979-2019» qui a fait grand bruit dans les milieux occidentaux étudiant le terrorisme.

La publication de ce rapport survient dans un contexte actuel de débat, souvent tendu, autour de la place de l'Islam et des musulmans en France.  

L’étude est présentée sous forme d'une base de données répertoriant «les attentats s» perpétrés depuis le 27 décembre 1979. Le choix de cette date n’est pas anodin. Pour les auteurs du rapport, elle «solde l’échec historique du nationalisme arabe concurrencé par les mouvements d’islamisation et d’affirmation du djihadisme».

Les informations sur les attentats depuis 1979 ont été recueillies via les moteurs de recherche, le croisement des bases de données existantes et les recherches académiques.

Le recensement concerne spécifiquement les « actes terroristes s accomplis par des organisations ou des individus se réclamant de l’islamisme ». D’où l’usage du terme « attentat  ». Ces actes représentent 18,8% des attentats s commis dans le monde entre 1979 et 2019, tout en étant responsables de 39,1% des morts (436.170 attentats s ou non). Mais "l’islamisme" est devenu la cause majoritaire des morts par terrorisme (63,4%) à partir de 2013 (125.672 morts sur 198.351), affirme l’étude.

Daech est responsable de la mort de plus de 52.600 personnes

2013-2019 est d’ailleurs la période où le "terrorisme" a provoqué le plus de morts, comparée à la période 2001-2012 (38.186 morts) et la période 1979-2000 (2.190). Cette hausse est concomitante à la proclamation par l’organisation État islamique (EI) du califat, à Mossoul, en 2014. La montée en puissance de Daech « est facilitée par des contextes géopolitiques chaotiques qui offrent aux terroristes de nombreuses opportunités d’expansion. »

En incluant ses différentes branches, l’État islamique (EI) ressort comme l’organisation terroriste la plus meurtrière de l’histoire. Ses actions ont provoqué la mort de 52.619 personnes. « En 2016, l’EI assassine 13.746 personnes. Il s’agit de l’année la plus meurtrière enregistrée sur l’ensemble de la période 1979-2019 », note le rapport.

Dans le classement des organisations terroristes les plus meurtrières, Daech est suivie des Talibans (39.733 morts), Boko Haram (22.287 morts) et Al-Qaida (14.680 morts). « Ces quatre groupes terroristes ont été responsables de plus des trois-quarts (77,4%) des victimes d’attentats s, entre 1979 et 2019 », selon Fondapol, précisant que « 89,4% des actes terroristes s sont revendiqués par des organisations terroristes sunnites ».

90% des attentats s commis dans des pays musulmans

Sur la période étudiée, 81 pays ont été touchés par au moins un attentat . Mais l’immense majorité (89,2%) de ces attaques ont été commises dans des pays musulmans. 91,2% des morts provoquées par des attentats sont aussi enregistrées dans ces pays. Par voie de conséquence, « la plupart des vies perdues sont donc celles de musulmans », indique l’étude.  

Ainsi, les pays les plus touchés sont l’Afghanistan (8.460 attentats), l’Iraq (6.265 attentats), la Somalie (3.134 attentats), le Nigeria (2.260 attentats), le Pakistan (2.184 attentats), l’Algérie (1.390 attentats), la Syrie (1.340 attentats), le Yémen (1.185 attentats), les Philippines (1.037 attentats), l’Égypte (977 attentats), l’Inde (816 attentats), et la Libye (699 attentats).

Dans ces douze pays, on enregistre 149.136 morts provoquées par les attentats s, ce qui représente 89,3% du total des morts recensées dans le monde.

Sans établir de corrélation, l’étude indique que les pays les plus affectés par des attentats s sont ceux qui ont connu des périodes de guerre.

Le Maroc a été visé par 14 attentats qui ont fait 71 morts. La période 2001-2012 est la plus marquée. Lors de cette période, le Maroc est touché par 8 attentats ayant provoqué 66 morts. Entre 2012 et 2019, le Royaume a connu un seul attentat faisant 2 morts (Attentat d'Imlil). 

Le tournant du 11 septembre

Entre 2001 et 2012, une propagation des attentats s a été observée dans plusieurs zones géographiques du monde. Par rapport à la période précédente (1979-2000), le rapport note une forte augmentation du nombre d’attaques terroristes, avec 8.264 attentats (contre 2.190 au total entre 1979 et 2000) et 38.186 morts (contre 6.818 au total entre 1979 et 2000).

« Cette hausse spectaculaire s’explique en partie par la globalisation du djihad, facilitée par l’accélération de la circulation des personnes et des idées. Internet joue évidemment un rôle clé dans la globalisation du terrorisme  », explique Fondapol.

Du reste, « l’affrontement indirect en Afghanistan des puissances américaine et soviétique est l’une des causes majeures de la violence du XXIe siècle », souligne le think tank. Ces deux pays n’ont pas échappé au terrorisme djihadiste. D’ailleurs, les attentats du 11 septembre 2001 perpétrés par Al-Qaida sur le sol américain forment à ce jour l’attaque terroriste la plus sanglante de l’histoire, avec 3.001 morts et 16.493 blessés au total.

Après les attentats du 11 septembre, les Talibans, accusés de soutenir Al-Qaida, sont chassés du pouvoir (occupé depuis le soulèvement de 1996) par une coalition internationale menée par les Américains. « À partir de ce moment, on observe une hausse exponentielle du nombre d’attentats et du nombre de victimes [en Afghanistan] (…) On passe de 4 attentats et 153 morts dans le pays en 2001 à 829 attentats et 2.604 morts en 2012. »

Le Pakistan subit également les répercussions de la guerre en Afghanistan. Très présents sur ce territoire, les Talibans y opèrent à partir de 2007 sous le nom Tehrik-e-Taliban Pakistan (TTP); « ils sont responsables de près des trois-quarts (71,2%) des violences terroristes sur la période 2001-2012. »

L’après 11 septembre est également marqué par l’invasion de l’Iraq par l’armée américaine, afin, dit le rapport « de renverser le régime de Saddam Hussein dans la perspective d’une démocratisation du Moyen-Orient ». Fondapol se garde de rappeler les motifs invoqués, mais jamais prouvés, par le gouvernement américain pour légitimer l'invasion: La soi-disant détention, par l'Irak, d'armes de destruction massive.  

S’ensuit une explosion du nombre d’attentats « particulièrement violents ». Lesquels provoquent la mort de 8.534 personnes, avec en moyenne 9,3 tués par action terroriste. « La lutte contre l’ingérence étrangère » est alors « présentée comme un motif de violence par les s », explique le rapport. Pour sa part, et « malgré des victoires militaires écrasantes, les États-Unis ne parviennent ni à rétablir la paix ni à éradiquer l’islamisme. » 

Le rapport de Fondapol appelle au moins deux grosses réserves:

- il mélange les attentats en temps de paix avec les attentats dans un contexte de guerre ou de guerre civile (Afghanistan, Irak, Syrie, Somalie...) où l'islamisme est parfois, voire souvent, un prétexte.

- le contexte actuel, celui d'une montée de l'islamophobie, est propice à ce genre de publications, dont la plupart ne retiendront que le chiffre global de 167.000 morts.

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