Ukraine: possible conclusion d'un accord, les Européens prudents
Un accord «temporaire» pourrait être signé vendredi à Kiev, a indiqué un haut diplomate européen, laissant entrevoir l'espoir d'une sortie de crise en Ukraine au lendemain d'un bain de sang dans la capitale.
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admin
Le 21 février 2014 à 11h43
Modifié 21 février 2014 à 11h43Un accord «temporaire» pourrait être signé vendredi à Kiev, a indiqué un haut diplomate européen, laissant entrevoir l'espoir d'une sortie de crise en Ukraine au lendemain d'un bain de sang dans la capitale.
Sur le terrain, le Maïdan, la place au cœur de la contestation, est, de nouveau, sous le contrôle total des manifestants, qui s'emploient toujours à consolider leurs barricades, constituer des réserves de pavés et de cocktails molotov.
Les policiers ont reculé leurs positions de plusieurs centaines de mètres. Le ministère ukrainien de l'Intérieur a accusé vendredi matin des manifestants d'avoir ouvert le feu sur des policiers en essayant de percer les cordons en direction du parlement.
Des manifestants interrogés sur place par l'AFP ont démenti l'incident, accusant la police d'avoir usé de grenades assourdissantes. Quelque 20.000 protestataires s'affairaient dans les tentes et sur les barricades ou écoutaient des discours, chants ou prières devant une estrade, a constaté l'AFP. Le métro, resté fermé deux jours, fonctionnait de nouveau vendredi.
«Nous nous attendons à la signature d'un accord temporaire aujourd'hui», a déclaré un responsable européen à des journalistes. L'accord prévoit une réforme constitutionnelle d'ici à septembre, et la tenue d'élections présidentielle et législatives anticipées, à une date restant à fixer.
Les délégations européennes présentes à Kiev pour négocier s'étaient jusqu'ici montrées très prudentes après l'annonce tôt vendredi par la présidence ukrainienne de la signature à midi (10H00 GMT) d'un accord entre le président Viktor Ianoukovitch et les responsables de l'opposition.
Ces différentes annonces font suite à une journée et une nuit entière de négociations, auxquelles a également participé un représentant de la Russie.
Le bilan des affrontements entre manifestants et policiers, qui ont tiré à balles réelles, s'élève à 77 morts depuis mardi, selon un bilan du ministère de la Santé. Quelque 577 personnes ont été blessées dont 369 hospitalisés, a-t-il ajouté.
Le chef adjoint de l'Etat-major de l'armée ukrainienne, Iouri Doumanski, a annoncé vendredi sa démission pour protester contre les tentatives d'impliquer l'armée dans le conflit, après des violences meurtrières inédites dans le centre de Kiev. «Aujourd'hui on implique l'armée dans le conflit civil, cela peut entraîner des morts en grand nombre chez les civils et les militaires», a-t-il déclaré sur la chaîne Kanal 5. «J'ai décidé de donner ma démission pour éviter l'escalade», a-t-il poursuivi.
Poursuites contre Ianoukovitch
La présidence n'a pas détaillé le contenu de l'accord à venir, mais selon la télévision ukrainienne 1+1, il prévoirait une élection présidentielle anticipée en décembre, la formation d'un gouvernement de coalition d'ici dix jours et une réforme constitutionnelle dans les 48 heures.
Le Parlement ukrainien s'est réuni vendredi pour essayer de voter une réforme constitutionnelle réduisant les pouvoirs du président. Un texte était en cours de préparation en milieu de matinée. Même si l'accord annoncé par la présidence devait être confirmé, il n'est pas certain qu'il réponde aux attentes des manifestants, dont beaucoup se sont radicalisés en trois mois de crise et réclament le départ pur et simple du président.
«La mise à l'écart immédiate de Ianoukovitch et des poursuites contre lui pour meurtres massifs de civils doivent être la seule exigence du peuple, de l'opposition et de la communauté internationale», a estimé l'opposante emprisonnée Ioulia Timochenko dans une déclaration publiée sur le site de son parti.
Réunis à Bruxelles, les ministres européens des Affaires étrangères ont décidé jeudi de priver de visas et de geler les avoirs de responsables ukrainiens.
De son côté, Washington a haussé le ton, menaçant de prendre des sanctions contre «les gouvernants responsables des violences», un message transmis par le vice-président Joe Biden directement au président Ianoukovitch.
(Avec AFP)