Purges en Arabie saoudite: trois Saoudiens ayant investi au Maroc sont concernés
Trois hommes d'affaires saoudiens bien connus au Maroc, figurent dans la liste des personnalités arrêtées samedi en Arabie saoudite dans le cadre d’une opération anti-corruption. Qui sont-ils? Quelles sont les affaires concernées au Maroc ?
Il s’agit de:
- Bakr Bin Laden, président de Saudi Binladin group, l’un des plus importants opérateurs du secteur du BTP au niveau mondial ;
- Mohamed Hussein Al-Amoudi, ex-actionnaire majoritaire de la Samir ;
- ainsi que le PDG du groupe Dallah Al-Baraka, Salah Abdullah Kamel.
> Bakr Bin Laden, demi-frère d’Oussama Ben Laden et président du Saudi Binladin Group (SBG), figure sur la liste des personnalités arrêtées dans le cadre de l’enquête contre la corruption en Arabie saoudite.
SBG, l’un des groupes de construction du royaume d’Arabie saoudite, détenu par la famille Binladin, intervient depuis plusieurs années dans des projets au Maroc, spécialement dans l'immobilier et l'agriculture solidaire.
Dans l'immobilier, le véhicule d'intervention, créé en joint venture avec des partenaires marocains, est le Garan (Groupe arabe de réalisation d’Afrique du Nord). Fondé en novembre 2012, le groupe opère dans l’aménagement, le développement et la promotion immobilière.
Garan a prévu d'investir 4 milliards de DH dans un projet de création d’un nouveau pôle urbain "destiné aux classes moyennes", à Bouskoura, plus précisément à Ouled Saleh.
Le projet comporte un centre culturel, des espaces verts, des résidences, une forêt communale, des établissements scolaires privés, ainsi qu’un "mall à ciel ouvert". Le groupe Bin Laden est considéré comme un groupe sérieux et crédible.
Les deux autres investisseurs saoudiens concernés et connus au Maroc, font partie d'une catégorie différente: ils alignent très peu de mise personnelle ou de fonds propres et travaillent avec les financements bancaires.
Al Amoudi et Saleh Al Kamel: jamais avec mon argent
S’agissant d’Al-Amoudi, détenteur du groupe Corral Petroleum Holding, son "investissement" le plus connu au Maroc consiste dans le rachat de la Samir au moment de sa privatisation. Néanmoins, l’argent d’Al-Amoudi n’a jamais transité au Maroc; l’opération de rachat a été financée par des concours bancaires.
Jouissant de plusieurs milliards de dirhams de dividendes, sans jamais déverser un centime de sa propre poche: tel est le résumé du passage d’Al-Amoudi à la Samir.
Rappelons que lorsque la Samir a arrêté son activité en août 2015, Al-Amoudi a osé menacer l’Etat marocain d’un procès international en le responsabilisant du sort de la raffinerie de Mohammedia.
Finalement, il a quitté le territoire marocain, probablement en septembre 2015, sans jamais y avoir remis les pieds.
A noter qu’Al-Amoudi n’est pas le seul investisseur saoudien au Maroc qui s’est accaparé des bénéfices sans pour autant mobiliser ses fonds propres. Saleh Abdullah Kamel, PDG de la holding Dallah Al-Baraka, lui aussi, a enjambé cette trajectoire, notamment à travers sa filiale Palais des Roses International (PRI).
En 2001, un mémorandum d’entente a été signé entre le gouvernement du royaume du Maroc et la holding Dalla El-Baraka, portant sur le plan d’aménagement et de développement de la nouvelle station touristique de Taghazout. De plus, ce plan a été présenté devant le Roi Mohamed VI, qui a donné ses directives pour que le Fonds Hassan II participe au financement de ce grand projet de développement.
A la fin, les intentions d’investissement initiales de Saleh El Kamel se sont avérées incohérentes avec la réalité. A noter que la convention portait sur la finalisation des études dans un délai de 12 mois, ainsi que sur la libération du capital de la société PRI à hauteur de 140 millions de dirhams. Ces promesses n’ont pas été tenues (non respect du cahier des charges), du coup, la convention pour l’aménagement de la station de Taghazout a été résiliée en 2004.
Outre sa filiale PRI, Saleh Al Kamel intervient au Maroc à travers sa filiale Al Baraka Banking Group. Cette dernière a lancé en 2016 sa banque participative au Maroc, en partenariat avec BMCE Bank. Les déboires de Cheikh Salah Al Kamel pourraient éventuellemen retentir sur Dallah Al Baraka. Mais même si c'était le cas, la filiale commune avec la BMCE n'en serait pas affectée. Ce partenaire serait facile à remplacer. Un banquier de la place nous a confié que les plus grandes banques participatives du Golfe font la queue pour se lancer sur ce marché au Maroc. La filiale commune avec la BMCE (qui est opérateur) s'appelle Al Baraka Bank Maroc.