L'Uruguay va devenir le premier pays à contrôler le marché du cannabis

Le Parlement uruguayen doit ratifier mardi une loi régulant la production et la commercialisation du cannabis, une expérience sans précédent dans le monde qui pousse encore plus loin les initiatives lancées dans certains pays comme les Pays-Bas ou l'Espagne.  

L'Uruguay va devenir le premier pays à contrôler le marché du cannabis

Le 10 décembre 2013 à 12h30

Modifié le 10 décembre 2013 à 12h30

Le Parlement uruguayen doit ratifier mardi une loi régulant la production et la commercialisation du cannabis, une expérience sans précédent dans le monde qui pousse encore plus loin les initiatives lancées dans certains pays comme les Pays-Bas ou l'Espagne.  

Le projet de loi a déjà été approuvé le 31 juillet par la majorité du « Frente amplio » (« Front large », coalition de gauche au pouvoir) à la Chambre des députés. Mardi, les sénateurs du FA, également majoritaires, devraient voter le texte sans encombre. Si la loi est ratifiée, l'Etat aura la mainmise sur la culture et la vente de ce produit psychotrope à des fins récréatives, repoussant les limites des expériences menées dans les Etats américains du Colorado et de Washington, aux Pays-Bas ou en Espagne, qui autorisent ou tolèrent la production de cannabis dans un cadre privé.

« Cela va être une journée historique », prédisait lundi le sénateur de la majorité Luis Gallo, soulignant que s'il « y a des pays qui ont mis en place des choses en la matière, l'Uruguay le fait dans le cadre d'un système global ». L'idée de cette première mondiale a été lancée il y a un an et demi par le président Jose Mujica, un ex-guérillero torturé sous la dictature (1973-1985) élu en 2009. Politicien au profil atypique, il est connu pour son goût du pragmatisme et son style de vie modeste. Déjà sous son mandat ont été votées d'importantes lois sociétales comme la légalisation de l'interruption volontaire de grossesse et l'union des couples homosexuels.

Avec cette loi inédite de « régulation du marché du cannabis », l'objectif de M. Mujica est cette fois de priver les narcotrafiquants d'une importante source de revenus, alors que la lutte contre le trafic de drogue coûte environ 60 millions d'euros par an au pays. Il vise aussi selon le gouvernement à limiter les risques liés à la consommation du cannabis et à détourner ses amateurs des dealers et des drogues dures. Si la promulgation du texte par le président devait survenir rapidement, l'exécutif a indiqué que les décrets d'application de la loi ne seront prêts qu'en avril 2014. C'est seulement alors que pourront débuter la culture et l'enregistrement des usagers et cultivateurs.

En Uruguay, le texte est favorablement accueilli parmi les consommateurs, mais il se heurte au rejet de plus de 60% de la population et de plusieurs organisations. « La loi présente des défauts de forme et de fond », assurait lundi le sénateur du parti Colorado (opposition) Alfredo Solari. « La certitude qu'il y aura une plus grande disponibilité de cannabis (...) me fait craindre une plus grande disponibilité également pour les enfants et les adolescents, ce qui est la conséquence la plus grave » de cette loi de régulation, a-t-il déclaré à l'AFP.

Pour rassurer ses détracteurs, M. Mujica a déjà annoncé qu'il était « prêt à faire marche arrière » si la loi ne produit pas les résultats escomptés.

« Une expérience pour le monde »

Assurant mener une « expérience pour le monde », le chef de l'Etat uruguayen a appelé ce week-end la communauté internationale à appuyer l'initiative. Il bénéficie déjà du soutien d'un groupe d'ex-présidents latino-américains qui mènent une campagne internationale visant à faire reconnaître l'échec des politiques de répression contre le trafic de drogue.

Le texte prévoit trois modes d'accès au produit: l'auto-culture, la culture dans des clubs de consommateurs et la vente en pharmacie, sous contrôle public (40 grammes maximum par mois). Toute publicité sera interdite et les cultivateurs ou consommateurs - des résidents obligatoirement majeurs- devront s'inscrire sur un registre national. Les autorités envisagent d'autoriser la culture de 20 hectares de chanvre indien pour couvrir les besoins de ce pays de 3,2 millions d'habitants. Plusieurs entrepreneurs uruguayens et étrangers se sont déjà portés candidats pour cultiver la plante. La consommation de cannabis n'est actuellement pas pénalisée en Uruguay, mais les associations de consommateurs se réjouissent déjà de cette loi, censée selon eux améliorer la qualité du produit et faire sauter le tabou du cannabis au sein de la société uruguayenne.

Pour soutenir les sénateurs, la Coordination nationale pour la régulation du cannabis a convoqué mardi « une dernière marche contre le cannabis illégal » devant le Palais législatif à Montevideo. « C'est le résultat de plusieurs années de mobilisation des organisations, ce n'est pas un caprice du président Mujica », plaidait lundi soir Hernan Delgado, membre de la Coordination.

(Avec AFP) 

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