“Feu et Fureur”. Ce que dit le livre incendiaire sur les relations USA-Monde arabe

LU POUR VOUS. Sarcasmes, agressions verbales et divulgations de ‘secrets’ des plus grandes personnalités du monde politique. La Maison Blanche est aujourd’hui au cœur d’une polémique des plus violentes. La Raison ? La sortie du livre "Feu et Fureur: A l’intérieur de la Maison Blanche de Trump" de Michael Wolff qui dépeint une année de la vie du président des Etats-Unis, les coulisses de son élection, son entourage et sa politique. Le livre contient aussi des révélations intéressantes sur les relations politiques USA-Monde arabe. Review.

“Feu et Fureur”. Ce que dit le livre incendiaire sur les relations USA-Monde arabe

Le 8 janvier 2018 à 17h28

Modifié le 11 avril 2021 à 2h44

LU POUR VOUS. Sarcasmes, agressions verbales et divulgations de ‘secrets’ des plus grandes personnalités du monde politique. La Maison Blanche est aujourd’hui au cœur d’une polémique des plus violentes. La Raison ? La sortie du livre "Feu et Fureur: A l’intérieur de la Maison Blanche de Trump" de Michael Wolff qui dépeint une année de la vie du président des Etats-Unis, les coulisses de son élection, son entourage et sa politique. Le livre contient aussi des révélations intéressantes sur les relations politiques USA-Monde arabe. Review.

Quatre joueurs comptent au Moyen-Orient : Israël, l'Egypte, l'Arabie Saoudite et l'Iran. Les trois premiers peuvent être unis contre le quatrième. L'Egypte et l'Arabie saoudite, étant donné ce qu'ils veulent en ce qui concerne l'Iran - et qui n'interfère pas avec les intérêts des Etats-Unis - feront pression sur les Palestiniens pour qu'ils concluent un accord".

C’est bien la vision trumpiste pour restaurer la paix au Moyen-Orient, révélée par Michael Wollf dans son livre qui en dit long sur la politique de Donald Trump en ce qui concerne les relations politiques USA-Moyen Orient. Médias24 a fait le tour du best-seller le plus controversé aujourd’hui.

USA et Arabie saoudite, des intérêts communs et un rapport gagnant-gagnant.

"Ils savent peu de choses sur ce qu’ils font". C'est ce qui alimente la synergie entre le prince héritier saoudien Mohammed bin Salman (MbS) et Trump, d'après Wolff.

"Quand MbS s'est présenté à [Jared] Kushner comme son gars dans le royaume saoudien, c'était pour ce dernier comme rencontrer quelqu'un de gentil lors de son premier jour d'internat", a déclaré un ami de Kushner, gendre de Donald Trump et responsable des affaires liés au Moyen-Orient.

Selon Wollf, l’élection de Trump coïncide avec une situation saoudienne particulière, caractérisée par un besoin urgent de modernisation. MbS - un joueur invétéré de jeux vidéo - apparait comme nouvelle sorte de personnalité dans la direction saoudienne. Il est volubile, ouvert et expansif, un charmeur et un joueur international, un vendeur rusé, distant et taciturne. Il a saisi le portefeuille économique saoudien et s'est attelé à poursuivre sa vision, celle de Trump. L’Arabie saoudite serait bientôt un nouveau royaume moderne.

 

S’il y a une chose qui peut rendre compte de l’importance du Moyen-Orient pour Trump et de l’Arabie saoudite en particulier, c’est le fait qu’il l’ait choisie comme première destination de sa tournée diplomatique en tant que président. Dans ce sens, Trump n'a pas tari d'éloges pour Kushner : "Jared a fait de sorte que les Arabes soient totalement de notre côté. Mission accomplie. Ça va être beau !"avait-il assuré à l'un de ses clients avant de partir en voyage.

Trump et sa famille avaient été royalement accueillis par les Saoudiens. Wolff rapporte qu'ils étaient transportés dans des voitures de golf dorées et qu'ils avaient assisté à une soirée, organisée à Riyad à leur honneur, qui a coûté 75 millions de dollars.

Wolff n'a pas manqué de rappeler les 110 milliards de dollars dépensés par l'Arabie saoudite pour l'achat d'armes américaines, partie d'un contrat de 350 milliards sur dix ans. "Des centaines de milliards de dollars d'investissements aux Etats-Unis et des emplois, des emplois, des emplois..." avait lancé le président à l'issue de la signature des accords.

