Où Abdelilah Benkirane fait la leçon à l’opposition
C'est un Benkirane très détendu qui a répondu aux partis de l'opposition mercredi 23 juin, durant la dernière séance de la session printanière du parlement. Infantilisant une opposition trop frileuse selon lui, il a livré un discours-tutoriel sur le comment de la critique gouvernementale, dans une ambiance bon enfant.
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Reda Zaireg
Le 24 juillet 2014 à 13h09
Modifié 24 juillet 2014 à 13h09C'est un Benkirane très détendu qui a répondu aux partis de l'opposition mercredi 23 juin, durant la dernière séance de la session printanière du parlement. Infantilisant une opposition trop frileuse selon lui, il a livré un discours-tutoriel sur le comment de la critique gouvernementale, dans une ambiance bon enfant.
L'un des moments forts du discours du chef du gouvernement a été sa critique du modus operandi de l'opposition: "J'ai suivi les critiques adressées au gouvernement, et excusez-moi de vous dire, très franchement, que si je m'attendais à ce que les critiques soient sévères, je ne m'attendais pas du tout à de la médisance". Le discours de l'opposition mêle, selon Benkirane est fait de "mensonges et mauvaises blagues, que même un fou ne peut pas croire", en référence à l'accusation faite par Chabat, qui a demandé à Benkirane d'en dire plus sur ses relations avec les jihadistes de Dae'sh (EIIL), du Front Nosra et le Mossad. "J'ai eu honte pour mon pays. Que des partis possédant une grande histoire soient présidés par des gens pareils". Allusion à l’Istiqlal, bien sûr.
Ne lésinant par sur l'humour, il a également reproché à l'opposition son "discours futile. (...) Si moi-même je m'étais opposé au gouvernement, j'aurais su quoi dire. Je m'attendais à être interrogé sur beaucoup de choses (...), et j'aurais reconnu qu'en effet, le gouvernement n'a pas fourni assez d'efforts sur certaines questions".
Au sujet des remarques exprimées par des partis de l'opposition, dont l'USFP, sur les relations conflictuelles entre le PJD et les autres partis de la majorité, Benkirane s'est demandé "pourquoi l'opposition se préoccupe-t-elle des relations entre les composantes de la majorité (...) et veut créer la zizanie au sein de l’exécutif. Quelqu'un les a-t-il chargés de ça ? (...) Ils perdent leur temps dans des causes perdues d'avance" ajoutant que "nous ne sommes pas le gouvernement de Staline. On se permet d'avoir des avis différents sur certaines questions".
Pour lui, "la nature des remarques adressées par l'opposition a démontré l'incapacité de cette dernière à établir un bilan objectif du travail gouvernemental. Elle a remplacé le bilan par un discours politicien nihiliste". Camouflet suprême: "J'en profite pour m’arrêter sur la marginalisation dont l'opposition se dit victime. Dites-moi, ne voudriez-vous pas que le gouvernement vous aide à s'opposer à lui ?".
Duel au pistolet?
Et, parlant de l'atmosphère ayant régné au parlement durant la séance réservée aux réactions des partis politiques sur son bilan, Benkirane a raconté une anecdote: "un membre de l'opposition, assis en face de moi, n'a pas cessé de me dévisager, ce que j'ai fait à mon tour. A un certain moment, il m'a dit 'je ne sais pas si je suis au parlement ou dans un café au Texas. Mais j'ai l'impression que l'un de nous sortira un pistolet pour tirer sur l'autre".
Le chef du gouvernement a profité de cette séance pour répondre à l'une des critiques qui lui ont été faites par la presse et certains partis politiques, au sujet de son absence remarquée des lieux du drame à Bourgogne: "Le Roi a agi, et il l'a fait au nom de tous les Marocains. (...) Mais je me pose une question: si le gouvernement n'a pas visité les familles, pourquoi l'opposition ne l'a pas fait non plus? Qu'elle soit au moins pudique. Il y a des choses sur lesquelles il vaut mieux ne pas surenchérir".
Sur la stabilité du Maroc, au sujet de laquelle Hakim Benchemass a dit qu'elle est prise en otage par le gouvernement, Benkirane a répondu qu'elle "s'est renforcée grâce à l'expérience gouvernementale. On était très sincères en disant que nous avions contribué à l'établir, mais jamais nous n'avons prétendu que c'est une œuvre exclusivement gouvernementale".
Le jour où j’ai appelé Fayçal Laraïchi
Il a aussi réservé une partie de son discours à la (Ô combien habituelle) critique de la télévision qui, selon lui "n'a pas changé comme nous l'espérions". Et de citer, pour argumenter son propos "le jour de la marche de Rabat. J'ai appelé le directeur de la SNRT pour lui dire: n'est-il pas honteux que des Palestiniens meurent, que les rues de Rabat soient occupées par des manifestants indignés contre Israël, mais que la télé continue à diffuser des programmes futiles?"
Le feuilleton de ce bilan gouvernemental de mi-mandat est maintenant terminé. Heureusement.