Confronté à de multiples affaires, Nicolas Sarkozy contre-attaque

L’ancien président français riposte dans Le Figaro du vendredi 21 mars. Des accusations sont portées contre lui dans les affaires Tapie, Karachi et Bettencourt et celles concernant le financement libyen de sa campagne électorale de 2007, les écoutes téléphoniques et les sondages de l’Elysée.  

Confronté à de multiples affaires, Nicolas Sarkozy contre-attaque

Le 21 mars 2014 à 12h05

Modifié le 21 mars 2014 à 12h05

L’ancien président français riposte dans Le Figaro du vendredi 21 mars. Des accusations sont portées contre lui dans les affaires Tapie, Karachi et Bettencourt et celles concernant le financement libyen de sa campagne électorale de 2007, les écoutes téléphoniques et les sondages de l’Elysée.  

Dans la première, l’affaire Tapie, l’Etat français conteste un arbitrage effectué en 2008 par la ministre des Finances de Nicolas Sarkozy de l’époque, Christine Lagarde qui octroyait un chèque de 403 M d’euros à l’homme d’affaires et ancien ministre Bernard Tapie pour régler un litige avec le Crédit Lyonnais, banque publique à l’époque des faits, concernant la vente d’Adidas. La Justice soupçonne du favoritisme de la part de Sarkozy en faveur de M. Tapie qui avait appelé à voter pour lui en 2007.

Ventes d’armes et attentat sanglant au Pakistan

L’affaire de Karachi est un brin plus grave dans ses implications. L’ancien premier ministre Edouard Balladur et son ministre de la Défense François Léotard sont soupçonnés d’avoir touché des commissions sur des ventes d’armes à Karachi et à Ryad. L’argent aurait servi au financement de la campagne de M. Balladur pour la présidentielle de 2002 contre Jacques Chirac notamment. A l’époque, M. Sarkozy était ministre du Budget et ensuite un des hommes-clés de l’équipe de campagne électorale d’Edouard Balladur. Ces affaires de commissions et de rétro-commissions, payées ou pas, seraient également à l’origine de l’attentat qui aurait coûté la vie à plusieurs ingénieurs et conseillers militaires français en poste à Karachi dans le cadre d’un contrat d’armement.

Un ancien ministre libyen affirme que M. Kadhafi a financé l’accès au pouvoir de M. Sarkozy

La 3ème affaire concerne un éventuel financement de la campagne électorale de Nicolas Sarkozy par Mouammar Kadhafi avant 2007. Récemment, un ancien premier ministre libyen a confirmé ces faits dans un ouvrage publié en arabe et en français aux éditions du Cherche-Midi à Paris. L’actuel ambassadeur de France à Tunis, précédemment en poste à Tripoli a également confirmé des faits de financements illicites lors d’une récente comparution devant une commission du sénat français. La somme en jeu, outre les implications politiques d’un tel financement étranger pour une campagne électorale d’un pays membre permanent du conseil de sécurité des Nations Unies et de l’UE, est de 50 M d’euros.

Nicolas Sarkozy qualifie les magistrats de « bâtards »

Les écoutes téléphoniques qui ont visé M. Sarkozy et son avocat Thierry Herzog ont été ordonnées par la Justice dans le cadre du financement libyen, auraient permis d’apprendre sur  les liens de M. Sarkozy et de son avocat Thierry Herzog avec certains magistrats et responsables de la police, en rapport avec ce dossier mais également sur l’affaire Bettencourt. Le site Mediapart en a publié quelques extraits compromettants pour M. Sarkozy cette semaine, notamment le passage concernant les fameux agendas avec l’ancien président et son avocat s’attendant à un verdict favorable de la Cour de cassation, « sauf si le droit finit par l’emporter » confiait-il à son conseil Thierry Herzog.

Mme Bettencourt a-t-elle financé la campagne de 2007 ?

La 5ème affaire est l’affaire Bettencourt et porte sur des financements illégaux des activités politiques de Nicolas Sarkozy par l’héritière de l’Oréal. Un non-lieu  a toutefois déjà été prononcé dans cette affaire, quoiqu’un rebondissement ne soit pas à exclure avec les résultats des écoutes téléphoniques.

La 6ème affaire enfin concerne les sondages de l’Elysée. Il s’agit de surfacturations au profit des sociétés de son conseiller Patrick Buisson.

Patrick Buisson enregistrait Nicolas Sarkozy à son insu

Une 7ème affaire enfin fait l’actualité de Nicolas Sarkozy mais cette fois-ci en tant que victime de son conseiller Patrick Buisson. Celui-ci aurait en effet enregistré à l’insu de l’ancien président de la République leurs échanges dans son bureau de l’Elysée pendant près de 5 ans.

Nicolas Sarkozy se pose en victime du pouvoir en place

Sur toutes ces affaires, Nicolas Sarkozy réagit ce vendredi en publiant une très longue tribune dans Le Figaro. Intitulée « Ce que je veux dire aux Français », M. Sarkozy dit réagir car « c’est parce que des principes sacrés de notre République sont foulés aux pieds avec une violence inédite et une absence de scrupules ».

Nicolas Sarkozy critique naturellement les écoutes dont il est l’objet, lui et son ami et avocat Thierry Herzog depuis près d’une année, accusant les actuels ministres de l’Intérieur Manuel Valls et de la Justice Christiane Taubira de violer ses droits et de ne pas défendre le secret de l’instruction.  « Décidément, lâche-t-il, la France des droits de  l’homme a bien changé ». Je n’ai jamais demandé à être au-dessus des lois, mais je ne peux accepter d’être en dessous de celles-ci ».

Les écoutes révèlent des échanges entre M. Sarkozy et son avocat mais également le fait qu’il traite les magistrats du tribunal de Bordeaux qui instruisaient l’affaire Bettencourt de « bâtards ». Si la ministre de la Santé de François Hollande, Marisol Touraine, a estimé que ces propos ne sont « pas digne d’un président de la République », en revanche le maire de Paris Bertrand Delanoë constate « que les dix dernières années, il y a eu des pressions sur la Justice » et que « les juges font leur métier ».

« Je peux me défendre. Je peux en appeler au bon sens des Français, de gauche comme de droite. Tous n'auront pas et n'ont pas cette chance », écrit l'ancien président dans Le Figaro. M. Sarkozy comptabilise « quatre perquisitions » en 20 mois, « 23 heures d'interrogatoire » et « des milliers d'articles rédigés à charge ».

Dans la presse française, si pour Les Echos, « la radicalisation des mots [constitue] le miroir d’une classe politique déboussolée », pour Mediapart, qui révèle le contenu de sept écoutes judiciaires, « ce sont les mots d’un ancien président de la République pris la main dans le sac ».

Dans cette affaire, Nicolas Sarkozy et son avocat avaient contracté des abonnements téléphoniques sous des noms d’emprunt pour pouvoir se parler discrètement au cours des derniers mois. A quelques jours des élections municipales en France et à quelques semaines des européennes, toutes les polémiques de la vie politique française sur notamment l’action de la Justice et son indépendance sont relancées.

Pour certains commentateurs enfin, « Sarkozy transforme les affaires en tremplin » (Christian Delporte) une allusion aux ambitions de l’ancien locataire de l’Elysée pour éventuellement y retourner en 2017 ; pour Charles Jaigu du Figaro,  « la tribune publiée est le signe que Sarkozy est affecté par les attaques ».

Fin politique, personnalité intelligente et dynamique, Nicolas Sarkozy peut être affecté et tout à la fois préparer un retour politique qui n’est pas exclu depuis le lendemain de sa défaite contre François Hollande un soir de mai 2012. 

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