Il a également évoqué l'objectifcommun des Américains et des Saoudiensd’éradiquer l’extrémisme et la violenceet le projet de création d'"un centre contre le financement du terrorisme à Riyad" qui aura pour vocation de partager des informations sur les réseaux de financement des groupes terroristes, et de se protéger des menaces émanant de l'Iran et de la Syrie.

Le 12 juillet dernier, au cours d'une interview sur la chaîne CBN News, Donald Trump avait assuré au télévangéliste américain Pat Robertson qu'il avait exigé des centaines de milliards de d'achats d'armes pour donner une suite favorable à l'invitation saoudienne au sommet du Riyad.

 

Feu vert à l’Arabie Saoudite pour ‘intimider’ le Qatar

D’après le livre, Trump a donné le feu vert au prince héritier saoudien Mohammed bin Salman pour "intimider le Qatar" et commencer sa purge de la famille royale saoudienne et de l'élite des affaires. Wolff a écrit: "Le président, ignorant les conseils de la politique étrangère, a fait un clin d'œil aux Saoudiens en annonçant, le 9 juin dernier, que le Qatar "a historiquement financé le terrorisme à un très haut niveau".

Quelques semaines après sa visite à Riyad, Trump disait à ses amis que lui et Kushner avaient tiré les ficelles de l'arrivée de MbS au pouvoir pour qu'il devienne prince héritier et héritier présomptif du trône saoudien.

Palestine-Israël, une ‘guerre’ entre juifs et non-juifs au sein de la Maison Blanche

Selon le livre, le stratège de la Maison Blanche Stephen Bannon avait déclaré à Roger Ailes, ancien PDG de Fox News, que Trump "déplacerait l'ambassade à Jérusalem, et que cela était déjà décidé depuis le premier jour de son investiture".

Parlant avec Ailes pendant un dîner organisé par Wolff, Bannon donne sa vision sur la manière dont Trump referait le Moyen-Orient: "Il faudrait que la Jordanie prenne la Cisjordanie, que l'Egypte prenne Gaza, qu'ils la gèrent ou qu'elle s'effondre. Les Saoudiens sont au bord du gouffre, les Egyptiens sont au bord du gouffre, tous ont peur de la Perse... Yémen, Sinaï, Libye ... c’est mauvais ... C'est pourquoi la Russie est très importante ... La Russie est-elle si mauvaise ? ... Ce sont des méchants, mais le monde est plein de méchants."

Trump a toujours pensé que la stratégie au Moyen-Orient de ses prédécesseurs était un échec, en particulier celle de Barack Obama. Sa conclusion était qu'il devait faire exactement le contraire de ce qu’on avait fait avant lui. Et selon lui, nous dit Wolff, il n'y a que quatre puissances au Moyen-Orient qui doivent être prises en compte: l'Iran, l'Arabie Saoudite, l'Egypte et Israël. Les trois derniers pourraient être guidés pour former une alliance anti-Téhéran. Tout le reste est quantité négligeable.

Selon le livre, il y a plusieurs acteurs cruciaux qui sont impliqués en coulisse dans la question. Sheldon Adelson est l’un d’entre eux. Il est conseiller proche de Trump, milliardaire et propriétaire du quotidien Israel Hayom. Lors des élections américaines de 2016, il fut l'un des donateurs les plus importants de la campagne présidentielle de Trump. Steve Bannon, l'ancien conseiller politique de Trump, était "la seule personne" à la Maison Blanche à avoir la confiance d'Adelson au sujet d’Israël.

C'est Bannon qui avait encouragé Trump à déplacer l'ambassade américaine de Tel-Aviv à Jérusalem dès le premier jour de son mandat. Il voulait aussi mettre fin à la solution à deux États en annonçant que la Jordanie reprendrait la Cisjordanie et que l'Égypte prendrait le contrôle de la bande de Gaza. Dans le premier chapitre du livre, Bannon fait part du plan à Roger Ailes, ancien directeur de Fox News, ajoutant qu'Adelson, Trump et Netanyahu étaient tous d’accord.

Au sein de la Maison Blanche, nous révèle le livre de Wolff, une tension s’est ressentie entre Bannon et Kushner. Tous les deux ambitionnaient de s’occuper de l’affaire Palestine-Israël. Trump désigna son gendre Kushner. « Pour Trump, donner Israël à Kushner n'était pas seulement un test, c'était un test juif: le président le distinguait comme étant juif, le récompensait pour être juif, le harcelait d'un obstacle impossible parce qu’il est juif » a écrit Wolff.

