Immobilier : l'indice sectoriel perd le quart de sa valeur en trois mois
Il est fortement impacté par la forte chute d'Addoha qui lâché 30% de sa valeur depuis le début de l'année. Les résultats financiers de 2018, mauvais pour Addoha, mitigés pour RDS et ADI, n'ont pas aidé à regagner la confiance du marché.
L’indice regroupant les promoteurs immobiliers (Addoha, RDS, ADI) affiche un retrait de 22,69% depuis le début de l'année.
Le secteur, dans sa globalité, pâtit de performances financières et commerciales mitigées: Résidences Dar Saada réussit à stabiliser ses bénéfices en dépit du recul de ses revenus, Alliances défit la conjoncture et sort des résultats en forte progression; mais l'ensemble des indicateurs au rouge d'Addoha plombe les performances globales du secteur, eu égard au poids et à la taille du groupe.
Chiffres en millions de dirhams / Sources : comptes consolidés 2018 des trois sociétés
Le retrait de l'indice sectoriel est tiré principalement par le groupe d'Anas Sefrioui, qui affiche une variation en YTD de plus de 30%, et atteint des niveaux historiquement bas : 11,81 DH.
Un aspect majeur ayant forcément impacté la performance boursière d'Addoha est sa décision de ne pas distribuer de dividende, et ce pour la première fois depuis son introduction en 2006. Le promoteur immobilier s’est habitué à en distribuer en dépit de ses problèmes et de sa restructuration.
La société a décidé d'affecter cette année l'ensemble de ses bénéfices en report à nouveau, afin de financer ses investissements en Afrique qui lui permettront de contrer la morosité du marché marocain, et ce sans s'endetter. Des bénéfices en dépréciation de plus de 50%, impactés aussi bien par le recul de l'activité que par le dénouement d'un contrôle fiscal, qui a coûté au promoteur 126 millions de dirhams.
Le promoteur prévoit en 2019 une augmentation de capital. En attendant, le titre subit une grande décadence en bourse. Les incertitudes qui entourent son activité ont d'ailleurs conduit la Attijari Global Research, qui recommandait le titre Addoha à l'achat avec un cours cible de 32 DH, à suspendre cette recommandation en attendant de conduire un exercice de réévaluation.
Pour sa part, Résidences Dar Saada affiche un recul de son cours en bourse de près de 11% en variation YTD. La compagnie est arrivée à stabiliser ses bénéfices en dépit du recul des revenus, mais elle offre toutefois un dividende moins alléchant que l'année dernière, avec 3 DH/action contre 5,4 DH/action une année auparavant.
La même firme de recherche, AGR, recommande le titre RDS à l'achat, avec un cours cible de 115 dirhams. AGR fait prévaloir la capacité de RDS à préserver ses bénéfices, dans un contexte hostile.
Méfiance à l'égard d'ADI
A l'inverse du reste des promoteurs immobiliers, et de la tendance sectorielle, le groupe d'Alami Lazraq améliore non seulement ses bénéfices mais également son chiffre d'affaires, en dépit de la morosité du marché.
Il faut dire qu'ADI est tout de même souvent accusée de doper son chiffre d'affaires à travers les dations qu'elle effectue auprès de ses créanciers, afin de réduire sa dette.
Questionné à ce sujet lors de la conférence de présentation des résultats de sa compagnie, le PDG d'Alliances Alami Lazraq s'est justifié comme ceci : "Notre activité tourne autour de la cession d'actifs, que cela soit à une banque ou à une institution ou à des particuliers. Nous avions une certaine dette qu'il fallait réduire, et nous avons cédé des actifs pour pouvoir le faire", a-t-il expliqué.
En bourse, le titre ADI affiche un recul en YTD de 2,35% à la clôture de la séance aujourd'hui, une petite baisse en comparaison avec les titres des autres immobilières. L'intention de la compagnie de distribuer des dividendes à partir de 2019 a certainement insufflé une onde positive, mais plusieurs sociétés de bourse continuent de bouder le titre ADI et évitent de livrer des avis là dessus, en raison d'un manque d'informations important qui ne permet pas d'élaborer des business plans pertinents.
Le secteur pâtit globalement de l'essoufflement de la demande en logements, avec un effet négatif aussi bien sur les prix que sur les volumes. Le manque de visibilité sur le nouveau cadre fiscal de la promotion immobilière au Maroc à compter de 2020 est également un facteur d'inquiétude pour les investisseurs en bourse.
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