Bourse: les étrangers réduisent leurs investissements sur marché marocain

Said Mabrouk | Le 30/5/2018 à 11:46

Le marché boursier a cédé près de 5% en un mois, effaçant tous ses gains cumulés depuis le début de l'année. Selon les sociétés de bourse contactées, les investisseurs étrangers se désengagent de la place qui a réalisé une bonne performance en 2016 et 2017 et atteint des niveaux de valorisation élevés. D'autres facteurs à l'échelle internationale expliquent leurs arbitrages.

La Bourse de Casablanca a effacé, au cours du mois de mai, tous ses gains cumulés depuis le début de l’année. A la clôture de la séance du 29 mai, le Masi affichait une performance annuelle de 0,02%, quand le Madex était carrément dans le rouge avec une petite variation de -0,48%.

Lire aussi: Le marché boursier efface ses gains annuels et perd la confiance des investisseurs

Le Boursier a approché les différentes sociétés de bourse pour connaitre les raisons de ce repli et le constat est unanime: il s’agit d’un mouvement de retrait des investisseurs étrangers. Ces derniers passent des ordres de vente à travers les brokers habituels spécialisés dans le marché marocain, en l’occurrence HSBC et Merrill Lynch ou encore Morgan Stanley.

Contactées à ce sujet, les grandes contreparties marocaines (notamment Attijariwafa bank et CFG) relativisent toutefois ce mouvement de retrait. Ils estiment qu’il n’y a pas lieu de s’inquiéter étant donné que les volumes enregistrés restent moyens et qu’il s’agit d’un simple mouvement de prise de bénéfices. «Il s’agit d’une baisse du marché boursier après les gains enregistrés les deux dernières années», estime Bachir Tazi, Directeur de CFG Bank Capital Markets. «C’est une correction salutaire pour le marché qui doit revenir à des niveaux plus corrects», poursuit-il.

Combien ont gagné les investisseurs étrangers au Maroc

Selon les professionnels du Marché, les grands investisseurs étrangers raisonnent globalement en misant sur l'ensemble des marchés d'un indice de référence. La progression des indices MSCI Frontier markets (FM) et MSCI emergent markets (EM) peut nous donner une idée sur les gains engrangés par les investisseurs étrangers sur les marchés suivis par ces indices entre 2016 et 2017 :

- MSCI FM 100 (où le Maroc figure) est passé de 930 points en janvier 2016 à 1.500 points en janvier 2018, soit une progression de 61% sur 2 ans.

- Le MSCI EM a quant à lui progressé de 86%,  passant de 700 à 1.300 points en 2 ans.

Au Maroc, le marché a progressé de 30% en 2016 et de 6% en 2017. Si l’on intègre les dividendes, le rendement moyen de la place est de l’ordre de 45% environ sur 2 ans.

Selon nos sources, les investisseurs étrangers estiment qu’ils ont gagné assez d’argent sur le marché marocain, devenu cher avec un PER de 20 fois les bénéfices 2018n et préfèrent réorienter leurs capitaux vers d’autres marchés correctement valorisés et plus attractifs. C’est le cas notamment de l’Egypte, de Dubai, de la Tunisie ou encore du Ghana ou du Nigeria qui présentent des perspectives favorables notamment avec la hausse du prix du brut. D'autant plus que la croissance bénéficiaire des sociétés cotées sur les deux prochaines années devra revenir à des niveaux normaux, aux alentours de 5 à 6% après avoir connu une progression à deux chiffres (12% chaque année en 2016 et 2017)

Explications techniques

Au-delà des prises de bénéfices et de la cherté de la place, il y a des éléments techniques qui expliquent cette tendance. Outre l’effet du reclassement technique opéré au niveau de l'indice MSCI Frontier Markets, on assiste, depuis le mois de février, à des signaux qui confirment un retournement de tendance : 

- La hausse du dollar : en un mois il a progressé de +2,7%
- Le prix du brut a frôlé les 80 dollars pour revenir à 75 dollars actuellement ;
- Un discours clair de la FED qui plaide pour une poursuite de la hausse des taux aux Etats-Unis.
- La BCE soutient le même discours sur les taux d’intérêt à partir de 2019

La conjonction de l’ensemble de ces éléments peut avoir des effets négatifs sur les marchés émergents, dont le Maroc fait partie, à cause d’un effet d’éviction des fonds. En effet, les investisseurs se désengagent des pays émergents vers d’autres actifs qui offrent une meilleure rentabilité.

Jusqu’où ira la baisse ? 

A l’heure actuelle, personne ne peut prévoir jusqu’où ira cette baisse. Mais une chose est sûre, si le marché devient moins cher, il y aura des opportunités pour les investisseurs locaux qui n’ont pas la possibilité d’aller investir au-delà des frontières à cause des restrictions réglementaires. 

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