A noter qu’Ivanka Trump, fille de Donald Trump souvent qualifiée comme ‘la vraie première dame des Etats-Unis’, s’est convertie au judaïsme après son mariage avec Kushner en 2009.

L’Iran, bête noire de Donald Trump                

Dans son livre, Wolff fait brièvement valoir que, sous la tutelle de l'ancien conseiller à la sécurité nationale Michael Flynn, Trump a appris que l'Iran "était le méchant", cela l’a également poussé à croire que ‘’quiconque était opposé à l'Iran était un très bon gars’’.

Ce qui est curieux, selon Wolff, c'est qu'au début, tout le monde pensait que Donald Trump allait être beaucoup plus raisonnable que Michael Flynn, avec sa fixation sur l'Iran comme source de tous les maux.

Interdiction d’entrée des musulmans ressortissants de 7 pays aux USA. Les coulisses.

D’après Wolff, Bannon était un acteur central dans la décision et sa mise en exécution. Dans un manque total de savoir-faire et sans que personne au gouvernement fédéral ne l'ait vu ou même n'en ait eu connaissance. Contournant les avocats, les régulateurs, les agences et le personnel chargés de l'appliquer, «le président Trump  a signé ce qui a été mis en face de lui».

C’était le vendredi 27 janvier 2017, l'interdiction de voyager a été signée et a pris effet immédiatement. Le résultat fut une vague d'indignation des médias libéraux, la terreur dans les communautés immigrées, des manifestations dans les grands aéroports, la confusion dans tout le gouvernement.

"Qu'avez-vous fait ? Vous devez annuler ceci ! Vous avez terminé avant même de commencer! Et pourquoi choisir un vendredi pour appliquer une telle décision? Cela augmenterait le nombre de manifestations". Des questions auxquelles Bannon a fait face le jour même de la décision, et auxquelles il a répondu avec satisfaction: "Justement, c’est comme ça qu’on va écraser les libéraux, les rendre fous et les entraîner vers la gauche".

L’attaque chimique en Syrie, le 4 avril 2017

Le 4 avril 2017, plus de 80 personnes ont été tuées, dans une frappe aérienne qui a émis du «gaz toxique» à Khan Cheikhoun tenu par des rebelles, dans la province d'Idleb, dans le sud-ouest d'Alep en Syrie. Au lendemain de cette attaque, Trump a pris la décision sans précédent d'envoyer un missile sur une base aérienne du gouvernement syrien en représailles.

Selon Wolff, Trump était hésitant au début quant à la manière de procéder. Il écrit: "Tard dans l'après-midi, Ivanka [Trump] et Dina [Powell], conseillère à la sécurité nationale, ont fait une présentation de l’attaque, que Bannon, avec dégoût, qualifiait de photos d'enfants qui moussaient à la bouche. Le président l'a vue à plusieurs reprises, il semblait hypnotisé et, voyant la réponse du président, Bannon a vu fondre le trumpisme sous ses yeux."

Après d'autres discussions, le 6 avril, écrit Wolff, Trump a ordonné l'attaque pour le jour suivant: "Une fois la réunion terminée et la décision prise, Trump, d'une humeur optimiste, était revenu discuter avec des journalistes qui voyageaient avec lui sur Air Force One, il avaient refusé de dire ce qu'il avait l'intention de faire à propos de la Syrie."

L'attaque eut lieu alors que Trump recevait le président chinois dans sa résidence en Floride. Une fois que ce fut fini, Trump et certains de ses conseillers ont posé pour des photos.
La politique étrangère de Trump au Moyen-Orient a parfois semblé imprévisible. Mais, à cette occasion, écrit Wolff, "Son personnel de sécurité nationale était encore plus soulagé, le président imprévisible semblait presque prévisible, le président ingérable, gérable".

Entre secrets d’Etat et anecdotes, le livre de Michael Wollf est riche en révélations. Comme d’habitude, Donald Trump n’a pas manqué de réagir à sa façon personnelle sur Twitter. «Tout au long de ma vie, mes deux atouts ont été ma stabilité mentale et le fait d’être, on peut dire, très intelligent. Je suis passé de l’homme d’affaires TRÈS prospère à la grande star de la télé et enfin au président des Etats-Unis (dès mon premier essai), je pense qu’on peut me qualifier non seulement de malin, mais de génie… et un génie très stable en plus !» a-t-il écrit samedi dernier dans une série de tweets.

 

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